«La mobilité, c’est un facteur-clé de la compétitivité». La formule, prononcée à l’automne 2015 par François Bausch (Déi Gréng), ministre du Développement durable et des Infrastructures, devrait trouver un écho particulier ce mardi alors que se déroule la deuxième journée de la visite officielle d’État en France. Car c’est ce jour que ministres français et luxembourgeois se rencontrent en séminaire intergouvernemental pour finaliser toute une série d’accords.
Outre un traité de non double imposition qui doit faciliter le recours au télétravail, les échanges porteront aussi sur la mise en place d’accords de cofinancement sur des projets liés à la mobilité. Que ce soit sur la mise en place de nouveaux P+R le long de l’A31, la mise en chantier de l’A31bis ou le doublement de la voie ferrée entre Bettembourg et Thionville. Autant d’éléments disparates, mais tous destinés à «obtenir un gain de qualité de vue en réduisant les nuisances liées au transit de voitures dans les petites localités luxembourgeoises» en modifiant les habitudes de déplacement des quelque 96.500 frontaliers français recensés par le Statec fin 2017.
Écrasante majorité d’automobilistes
Dans ce contexte, la préférence du gouvernement luxembourgeois va au développement de l’offre ferroviaire. Actuellement, quelque 12.000 frontaliers français se déplacent quotidiennement via les trains du sillon lorrain malgré les nombreuses difficultés rencontrées. Selon les prévisions actuelles, l’offre de TER doit s’améliorer «d’ici 2022» via l’entrée en service de 12 nouvelles automotrices. Selon les données les plus récentes de la SNCF, la fréquentation des gares situées entre Metz et la frontière a augmenté en moyenne de 30% entre 2014 et 2016.
Mais la très grande majorité des résidents français utilisent encore leur voiture pour se rendre à leur travail. Soit près de 80.000 véhicules circulant sur les axes du Grand-Duché, ces frontaliers, comme le reste de la population active du pays par ailleurs, circulant généralement seuls à bord de leur véhicule. Un flux en constante augmentation qui ne pourra être jugulé par l’élargissement de l’A3 entre la frontière et la Croix de Gasperich, le réseau autoroutier étant déjà en situation de «quasi-saturation permanente» et le goulot d’étranglement autour de la capitale ne devant pas disparaître, quels que soient les aménagements routiers futurs.
Dans ce contexte, où les prévisions font état d’une hausse attendue de 15% du trafic au cours des cinq prochaines années, autorités françaises et luxembourgeoises devraient s’entendre sur une stratégie misant sur les transports en commun au sens large. Que ce soit le covoiturage, via le projet de voie réservée aux véhicules avec au moins deux passagers entre Luxembourg et Thionville, la mise en place de pôles multimodaux associés à des P+R de part et d’autre de la frontière ou le développement d’alternatives destinées à accélérer la déconcentration de l’activité économique autour de la seule capitale.