Dans une position politique de plus en plus compliquée, Theresa May tente de reporter la responsabilité de l’impasse des négociations sur les Européens, accusés de vouloir obtenir d’autres concessions financières. (Photo: gouv.uk.co)

Dans une position politique de plus en plus compliquée, Theresa May tente de reporter la responsabilité de l’impasse des négociations sur les Européens, accusés de vouloir obtenir d’autres concessions financières. (Photo: gouv.uk.co)

Diversion ou véritable annonce? Dans un message posté sur Facebook à destination des 3,2 millions de ressortissants européens vivant au Royaume-Uni, Theresa May assure qu’un accord sur les droits de ces derniers, une fois le Brexit entré en vigueur, est «à portée de main», mais sous-entend que Bruxelles empêche sa conclusion dans l’optique de faire pression sur son gouvernement pour obtenir de nouvelles concessions budgétaires.

Soit la reprise d’une rhétorique déjà employée mercredi devant la Chambre des communes par David Davis, ministre chargé du Brexit, qui avait affirmé que les 27 «jouent la montre pour voir s’ils peuvent nous soutirer davantage d’argent. (…) C’est évident pour tout le monde.»

La CJUE, cette grande absente

La manœuvre, qui intervient quelques heures avant la rencontre des dirigeants européens à Bruxelles pour un conseil européen qui doit constater «l’absence d’avancées significatives» malgré cinq rounds de négociations, vise donc à tenter d’inverser les rôles. Accusée par Bruxelles de se servir des expatriés comme une monnaie d’échange, la Première ministre répond en affirmant que «les droits des citoyens sont [m]a première priorité» et qu’elle entend «faire passer les gens en premier», donc avant tout calcul politique ou financier.

Pour le moment, le flou demeure officiellement quant à la situation qui sera réservée aux expatriés européens, aussi bien sur les opportunités de travail qui leur seront offertes que sur les démarches administratives à accomplir pour bénéficier d’un statut de résident. Si la priorité en faveur des travailleurs britanniques devrait être la règle, Theresa May promet jeudi de «simplifier» les démarches et de les associer au contrôle de la transparence du nouveau système. Dans son long post, la Première ministre n’évoque en revanche pas la délicate question du rôle de la Cour de justice européenne, l’un des principaux points d’achoppement des négociations en cours.

La publication de ce message intervient dans un contexte politique intérieur de plus en plus complexe pour Theresa May, confrontée de plus en plus ouvertement aux dissensions internes. Si la bataille se poursuit entre partisans d’un «soft Brexit», favorables à une relation future la plus fluide possible entre Londres et Bruxelles, et partisans d’un «hard Brexit», dans lequel le divorce entre les deux blocs serait radical, la Première ministre doit affronter une rébellion au sein de son parti. De plus en plus de députés conservateurs menacent ainsi de s’allier aux travaillistes pour obtenir un amendement à la loi sur le Brexit qui obligerait le gouvernement à obtenir un vote du Parlement sur l’accord final avec l’UE. Soit la mise sur pied d’un droit de veto quant à la ligne politique défendue par l’aile droite des tories.

Sur le plan international, la déclaration intervient quelques jours après la tenue d’un dîner de travail avec Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne. Dîner au cours duquel les deux dirigeants s’étaient engagés à «accélérer les efforts» dans les mois à venir.