Stéphane Pesch, CEO de la Luxembourg Private Equity Association (LPEA). (Photo: Maison Moderne)

Stéphane Pesch, CEO de la Luxembourg Private Equity Association (LPEA). (Photo: Maison Moderne)

L’activité du private equity a connu un développement considérable ces dernières années. Alors que tous les signaux sont au vert, Stéphane Pesch, CEO de la LPEA, dresse un état des lieux des opportunités et enjeux liés au développement de cette classe d’actifs.

L’activité du private equity a le vent en poupe, au Luxembourg comme ailleurs. On constate un appétit considérable des investisseurs pour cette classe d’actifs qui, en raison de taux directeurs stagnant au plus bas, permet d’aller chercher du rendement.

Au niveau de la place financière luxembourgeoise, où des acteurs se sont depuis très longtemps positionnés sur ce créneau, on est désormais bien outillé pour saisir les opportunités liées au développement du private equity.

«Sur les dernières années, l’activité a considérablement évolué, avec la mise en œuvre de nouveaux véhicules et le développement d’une expertise pointue répondant aux attentes des investisseurs sophistiqués, commente Stéphane Pesch, CEO de la Luxembourg Private Equity Association (LPEA), qui fédère l’ensemble des acteurs positionnés sur ce segment, les représente et veille avec l’équipe sur leurs intérêts. Si on regarde vers l’avenir, cependant, il y a encore beaucoup à faire pour soutenir le développement de cette classe d’actifs, et renforcer la position luxembourgeoise. Les opportunités sont nombreuses, tout comme les défis à relever.»

Acteurs de la transition et de la relance

L’appétit des investisseurs est là. Ceux qui investissent dans le private equity, toutefois demeurent principalement les acteurs institutionnels, professionnels et «family offices», à même de comprendre cette classe d’actifs moins liquides, mais prêts à investir dans des jeunes pousses ou des sociétés non cotées, via des fonds fermés qui impliquent également des tickets d’entrée élevés. «Le private equity a désormais acquis ses lettres de noblesse en ayant pu démontrer sa performance et sa résilience sur le long terme», poursuit Stéphane Pesch. «Les acteurs, d’autre part, ont considérablement gagné en maturité, en se spécialisant, en faisant preuve d’une plus grande transparence et en partageant une meilleure information inhérente aux investissements sous-jacents.»

Le rôle d’un acteur du private equity est d’investir dans l’optique de générer de la valeur, de la croissance.
Stéphane Pesch

Stéphane PeschCEO de la LPEA

Dans une perspective de relance et de transition vers une société plus durable, les fonds private equity sont aussi appelés à jouer un rôle-clé dans le soutien à l’économie, plus particulièrement auprès des acteurs, des «pépites» qui ont des difficultés à accéder à des financements plus classiques. «Le rôle d’un acteur du private equity est d’investir dans l’optique de générer de la valeur, de la croissance», rappelle Stéphane Pesch, soulignant la nature entrepreneuriale de la démarche. «Cela peut se traduire à travers diverses stratégies, allant de l’optimisation d’une société à l’accélération de son développement, de son expansion internationale à une digitalisation poussée, mais toujours en faveur de l’économie réelle et de la création d’emplois.» Dans un monde en transition, les opportunités sont nombreuses pour les acteurs qui investissent directement dans ces entreprises, toujours plus nombreuses et qui regardent vers l’avenir.

Démocratiser le private equity

Au service de l’économie réelle, la LPEA a identifié plusieurs chantiers devant permettre l’accélération du développement de la classe d’actifs. L’un réside dans sa démocratisation. «Au regard de l’épargne en sommeil sur de nombreux comptes en banque, il y a un réel enjeu à mobiliser ces actifs pour répondre aux besoins des entreprises. Le souhait est que davantage d’investisseurs puissent accéder à ces produits», ajoute le CEO de la LPEA. «À l’heure actuelle, le ticket d’entrée s’établit souvent autour du million d’euros voire plus. Faciliter l’accès à des ‘investisseurs avertis’ serait déjà très intéressant et un pas dans la bonne direction. Nous étudions les différentes solutions qui permettraient un plus grand accès à ces produits.»

Investir dans la technologie et les talents

Parvenir à tirer davantage profit de la technologie constitue un autre enjeu important pour le segment du private equity. Le numérique doit notamment permettre de fluidifier l’échange d’informations entre les différents acteurs impliqués dans la chaîne de valeur, de simplifier les interactions entre ceux-ci (e.g. blockchain), d’augmenter l’efficience du secteur (e.g. l’automatisation) voire d’offrir des possibilités de croissance démultipliées (IA).

Il est intéressant de créer des ponts entre les différents gestionnaires qui se positionnent sur le private equity, le venture capital, la dette, l’infrastructure, l’immobilier et encore d’autres stratégies alternatives très prometteuses.
Stéphane Pesch

Stéphane PeschCEO de la LPEA

«Un autre défi principal réside dans le développement des talents», assure Stéphane Pesch. «Nous avons besoin de têtes bien faites. C’est pourquoi nous soutenons aussi des programmes de formation au sein de la LPEA (l’académie), avons mis en œuvre une certification avec la Sacred Heart University (‘PE certificate’), cherchons à développer d’autres opportunités avec diverses institutions, comme l’Université du Luxembourg par exemple. L’enjeu suit encore une fois une démarche entrepreneuriale et doit contribuer au renforcement de la place, en permettant à des champions de la nouvelle génération d’émerger depuis le Luxembourg.»

Compléter et renforcer l’écosystème

Il apparait aussi essentiel au CEO de la LPEA de renforcer l’écosystème luxembourgeois en identifiant les éléments de la chaîne de valeur liée à l’investissement dans des structures non cotées au Luxembourg et ailleurs, quel que soit leur secteur d’activité ou leur stade de développement, et de relier celles-ci.

«Dans une telle optique, il est intéressant de créer des ponts entre les différents gestionnaires qui se positionnent sur le private equity, le venture capital, la dette, l’infrastructure, l’immobilier et encore d’autres stratégies alternatives très prometteuses. Considérer l’ensemble de ces classes d’actifs et affiner leur complémentarité devraient permettre de développer des stratégies encore plus élaborées, répondant à des objectifs de création de valeur soutenue comme le font les grandes ‘maisons’ internationales du private equity par exemple», commente Stéphane Pesch.

Si le private equity a considérablement gagné en maturité ces dernières années, il peut regarder l’avenir avec confiance, en constatant que les défis à relever sont toutefois nombreux, mais avec d’immenses opportunités à la clé.