Danièle Fonck, en 2013, lors d’une interview accordée à Paperjam à l’occasion du centenaire du Tageblatt. (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Danièle Fonck, en 2013, lors d’une interview accordée à Paperjam à l’occasion du centenaire du Tageblatt. (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Courant depuis lundi soir, la nouvelle a été officialisée mercredi en fin d’après-midi, suite à la réunion d’un conseil d’administration tenu à l’imprimerie d’Editpress, à Esch-Sommet. L’instance de gouvernance du groupe de presse a, selon le communiqué, «réglé la succession de la directrice générale, Mme Danièle Fonck, qui a atteint la limite d’âge en janvier dernier».

Interrogé par Paperjam.lu quant à cette notion de «limite d’âge», le secrétaire général du groupe, Nic Nickels, précise qu’il s’agit du départ légal en retraite, à 65 ans. Mme Fonck les a atteints en janvier dernier, elle occupait le poste de rédacteur en chef depuis 2004 et directrice d’Editpress depuis 2011. 

«Le mandat de Mme Fonck à la tête d’Editpress Luxembourg SA se terminera lors de l’assemblée générale ordinaire de la société, vers la fin du mois de mai 2018», précise en outre le communiqué de presse.

Interrogé ensuite par Paperjam.lu, le président du conseil d’administration d’Editpress, Nico Clement, déclare que «Mme Fonck a été une directrice générale excellente et que le départ en pension est naturel». Quid d’un éventuel rôle au sein du groupe au-delà du 1er mai? «On verra», répond Nico Clement, pour qui l’important était de régler la question de la direction générale du groupe qui emploie quelque 400 personnes.

En novembre dernier, Editpress avait annoncé avoir nommé Dhiraj Sabharwal en tant que directeur adjoint et rédacteur en chef du Tageblatt en duo avec Mme Fonck, sans qu’il soit mention de retraite à l’époque, ni lorsque le sujet était évoqué en janvier 2017 sur 100,7 à l’occasion du lancement de la nouvelle formule du Tageblatt.

À noter que le mandat de membre du conseil d’administration d’Editpress de Mme Fonck vient à échéance lors de la prochaine assemblée générale qui sera organisée à la fin du mois de mai.

Un seul prétendant

Ce délai permettra de réaliser le passage de témoin avec Jean-Lou Siweck (48 ans) qui était le seul candidat envisagé. Les discussions ont été menées récemment, indique Nico Clement. Les équipes d’Editpress et proches du CA ont d’ailleurs appris le nom du successeur de Mme Fonck par la presse en début de semaine. «Nous n’avons pas eu de grands débats, car nous pensions qu’il est le meilleur pour ce poste», ajoute Nico Clement. 

«Laisser travailler»

Quelle impulsion le conseil d’administration souhaite-t-il pour le Tageblatt, le titre principal du groupe? «Nous voulons que le journal soit orienté vers le lecteur et lui offre une panoplie de thèmes via différents angles. Nous souhaitons faire un bon journal et moderne.»

Partageant sur les réseaux sociaux sa joie, compréhensible, de retrouver le plus beau métier du monde, Jean-Lou Siweck avait quitté Saint-Paul (détenu par l’Archevêché) en raison de divergence avec son conseil d’administration, qui souhaite voir le retour d’une ligne éditoriale «plus à droite».

Qu’en est-il pour le Tageblatt? Son éditeur, Editpress, est détenu à plus de 60% par la Centrale du LAV asbl, une structure active dans le giron du syndicat OGBL.

«Nous allons laisser M. Siweck travailler, ne pas l’emprisonner», répond Nico Clement, par ailleurs membre du comité exécutif de l’OGBL. «Nous n’avons pas la même approche que le Luxemburger Wort.»

Présentation du paysage médiatique luxembourgeois issue de l’édition magazine de mai 2017 de Paperjam.

Plusieurs chantiers

Au moment de sa prise de fonction le 1er mai, Jean-Lou Siweck devra ouvrir plusieurs chantiers, comme il l’avait fait au Wort. Le premier d’entre eux sera de fédérer des équipes.

Autre chantier stratégique: le développement intrinsèque des marques du groupe dans le contexte de la mutation de la presse quotidienne, caractérisée par une montée en puissance des canaux digitaux.

L’inventaire des audiences du Tageblatt laisse présager un travail aussi vaste qu’intéressant si Jean-Lou Siweck, salué pour son professionnalisme, dispose de suffisamment de liberté d’action. Car le deuxième quotidien payant du pays ne cesse de voir son taux de pénétration baisser, passant de 16,40% en 2006 à 7,9% (39.000 lecteurs) en 2017 au moment de l’étude TNS Ilres Plurimedia 2017 II (septembre dernier).

Editpress a en revanche touché la somme la plus importante allouée par l’État pour la promotion de la presse écrite: 3.658.017 euros sur 7,4 millions. À quoi s’ajoute une part importante de l’aide indirecte pour les envois postaux, d’un budget total d’environ 15 millions.