Préparés sur le plan opérationnel, les établissements de la Place attendent encore et toujours les décisions politiques du côté britannique. (Photo: Anthony Dehez / archives)

Préparés sur le plan opérationnel, les établissements de la Place attendent encore et toujours les décisions politiques du côté britannique. (Photo: Anthony Dehez / archives)

Le Brexit continue d’agiter la Place. Si les conditions du divorce entre Bruxelles et Londres ont été ratifiées dimanche par les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept, l’incertitude reste de mise. Au moins officiellement jusqu’aux alentours du 10 décembre, date supposée du vote de la House of Commons, chambre basse du Parlement britannique. «Les retours que nous avons sur ce vote sont tous négatifs», indique ce lundi Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance qui déplore «une situation politique du côté anglais complètement toxique» capable de devenir «source de chaos total» pour le monde de la finance.

En cas de rejet de l’accord par les députés britanniques, ce serait donc le scénario d’un «no deal» qui se mettrait en place. Et donc d’un «hard Brexit» avec toutes les incertitudes qui y sont liées. «Si les acteurs de la Place se sont préparés au pire pour être opérationnels au 30 mars 2019 et devraient donc pouvoir gérer les conséquences de cette situation, le problème tient plus dans les répercussions de cette situation sur les marchés financiers», estime le CEO de l’agence de développement de la Place. En clair, l’instabilité qui ferait suite à la mise en place d’une concurrence débridée entre la City et ses rivales, notamment européennes.

Incertitudes politiques, encore et toujours

Pour éviter un tel cas de figure, en cas de «hard Brexit», les banques ont d’ores et déjà obtenu la mise en place de «mesures transitoires techniques», destinées à garantir une transition fluide. «Parmi ces mesures figurent notamment la possibilité de continuer à effectuer du clearing d’instruments dérivés en euros dans la City pour une année», avance Serge de Cillia, CEO de l’ABBL, qui précise que désormais «il n’y aura plus de nouveaux contrats à Londres, mais que le stock des anciens contrats devra être migré en grande partie vers des opérateurs basés sur le continent». Autre point envisagé dans ces mesures transitoires techniques, la poursuite des contrats impliquant la City, même si cette question «reste floue». «Chaque banque devra vérifier que chaque contrat impliquant Londres reste en règle», avance le CEO de l’ABBL, sans pouvoir apporter plus de détails.

Si les aspects techniques semblent donc sur le point de trouver des solutions, les incertitudes trouvent encore et toujours leur origine du côté politique. Notamment par la tenue d’un potentiel deuxième vote sur l’accord conclu entre Bruxelles et Londres concernant les conditions du divorce. Ce dernier, qui se tiendrait quelque temps après celui effectué début décembre et avec une formulation légèrement différente, obtiendrait «un résultat plus ouvert» selon les retours obtenus par les représentants de la Place luxembourgeoise.

Quelle que soit la tournure des événements, tous plaident pour le maintien de la compétitivité du Luxembourg dans le secteur financier, que ce soit face à Londres, mais aussi à Dublin, Francfort ou Paris. «Puisque c’est une très grande partie de notre économie nationale – et donc de notre richesse –, qui en dépend et qui permet de financer notre modèle social», rappelle Nicolas Mackel. À ce jour, une cinquantaine d’entités sont officiellement installées sur la Place dans le cadre du Brexit selon les estimations de Luxembourg for Finance. Pour rappel, en 2017, le volume des fonds britanniques gérés au Luxembourg s'élevait à quelque 730 milliards d'euros.