Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a prononcé ce mercredi matin à Strasbourg, devant le Parlement européen réuni en séance plénière, son discours sur l’État de l’Union européenne.

Grand rendez-vous pour le président de la Commission, institué depuis 2010 dans le cadre du traité de Lisbonne, ce discours de politique générale était particulièrement attendu, à un moment où le projet européen patine, notamment après la décision britannique de quitter l’Union européenne.

Mise en garde

Mais selon Jean-Claude Juncker, «l’UE n’est pas menacée dans son existence par cette décision», a-t-il assuré, invitant les Britanniques à prendre les décisions concernant le Brexit aussi vite que possible «pour mettre fin aux rumeurs et aux incertitudes», et plaidant pour une «future relation amicale» avec Londres, sans que «le marché intérieur et la libre-circulation soient à la carte».

Le populisme ne règle pas les problèmes. Au contraire, il en apporte.

Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne

À deux jours du sommet de Bratislava qui réunira les chefs d’État et de gouvernement européens, sans le Royaume-Uni, le président de la Commission européenne a évoqué «des fractures, des fissures et des fragmentations qui s’expriment parfois et qui font le lit du populisme».

«Mais le populisme ne règle pas les problèmes. Au contraire, il en apporte, soyons-en sûrs», a-t-il ajouté.

Un plan d’investissement doublé

Attendu sur des annonces, Jean-Claude Juncker a proposé – à travers «un agenda positif d’actions» – de doubler son plan d’investissement en durée et en capacité, pour le porter à 630 milliards d’euros d’ici 2022, soulignant qu’il fallait mettre en place un climat favorable aux investissements «que l’union des capitaux permettra».

Il a aussi évoqué un nouveau projet calqué sur ce «plan Juncker» destiné à stimuler la croissance, mais orienté vers des pays en développement, notamment africains, afin de «travailler sur les racines des migrations».

Internet, wifi et roaming

Évoquant les nouvelles technologies, il a aussi souligné la nécessité d’investir dans l’internet haut débit en particulier, annonçant une réforme du marché des télécommunications, le déploiement de la 5G dans toute l’Europe et le wifi gratuit dans les villes pour 2020.

Il a aussi promis pour la semaine prochaine un nouveau projet sur le roaming, notant que les citoyens «lorsqu’ils voyageaient avec leur téléphone mobile en Europe devaient se sentir partout chez eux».

Davantage d’accords commerciaux

En matière de commerce, alors que les négociations sur le partenariat transatlantique (TTIP) avec les États-Unis sont dans l’impasse, Jean-Claude Juncker – bien que déclarant qu’il n’était «pas fanatique du libre échange» - a plaidé pour la poursuite d’accords commerciaux avec les pays tiers «qui nous apportent plus d’emplois», se félicitant de l’accord conclu avec le Canada (Ceta) «qu’il faut défendre au risque d’une risée internationale».

Sur le plan social, il a déclaré que la lutte contre le chômage demeurait une priorité pour la Commission, tout comme celle contre le dumping social.

«Il ne peut y avoir d’Europe sociale avec du dumping social. Les travailleurs doivent recevoir le même salaire pour le même travail, où qu’ils soient», a-t-il notamment précisé, appelant aussi à continuer la lutte contre l’évasion fiscale «qui appauvrit les États membres».

Un quartier général unique

En matière de défense, le président de la Commission européenne a indiqué que «l’Europe ne peut plus se permettre de dépendre de la puissance militaire d’autres pays». Il a souligné qu’une mise en commun des ressources militaires des États membres se justifiait pleinement, tout en plaidant pour un quartier général unique de l’Union européenne «en pleine coopération avec l’Otan».

Sur le terrorisme, il s’est exprimé en faveur d’un renforcement des contrôles aux frontières de l’Union, proposant la mise en place d’ici novembre d’un système automatisé visant à déterminer qui sera autorisé à voyager en Europe.

«Nous devons savoir quels individus franchissent nos frontières», a souligné Jean-Claude Juncker, selon lequel «il faut montrer aux terroristes qu’ils n’ont aucune chance de s’attaquer à nos valeurs».

Tenir les promesses

Enfin, concernant le défi du réchauffement climatique, le président de la Commission européenne a appelé les États membres à ratifier au plus vite l’accord de Paris intervenu à l’issue de la COP21.

«Tarder à tenir les promesses faites est un phénomène qui risque de plus en plus de saper la crédibilité de l’Union», a-t-il déclaré de manière plus générale, invitant les institutions, les gouvernements et les citoyens à plus de responsabilité pour continuer à «construire l’Europe ensemble».