Le deuxième round de négociations entamé lundi entre Européens et Britanniques semble parti sur un faux rythme. Premières véritables séances de négociations sur le Brexit, un mois après les échanges destinés à fixer le calendrier des rencontres, la session s’est rapidement détournée de ses objectifs.

Alors que Michel Barnier, négociateur en chef de la Commission européenne, et David Davis, ministre britannique du Brexit, avaient indiqué en début de matinée leur volonté de faire «de bons progrès» sur quatre thèmes – les droits des citoyens européens, l’avenir britannique au sein d’Euratom, la communauté européenne de l’énergie atomique, la question de l’Irlande du Nord et les finances -, c’est ce dernier qui a cristallisé toutes les attentions.

Londres soupçonnée de «jouer la montre»

Pour les Européens, la question des «obligations financières» britanniques que Londres doit s’acquitter dans le cadre des accords pris dans le cadre du budget de l’UE fait figure de priorité. Une position que ne partage visiblement pas le gouvernement britannique qui s’est gardé, lundi, de faire toute proposition. Pour Bruxelles, la facture pourrait s’élever entre 50 et 60 milliards d’euros, liée aux engagements pris dans le cadre des crédits d’engagement au budget européen, à celui de la Banque européenne d’investissement ou au versement des pensions des fonctionnaires européens. Jusqu’au 31 mars 2019, date théorique de la fin des négociations, le Royaume-Uni contribuera à hauteur de 15% du budget de l’UE.

La difficulté, côté Britannique, d’évoquer la question financière trouve en partie son origine dans la position délicate qu’occupe actuellement la Première ministre, Theresa May ne bénéficiant plus d’une majorité parlementaire absolue et devant affronter de plus en plus ouvertement des voix dissidentes au sein même de son parti. Une réalité que certains, à Bruxelles, interprètent également comme l’application d’une tactique qui consisterait à retarder le plus possible cette question, dans l’espoir de réduire au maximum le montant à débourser.

Bruxelles opposée à toute absence d’accord

Une position illustrée par les propos tenus la semaine passée par Boris Johnson, ministre britannique des Affaires étrangères, qui avait indiqué que Bruxelles pouvait «toujours courir» pour que son pays accepte de débourser les dizaines de milliards d’euros en jeu. Face à cette remarque, Michel Barnier avait répondu que «solder les comptes (…) n’est pas facile, ça coûte cher dans toute séparation» et avait assuré que les 27 ne demanderaient «pas un euro, pas un ‘pound’ de plus» au Royaume-Uni que les engagements pris par le pays en tant que membre de l’UE.

Bien qu’en position de force, Bruxelles ne cesse de rappeler que «l’heure tourne» et que l’éventualité d’une absence d’accord entre les deux parties à la fin prévue des négociations n’est pas une option. Car si un tel scénario se profilait, les conséquences économiques pour le Royaume-Uni et le reste de l’Europe seraient importantes, ce que veulent éviter à tout prix les responsables européens. Pour rappel, le deuxième round de négociations doit durer jusqu’à jeudi. En cas d’échec, la Commission a d’ores et déjà fait savoir qu’elle se tenait prête pour une autre cession, en plein mois d’août…