L’hôtel emblématique de la place de la Gare a été fermé par huissier de justice le 15 mars dernier, laissant près de 80 salariés dans l’attente d’une éventuelle reprise par Accor ou par un autre gérant. (Photo: Maison Moderne)

L’hôtel emblématique de la place de la Gare a été fermé par huissier de justice le 15 mars dernier, laissant près de 80 salariés dans l’attente d’une éventuelle reprise par Accor ou par un autre gérant. (Photo: Maison Moderne)

Déclarations et communiqués se suivent depuis la fermeture surprise du Grand Hôtel Mercure Alfa par huissier de justice. Difficile de démêler les intérêts et responsabilités dans ce jeu de billard à trois bandes. En première ligne: la société Alfa-Hôtel sàrl chargée de la gérance sous la houlette de Rolphe Reding. Une société qui accuse des arriérés de loyers s’élevant à plusieurs millions d’euros depuis 2013, loyers dus aux propriétaires des lieux, les sociétés Alfa Gestion SA et Alfa Place de la Gare, qui ont obtenu gain de cause devant la justice en mai 2016. Troisième protagoniste: le groupe hôtelier Accor, détenteur de l’enseigne Mercure qu’il a retirée à l’établissement et fait enlever de la façade au lendemain de sa fermeture.

Un trio qui devrait se résumer à un duo puisque Rolphe Reding est poussé vers la sortie, dénonçant le jeu dangereux déployé par l’actionnaire suisse qui a pris la majorité dans Alfa Gestion en 2014, comme par Accor, qui a rompu son contrat de marque avec Alfa-Hôtel et pourrait reprendre l’exploitation de l’établissement.

Litige sur une réduction de loyer

«La société bailleresse (Alfa Gestion) a consenti une réduction du loyer mensuel à 57.500 euros hors TVA à partir du mois de mai 2014 - accord qui a cependant été mis en cause par l’actionnaire principal suisse», souligne le gérant. «Il est à noter que le montant convenu de 50.000 euros augmenté de la TVA a été réglé sans exception jusqu’au mois de mars 2017 inclus.» Une réduction de moitié par rapport au loyer initial de 98.000 euros TTC qui aurait conduit à une exploitation à perte.

Rolphe Reding évoque encore les rénovations refusées par le bailleur et qui auraient permis à l’établissement d’atteindre un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros au lieu de 6 millions.

Sa société avait acheté en 1991 la propriété et la gestion de l’Hôtel Alfa, qui avait été inauguré en 1932. Il a à l’époque réalisé des investissements considérables (2 milliards de francs luxembourgeois, soit environ 50 millions d’euros, selon des chiffres cités par Agefi à l’époque) pour doter l’hôtel du confort nécessaire et terminer l’aile gauche qui n’avait jamais été finie.

Deux offres sur la table

L’horizon demeure incertain pour l’hôtel Alfa. Selon Rolphe Reding, une offre de rachat à 42 millions d’euros est parvenue à l’actionnaire suisse pour la reprise d’Alfa Gestion, avec maintien de l’exploitant actuel. Le Suisse devra donc choisir entre cette offre et celle d’Accor – ou choisir un autre exploitant, ce qui prendra plusieurs mois.

«J’ai perdu tout ce que j’ai eu», souligne Rolphe Reding, caution personnelle de sa société, qui assure se démener pour éviter une faillite de sa société et payer le salaire de près de 80 salariés en attendant une issue qu’il espère favorable.

De son côté, l’avocat Pierre Metzler (Wildgen), représentant Alfa Gestion, avait démenti dans le Wort toute velléité de céder l’immeuble et indique que la société «évalue différentes options afin de faire redémarrer dans un futur prochain une exploitation, sans l’implication de la société Alfa-Hôtel sàrl ou de Monsieur Rolphe Reding, permettant de redorer cet immeuble historique de la Place de la Gare à Luxembourg et imbibé d’une longue tradition hôtelière». D’autres groupes hôteliers seraient sur les rangs.