«Les clients demandent de plus en plus des fonds de type ESG.» (Photo: LaLa La Photo)

«Les clients demandent de plus en plus des fonds de type ESG.» (Photo: LaLa La Photo)

Le poids des 2e et 3e piliers (épargne retraite, couverture risques, assurance pension) du régime des pensions reste très relatif par rapport au régime général, mais ils font désormais l’objet d’un intérêt marqué, sous l’effet d’ajustements législatifs.

Contrairement au 1er pilier constitué par le – très généreux – régime général des pensions, les 2e et 3e piliers restaient jusqu’ici sous-­développés. Mais, alors que la soutenabilité du régime général des pensions est remise en cause sur le long terme, les régimes volontaires de pensions pour les salariés et les indépendants (2e pilier) et les assurances pension (3e pilier) représentent des moyens alternatifs pour s’assurer une pension plus importante.

En tout cas, l’intérêt à leur égard progresse, constate , responsable corporate chez Lalux Assurances: «De plus en plus de gens décident d’investir dans les régimes volontaires de pension employeur.» Dans le cadre du 2e pilier, l’employeur peut décider de mettre en place, pour tout le personnel ou pour une catégorie de personnels, un mécanisme où est définie une prime – le plus souvent un pourcentage du salaire – payée chaque année par l’employeur.

Dans la plupart des nouveaux contrats, l’affilié a alors le choix d’investir cette prime soit dans un rendement garanti, soit dans des fonds d’investissement (l’employeur peut faire une sélection dans le plan qu’il propose). «Une des tendances que nous observons est que les clients demandent de plus en plus d’avoir dans leur gamme des fonds de type ESG», remarque Jérôme Wiwinius.

Il est aussi possible de prévoir, toujours dans le cadre du 2e pilier, une couverture liée aux risques purs: décès, accidents, invalidité. Un système que l’employeur peut proposer en tant que complément de l’épargne, mais aussi indépendamment l’un de l’autre.

En outre, si l’employeur a décidé de mettre en place un régime complémentaire de pension, l’affilié a la possibilité de cotiser personnellement, en plus de ce qu’offre l’employeur, jusqu’à 1.200 euros par an: ce sont les cotisations personnelles. Une possibilité très intéressante fiscalement puisqu’elle est totalement déductible.

Un instrument de fidélisation

Ces instruments du 2e pilier sont d’ailleurs désormais ouverts aux indépendants depuis le 1er janvier 2019. Avec un bémol, note Jérôme Wiwinius: «Pour le moment, le produit de régime volontaire pension pour les indépendants est uniquement proposé pour les résidents, puisque la situation fiscale n’est pas clarifiée. Là, clairement, il y a encore un gap», juge-t-il. L’intérêt de ces instruments du 2e pilier est bien sûr, pour l’employé, de mieux se protéger contre les risques de décès ou d’­invali­dité, ainsi que de se constituer une meilleure retraite, en particulier pour ceux gagnant plus de cinq fois le salaire social minimum [SSM] – soit le plafond de cotisation de la sécurité sociale pour le 1er pilier.

L’employeur a aussi de quoi y trouver son intérêt, notamment en améliorant la compétitivité de l’entreprise lors des recrutements et en fidélisant ses employés. Il peut ainsi renforcer ce dernier point en prévoyant une condition d’acquisition des droits: si l’employé quitte l’entreprise avant trois ans (ce qui est le maximum permis par la nouvelle loi du 1er janvier 2019), l’argent est alors reversé à la société.

Des plafonds déductibles à revoir

Dans le cadre du 3e pilier, il est possible de cotiser 3.200 euros par an sous deux conditions: percevoir l’argent entre 60 et 75 ans et que la durée du contrat soit d’au moins 10 ans. Le produit est déductible, ce qui le rend «très intéressant d’un point de vue fiscal», estime Pierre Dubru, life and relation management director au sein du groupe Bâloise Assurances. «En faisant sa déclaration fiscale, la personne, en classe d’impôt 1, qui investit 3.200 euros, bénéficie d’un gain fiscal de 1.335 euros, car elle a profité de la déductibilité», explique-t-il, en partant de l’hypothèse que cette personne gagne 75.000 euros par an.

Avec la possibilité, dans ce cas aussi, d’investir indifféremment dans des fonds d’investissement ou dans du taux garanti. Et ce même si le taux garanti, fixé à 0%, a désormais tendance à être délaissé au profit des fonds, puisqu’il ne permet plus de couvrir le taux d’inflation. «La tendance va vers les fonds d’investissement, surtout quand vous avez un horizon de placement d’au moins 10 ans», constate ainsi Pierre Dubru. «Il n’y a pas de raisons de rester dans du taux garanti, où votre argent perd de la valeur.»

Si les personnes se tournent davantage vers les régimes complémentaires, les spécialistes estiment qu’il reste une marge de progression pour mieux les faire connaître, à côté du 1er pilier. Une meilleure sensibilisation des futurs retraités est indispensable, remarque Pierre Dubru. Mais, surtout, «il faut augmenter les plafonds déductibles», juge-t-il. Dans le 2e pilier, le plafond à 1.200 euros des cotisations personnelles n’a ainsi jamais été adapté. Et, bien que la condition d’âge ait été supprimée en janvier 2017, celui de 3.200 euros, dans le cadre du 3e pilier, date aussi.

L’attrait fiscal est aussi un levier sur lequel jouer: abaisser le taux d’imposition de 20% sur les dotations annuelles de l’employeur rendrait aussi le régime complémentaire attractif pour les petits revenus. «Ce sont des vis qu’on peut tourner pour rendre le système plus intéressant», résume Jérôme Wiwinius.

Cet article a été rédigé pour l’ parue le 25 novembre 2021.

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