Pour Hugues Delcourt, «l’innovation naît souvent d’un renforcement des contraintes». (Photo: BIL)

Pour Hugues Delcourt, «l’innovation naît souvent d’un renforcement des contraintes». (Photo: BIL)

Le secteur financier est tiraillé par de multiples courants contraires. Phénomènes, espérons-le, conjoncturels, la volatilité des marchés, qui rend beaucoup de clients frileux, et les taux bas sont des facteurs qui compriment les revenus des banques.

Depuis la crise financière, le cadre réglementaire s’est considérablement renforcé et cette tendance se poursuit. Protéger les clients, renforcer la confiance des investisseurs et la solidité des institutions financières est bien sûr indispensable. Le futur de notre place financière en dépend. Mais ces adaptations ont détourné une grande partie des ressources et des énergies, qui devraient être plus largement consacrées aux clients et aux services qui leur sont proposés. Ils sont d’ailleurs demandeurs d’innovation: la généralisation de l’internet mobile nous a tous rendus, en tant que consommateurs de services, plus exigeants, plus informés et plus autonomes.

C’est parce que le modèle économique change qu’il devient nécessaire de se différencier.

Hugues Delcourt, CEO de la Bil

Grâce aux technologies digitales, de nouveaux acteurs, plus agiles, viennent bousculer la chaîne de valeurs dans les services financiers. La révolution digitale ne fait que commencer et le champ des possibilités est infini, comme nous l’a montré Nicolas Cary, cofondateur de Blockchain.

Face à ces défis, que doivent ou que peuvent faire les acteurs de la Place? Tout simplement ce que nous avons toujours fait: nous adapter, nous réinventer, et innover dans le cadre qui nous est donné. L’innovation naît souvent d’un renforcement des contraintes, qu’elles soient économiques ou réglementaires. C’est parce que le modèle économique change qu’il devient nécessaire de se différencier, de renforcer l’expérience client et d’améliorer nos processus. La technologie nous le permet. Et les fintech et institutions financières, que l’on présente souvent comme des adversaires, sont plus que jamais complémentaires.

Le Luxembourg a tous les atouts pour rester en tête des places financières internationales. Le dialogue entre les acteurs privés, le gouvernement et le régulateur est ouvert et franc. Beaucoup de nos confrères dans les pays voisins nous envient. Tous ces acteurs sont conscients des enjeux et s’accordent sur la nécessité de créer un environnement favorable aux fintech, et de manière générale aux start-up, dans le respect bien entendu des réglementations nationales et internationales. Les initiatives se multiplient et elles contribuent à renforcer notre image de «start-up nation».

Ce n’est que le début, le cercle vertueux est en train de se mettre en place.

Hugues Delcourt, CEO de la Bil

Les incubateurs, publics et privés, de plus en plus nombreux, sont opérationnels et couvent les pépites de demain. L’offre de financement pour les aider à démarrer ou à développer leur activité s’élargit, avec les banques bien entendu, et aussi le Digital Tech Fund lancé récemment. C’est bon signe. Cette diversité et ces offres parfois concurrentes sont le signe que l’écosystème luxembourgeois est mûr et que le rythme des créations d’entreprises s’accélère. Deux entreprises ont récemment reçu l’agrément de la CSSF: SnapSwap, qui opère dans le domaine des paiements de personne à personne, et Bitstamp, l’un des principaux «bitcoin exchange». Ce n’est que le début, le cercle vertueux est en train de se mettre en place.

Face à ces initiatives, il est important de veiller à avoir une approche coordonnée. À l’image des logiciels open source sur lesquels chacun peut travailler, apporter des améliorations, développer ses propres solutions, nourrissons-nous des succès des uns et des autres. Gardons à l’esprit que c’est tous ensemble que nous contribuons au développement de la place financière luxembourgeoise, et pas les uns à côté des autres.