La fiabilité, le dynamisme et l’ouverture, des mots-clés qui ont permis au pays de survivre, selon l’architecte. (Photo: Andrés Lejona)

La fiabilité, le dynamisme et l’ouverture, des mots-clés qui ont permis au pays de survivre, selon l’architecte. (Photo: Andrés Lejona)

Architecte et directeur du bureau Valentiny HVP Architects, François Valentiny travaille en Europe, mais aussi en Chine et a réalisé un projet au Brésil. Ne résidant au Grand-Duché que la moitié de l’année, il développe son bureau sur plusieurs continents. Sa première distinction à l’international remonte à 1978 pour un concours japonais, et depuis, il a construit de nombreux projets en Autriche et Allemagne, a été le commissaire du pavillon luxembourgeois à la Biennale d’architecture de Venise en 2004 et 2006, a réalisé le pavillon luxembourgeois pour la World Expo à Shanghai (2010), le Teatro Música em Trancoso au Brésil (2012-2014), est professeur à la Masters Academy DeTao Shanghai et vient récemment d’ouvrir la Valentiny Foundation.

Monsieur Valentiny, votre travail contribue au rayonnement à l’international du Luxembourg. Quand en avez-vous pris conscience pour la première fois?
«Sans aucun doute, le Grand-Duché compte au cours de son histoire des architectes exceptionnels, talentueux et avec beaucoup de mérite pour l’architecture luxembourgeoise. Par contre, rares sont les protagonistes qui se sont aventurés avec succès sur la scène internationale. Animé pendant mes années d’études (1975-1980) par la présence médiatique des frères Krier, je me suis préparé avec un sérieux pragmatisme sur ma vie professionnelle afin de donner un apport physique et non théorique à l’architecture. Avec beaucoup de travail, du talent et certes aussi de la chance, notre tout premier travail avec Hubert Hermann pour la IBA à Berlin nous a catapultés dans les 20 premiers. Depuis, nous continuons, chacun de notre côté et sans nous préoccuper des autres, dans cet esprit.  Et cela m’amène à vous répondre sans paraître prétentieux que la conscience de rayonner à l’international était toujours présente.

Comment se positionne l’architecture luxembourgeoise à l’international?
«En me questionnant ainsi, vous me demandez de faire une comparaison. Le niveau de notre architecture nationale s’est certainement amélioré et à première vue, votre question semble donc logique et très intéressante. Mais pour des raisons d’échelles culturelle, politique, d’espaces et un grand nombre d’autres opportunités, une comparaison sérieuse n’est pas possible. Par mes expériences acquises depuis plus de 37 ans, je peux vous confirmer qu’il n’existe pas de volonté culturelle au sein de la société luxembourgeoise qui aurait permis à n’importe quel architecte de construire un bâtiment semblable à ce que nous avons pu réaliser au pavillon du Grand-Duché à Shanghai ou notre Teatro L’Occitane au Brésil. Il manque du courage ou peut-être notre pays est trop petit pour que sa société supporte à fond les ‘marques nationales’.

Peut-on parler d’une architecture typiquement luxembourgeoise?
«Bien sûr que non! Peut-être pour nos références historiques, nous pouvons encore nous baser sur une architecture régionale pour laquelle j’inclus la Lorraine et quelques influences allemandes et autrichiennes.
Depuis toujours, les caractéristiques principales qui définissent une architecture sont: primo, le milieu culturel et politique, le milieu géographique et climatique. Secundo, les matériaux, les connaissances techniques et leur mise en œuvre. Tempi passati!
Aujourd’hui, dans un monde globalisé et hautement perfectionné, où tout est possible, les paramètres ont changé. Donc en absence d’une volonté culturelle et politique, seuls les lois de construction, les connaissances techniques et les problèmes de durabilité déterminent l’architecture.

Le Luxembourg est un pays «fiable, dynamique et ouvert». Reconnaissez-vous le Luxembourg dans ces mots-clés retenus par le gouvernement?
«Définitivement un grand OUI!!! Depuis son existence, et indépendamment des différentes tendances politiques, ce ‘pays d’une taille certaine’ qui est le nôtre a su survivre justement à cause des caractéristiques que vous décrivez.

Que vous disent vos interlocuteurs à l’étranger sur le Luxembourg?
«Ils nous envient et ils me respectent énormément.

Et qu’est-ce que vous leur répondez pour leur donner envie de visiter le Luxembourg?
«Je suis un citoyen très critique qui formule son avis sans ambiguïté. Mais une fois à l’étranger, je défends nos valeurs avec amour et férocité et j’essaie de faire mon travail avec le plus grand professionnalisme.

Quand avez-vous été particulièrement fier du Luxembourg?
«Dans mon vocabulaire, le mot ‘fierté’ n’existe pas. Ni pour mon pays ni pour moi-même. Remplacez ‘la fierté’ par ‘l’amour’ et tout ira mieux dans notre petit monde.»

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