Pour Michel Wurth, président honoraire de la Chambre de commerce, mais également de la Fondation Idea, la prochaine réforme fiscale devra surtout être plus efficiente au niveau de la dépense que juste, le tout pour garder un modèle luxembourgeois basé sur le consensus.  (Photo: Maison Moderne)

Pour Michel Wurth, président honoraire de la Chambre de commerce, mais également de la Fondation Idea, la prochaine réforme fiscale devra surtout être plus efficiente au niveau de la dépense que juste, le tout pour garder un modèle luxembourgeois basé sur le consensus.  (Photo: Maison Moderne)

À l’occasion d’un débat sur la réforme fiscale, Michel Wurth s’est exprimé en faveur d’une efficience de la dépense plutôt qu’une hausse de la justice fiscale.

par (DP), la réforme fiscale fait encore débat. Avec d’un côté, ceux qui, comme , présidente de l’OGBL, souhaitent . Et de l’autre, ceux qui ne veulent pas entendre parler de «justice fiscale», mais souhaitent tout de même une réforme.

C’est le cas de  qui, en sa qualité de président de la Fondation Idea, a laissé entendre son point de vue sur la question à l’occasion d’un débat sur l’évolution à venir du régime fiscal.

L’ancien président de la Chambre de commerce a développé son propos en soulignant que la justice fiscale ne devait pas être le cœur de la réflexion au détriment de l’efficience fiscale.

«Le débat de la fiscalité tourne actuellement autour de la justice fiscale. Cela m’interpelle un peu. Si l’on parle de justice fiscale, cela veut dire que certains doivent payer pour que d’autres puissent recevoir. Dans ce cas, nous sommes dans une situation de confrontation, ce qui ne correspond pas au modèle luxembourgeois, qui doit être consensuel et non émotionnel», a développé Michel Wurth, en préambule du débat organisé par la Fondation Idea.


Lire aussi


«Je ne suis pas en accord avec la présidente de l’OGBL, qui axe l’idée d’une réforme fiscale avec celle d’une justice fiscale. Les réflexions sur une réforme fiscale doivent commencer par une réflexion sur la dépense. On paie des impôts, car la collectivité publique a des dépenses. Quand on regarde les prélèvements obligatoires dans les pays développés, ils varient entre 45 et 55%. C’est une manne très importante et la question de l’efficience de la dépense est, à mon avis, le premier élément de réflexion lorsque l’on souhaite une réforme fiscale. Il serait intéressant de faire une analyse sur qui paie et qui reçoit. Je pense intuitivement que l’on pourrait constater que le système luxembourgeois est bien moins injuste que ce qu’il n’y paraît», a continué Michel Wurth.

Trop d’impôts tuent l’impôt

L’industriel a poursuivi: «Notre modèle économique luxembourgeois a le salaire minimum le plus élevé, les prestations sociales les plus élevées et les cotisations sociales les moins élevées des pays qui sont comparables. Je crois que notre modèle luxembourgeois n’est pas compatible avec une justice fiscale la plus élevée. Quand on regarde les pays qui pratiquent plus de justice fiscale qu’au Luxembourg, on voit que les performances économiques sont moindres, le revenu national par habitant est moins élevé, le salaire minimum et les prestations sociales sont bien moins généreux.»

Ce n’est pas en essayant de rendre notre fiscalité plus juste et égalitaire, c’est-à-dire en prenant simplement davantage là où il y a de l’argent, que l’on va trouver la solution.
Michel Wurth

Michel WurthprésidentFondation Idea, président honoraire de la Chambre de commerce

«Probablement 80% des capitaux investis au Luxembourg ne proviennent pas de Luxembourgeois. Ces agents économiques ne sont pas au Luxembourg pour nos belles plages ou pour nous faire plaisir. Notre modèle économique n’est pas basé sur la justice fiscale, mais plutôt sur un modèle d’efficience. Si nous le remettons en cause, c’est notre modèle économique que nous remettons en cause. C’est un sujet important, notamment à une époque où 130 pays de l’OCDE se sont mis d’accord pour prendre des ressources à des pays dont le système fiscal est plus efficient», a expliqué Michel Wurth.

Toujours dans son propos, on comprend également que Michel Wurth est opposé à , comme l’a déjà proposé le ministre du Travail,  (LSAP), ou encore l’OGBL.

«Après l’efficience de la dépense vient la redistribution. Pour être consensuel, il faut faire en sorte qu’à la fin de la journée, toutes les personnes vivant au Luxembourg se sentent à l’aise et profitent des transferts sociaux permettant d’avoir une vie digne de notre modèle économique. La fiscalité a un rôle à jouer, mais ce n’est pas en essayant de rendre notre fiscalité plus juste et égalitaire, c’est-à-dire en prenant simplement davantage là où il y a de l’argent, que l’on va trouver la solution. Trop d’impôts, pour ceux qui décident d’être volontairement ici alors qu’ils pourraient ne pas y être, tueront l’impôt et tout notre modèle de redistribution. Trouver des solutions consensuelles sur une fiscalité de demain avec les contraintes internationales est, à mon avis, très important», a conclu Michel Wurth.