Véronique Coulon: «Je n’ai jamais ressenti de culpabilité par rapport à mes absences. Mais je suis consciente que cela représente une force de caractère.» (Photo: Maison Moderne)

Véronique Coulon: «Je n’ai jamais ressenti de culpabilité par rapport à mes absences. Mais je suis consciente que cela représente une force de caractère.» (Photo: Maison Moderne)

Véronique Coulon est fondatrice de Lux Decor Peinture, une petite entreprise du bâtiment qui regroupe 15 peintres. Architecte de formation, l’entrepreneuse a également passé son CAP peinture pour mieux comprendre son secteur d’activité. De par ses activités de mentor, elle a également décroché un diplôme de coach de l’ICN de Nancy. Elle a fait partie de la Fédération des femmes cheffes d’entreprise, mais est aussi ambassadrice de l’entrepreneuriat luxembourgeois.

Madame Coulon, y a-t-il un management ou leadership féminin?

«Pas vraiment, les femmes ont leur touche personnelle, c’est sûr. Mais l’entreprise, c’est avant tout une histoire de talent et d’envie. Évidemment, de par leur éducation, les femmes sont peut-être plus dans l’écoute et moins dans l’égo.

Dans votre secteur, la parité aux postes de direction est-elle plus avancée au Luxembourg qu’ailleurs? Pourquoi, à votre avis?

«Dans le secteur de la construction, les femmes sont minoritaires. Mais je l’ai bien vécu, ce n’est finalement pas un secteur plus compliqué qu’un autre. Ce sont des professions peu occupées par les femmes, car il y a toujours ces clichés ancrés comme le fait que les femmes seraient moins bonnes en maths, par exemple, ce qui n’est pas vrai du tout, bien entendu.

Mais gérer ma propre société m’a permis de gérer mon temps comme je l’entendais, les femmes devraient en avoir plus conscience.

Si maman est contente, les enfants seront contents.

Véronique Coulon, fondatrice et dirigeante de Lux Decor Peinture

Est-ce que la vie de famille a été un frein à votre carrière?

«Jamais, cela ne me posait pas de problème pour rentrer tard le soir. Évidemment, j’ai pu me reposer sur mon mari et ma famille. Mais l’important, c’est de partager, d’expliquer ce qui se passe à ses enfants. Je pars du principe que si maman est contente, les enfants seront contents. Je n’ai jamais ressenti de culpabilité par rapport à mes absences. Mais je suis consciente que cela représente une force de caractère.

Quelles mesures concrètes faudrait-il mettre en place pour favoriser l’accès des femmes aux fonctions dirigeantes en entreprise ?

«La clé, c’est l’éducation: il faut mettre les filles en avant, leur apprendre à décider par elles-mêmes. La formation au leadership, cela s’acquiert. Il y a aussi les réseaux, qui permettent d’échanger, le coaching, qui peut faire sauter les freins que les femmes peuvent avoir. Il faudrait également développer le mentorat au Luxembourg, il y a tout à gagner.  

Il y a également un gros potentiel avec le télétravail. Cela permettrait aux femmes de s’organiser autrement, sans travailler davantage. Il faut vraiment en finir avec ce diktat du présentéisme au bureau. Après tout, le travail a été conçu pour les hommes, il faut que cela évolue pour que les femmes y trouvent aussi leur compte.

Que pensez-vous du quota de 40% de représentants du sexe sous-représenté dans les conseils d’administration?

«Je suis pour. Tout simplement parce qu’il ne se passe rien, vraiment rien. On doit donc en passer par là.

La promotion des femmes ne se fait pas naturellement.

Véronique Coulon, fondatrice et dirigeante de Lux Decor Peinture

Que répondez-vous à ceux (et celles) qui disent qu’il y aura alors une mise en doute des compétences de ces femmes?

«Et vous croyez qu’il n’y a que des hommes managers ou décideurs compétents? C’est une conquête pour les femmes. Le problème majeur pour le moment, c’est qu’elles ne sont pas intéressées. Elles ne perçoivent pas l’intérêt de faire partie d’un conseil d’administration, car les femmes ont généralement moins besoin de se mettre en avant.

Jugez-vous nécessaire que l’on consacre une journée aux droits des femmes?

«Malheureusement, la promotion des femmes ne se fait pas naturellement. C’est une bonne occasion de rappeler le rôle économique des femmes, mais surtout que les femmes se rendent compte de leur propre potentiel, de leur champ des possibles.

Quel(s) conseil(s) pouvez-vous donner aux femmes du secteur de la construction?

«Il faut donner l’exemple, ne pas tout accepter, mais prendre néanmoins des risques. Les femmes sont très à l’écoute, très intuitive, plus organisées, créatives, ce sont des atouts dans une carrière.

Il faut absolument développer la mixité sur le lieu de travail, car c’est la combinaison intelligente des capacités de chacun.»

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