Une centaine de journalistes, venus de toute l'Europe, était présente mardi matin à l'ouverture du procès LuxLeaks. (Photo: Sven Becker)

Une centaine de journalistes, venus de toute l'Europe, était présente mardi matin à l'ouverture du procès LuxLeaks. (Photo: Sven Becker)

Plus d’une heure et demie avant le début officiel des audiences devant la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, des dizaines de journalistes arpentaient déjà la cour de la cité judiciaire. En ce mardi matin, 7h40, la plupart s’activent autour des quelques membres du comité de soutien déjà sur place, les mains gantées et emmitouflées dans des vestes parfois aux couleurs de leur média.

À l’habituel rouge porté par nos confrères de RTL se sont ajoutés notamment le micro orange de la chaîne allemande ZDF, le bleu de sa consœur suédoise SVT ou le jaune de la Française i-Télé. Un va-et-vient qui amuse les rares badauds présents sur place, venus pour la plupart dans le cadre de l’octave plus que pour le procès LuxLeaks, et qui en décourage d’autres. En particulier les proches d’Antoine Deltour qui cherchent à vendre des t-shirts à l’effigie de «l’enfant prodige», mais qui font chou blanc face aux professionnels des médias.

Pour les six jours de procès prévus, pas moins de 46 médias ont ainsi reçu l’accréditation officielle. Soit la présence d’une centaine de journalistes et photographes venus de toute l’Europe pour couvrir l’affaire. Mais les traitements de ce procès hors norme pour le Grand-Duché s’annoncent très différents, en fonction des médias.

Conséquences des LuxLeaks sur le pays

Majoritairement français, ces derniers n’angleront que rarement leur sujet sur le Luxembourg. «Nous avons comme point d’accroche Antoine Deltour, un Vosgien qui a reçu le Prix du citoyen européen 2015 de la part du Parlement européen et qui est sur le banc des accusés pour des faits qu’il dénonce», glisse Aurélie Renard, journaliste pour France 3 Lorraine.

Le traitement du même procès prendra une autre forme dans le reportage de David Brunet, journaliste pour i-Télé. Ce dernier décrit sa présence au Grand-Duché ce mardi comme «une manière de suivre le sort réservé au journaliste français, dans le contexte des révélations autour des Panama Papers». Selon lui, ce procès «tombe bien» car il «permet de se poser certaines questions concernant les lois en vigueur actuellement, notamment au cœur de l’un des pays fondateurs de l’Union européenne».

C’est en partie ce raisonnement qu’Arte entend suivre au cours des prochains jours, assure Joana Hostein, la journaliste présente mardi matin devant les portes d’entrée de la cité judiciaire. «Nous suivons bien entendu l’ouverture du procès pour un reportage diffusé ce soir, mais une autre équipe en réalisera un second, d’une durée bien plus longue, sur les conséquences des LuxLeaks aussi bien au niveau européen que sur le pays et sur sa population», précise la journaliste.

L'intervieweur à son tour interviewé

Mardi matin, cette volonté d’exhaustivité se heurtait à la machine médiatique qui n’avait d’yeux que pour les inculpés, propulsés en quelques minutes au centre de toutes les attentions. L’apothéose ayant été atteinte avec l’arrivée d’Antoine Deltour, symbole pour certains «de celui qui a dit non à un système corrompu». Le journaliste Édouard Perrin, lui, s’était fait plus discret, préférant venir sur le côté du bâtiment plutôt que de traverser la totalité de la cour, comme l’avait fait quelques minutes plus tôt l’une de ses sources. Raphaël Halet, le troisième inculpé, aurait pu tenter l’expérience – et peut-être l’a-t-il fait? – sans créer un pareil mouvement de caméras, son visage étant jusqu’à présent inconnu des journalistes.

Ce qui ne fut pas le cas de l’équipe de tournage du «Petit Journal», l’émission satirique de Canal+, qui n’est pas passée inaperçue. Venue pour «traiter un événement pas banal», l’équipe a alterné entre réalisation d’interviews pour l’émission et interviews données à la presse luxembourgeoise. De quoi alimenter encore un peu plus la machine médiatique, toujours avide de nouvelles histoires…