À la tête de la Brasserie nationale, Georges Lentz sait qu'il faudra encore serrer les dents cette année. (Photo: archives / paperJam)

À la tête de la Brasserie nationale, Georges Lentz sait qu'il faudra encore serrer les dents cette année. (Photo: archives / paperJam)

L’industrie brassicole a connu une année 2014 difficile. La loi interdisant de fumer dans tous les bars et cafés a lourdement pénalisé les ventes dans les débits de boissons au Luxembourg, le printemps s’est montré maussade, le mois d’août a été particulièrement pluvieux et, si ce n’était la coupe du monde de football, on parlerait carrément d’été pourri.

Ainsi, la quantité de bières brassées au Grand-Duché au courant de l’exercice 2014 a chuté de 6,5% (soit 18.000 hl) pour atteindre 271.000 hl. En particulier, les ventes dans le secteur Horesca, secteur important pour l’industrie brassicole locale, ont diminué de 7,8% par rapport à l’exercice précédent. Georges Lentz n’hésite pas à parler de «foutue loi antitabac» pour dénoncer la baisse de fréquentation de la clientèle dans les bars…

Cependant, la Brasserie nationale n’a baissé que de 4% ses volumes dans ce secteur. «Malgré ces conditions de marché difficiles, nous avons réussi à augmenter notre part de marché dans ce secteur grâce au renforcement des relations avec nos clients et par la croissance de notre réseau de débit», précise le patron de la Brasserie.

Il constate que les effets négatifs ont pu être compensés par une croissance des ventes dans le secteur «food» (supermarchés, commerces…). «Les gens consomment de moins en moins à l’extérieur et de plus en plus à la maison, où ils consomment volontiers des bières spéciales, ce qui correspond à notre marque Battin.» L’évolution est également favorable dans la conquête de nouveaux marchés, principalement en Belgique et en France, où une quarantaine de débits ont été gagnés (pour les deux pays). 

Des dégâts limités

C’est par ces efforts dans la grande distribution, dans le développement de nouvelles bières – la Battin Triple venant de faire son apparition – et l’extension de son réseau que la Brasserie nationale sauve les meubles. En effet, les ventes des bières Bofferding et Battin s’élèvent à 158.200 hl, contre 158.800 hl pour l’exercice 2013, une remarquable stabilité. L’Ebitda (résultat avant intérêt, impôt, dépréciation, amortissement) pour l’exercice 2014 s’élève à 4.620.000 euros contre 4.850.000 euros en 2013. «Une baisse qui s’explique par une hausse du prix des matières premières et des investissements en recherche pour de nouveaux produits», ajoute le directeur général du groupe, Frédéric de Radiguès.

La part de marché par rapport aux autres bières brassées localement continue de progresser et se situe à quelque 58%. «Dans le marché luxembourgeois où vivent 45% d’étrangers, nos concurrents sont avant tout les marques internationales importées», constate Georges Lentz. En effet, 40% des bières vendues au Luxembourg sont importées, contre quelque 10% de moyenne européenne.

Malgré la perte d’activité du secteur Horesca, le réseau de distribution reste le nerf de la guerre. Actuellement, ce sont exactement 2.928 établissements, dont 66 nouveaux, qui distribuent les bières Bofferding et Battin, dont 650 débits sont situés dans la (très) Grande Région, jusqu’à Reims, Lille, Bruxelles ou Liège, mais pas en Allemagne, qui a déjà du mal avec ses propres bières.

250 ans et après?

En sa 250e année, puisque la Brasserie nationale compte parmi les entreprises familiales les plus anciennes du pays, plusieurs investissements ont été menés. Ainsi, la ligne de soutirage de bouteilles a été équipée d’un nouveau système d’inspection automatique pour bouteilles vides et la ligne de soutirage de fûts a été dotée d’un «renifleur» de fûts vides. Ces investissements s’élèvent à 450.000 euros.

L’immeuble historique de Bascharage a également été restauré, la façade de la tour de brassage a été rendue à son style initial des années 1930 et dans les mois prochains, la buvette renaîtra sous forme d’un nouveau centre de visiteurs. L’investissement total s’élève à plus de 2,3 millions d’euros.

De son côté, Munhowen, filiale de la Brasserie nationale responsable de la commercialisation et de l’administration de la brasserie, annonce des résultats satisfaisants.

Le chiffre d’affaires global du groupe, tous produits confondus, se situe à 68 millions d’euros (hors accises) et est en progression de 965.000 d’euros par rapport à l’exercice 2013. Le groupe emploie 266 personnes.

Si 2014 a donc été une année en demi-teinte, le groupe s’attend à connaître d’autres difficultés pour l’année à venir. «Après avoir évité les pièges de la récession, la législation antitabac a pénalisé notre industrie. En 2015, l’augmentation importante du taux de la TVA (qui passe de 3 à 17%) représente un nouveau challenge», estime ainsi Frédéric de Radiguès. Il envisage cependant l’avenir de manière sereine: «Nos innovations, ainsi que l’élargissement de nos gammes de produits, répondent aux besoins et aux attentes de nos consommateurs.»