Logiquement, le ministre de l’Économie, Franz Fayot, a confié à Sasha Baillie et à Luxinnovation la gestion du hub luxembourgeois de Gaia-X. Le ministère d’État y a «déplacé» Peter Sodermans pour qu’il assure la coordination opérationnelle. (Photo: Archives Maison Moderne)

Logiquement, le ministre de l’Économie, Franz Fayot, a confié à Sasha Baillie et à Luxinnovation la gestion du hub luxembourgeois de Gaia-X. Le ministère d’État y a «déplacé» Peter Sodermans pour qu’il assure la coordination opérationnelle. (Photo: Archives Maison Moderne)

Le ministre de l’Économie, Franz Fayot, a confié à Luxinnovation le quatrième hub régional du projet européen Gaia-X, après ceux de l’Allemagne, de la France et de la Belgique. Trois domaines ont été retenus: la finance, la santé et l’énergie. Plus l’espace.

Comment l’Europe peut-elle récupérer sa souveraineté perdue sur ses données face aux appétits américains? Comment ses administrations, ses entreprises et ses citoyens peuvent-ils échapper à la mainmise des géants du cloud?

Devenus de plus en plus nerveux de voir leurs données échapper à leur contrôle, les constructeurs automobiles allemands ont, les premiers, tiré la sonnette d’alarme en lançant l’initiative Gaia-X, qui consiste en la mise en place d’une infrastructure et d’un catalogue de solutions «européennes». L’initiative, rejointe par la France assez rapidement, fédère État membre après État membre.

Ce jeudi, sur Boothted, outil luxembourgeois de vidéoconférence, le Luxembourg a organisé une cérémonie de lancement du hub régional de Gaia-X, le quatrième après ceux lancés en Allemagne, en France et en Belgique, dans l’ordre, et avant que soient lancés 12 à 14 hubs régionaux d’ici fin juin et d’autres encore d’ici la fin de l’année.

Peter Sodermans glisse du ministère d’État à Luxinnovation

Le ministre de l’Économie, (LSAP), a annoncé confier la gestion et la coordination du hub à Luxinnovation et que le Luxembourg participerait activement à trois des huit groupes imaginés par l’initiative européenne (la finance, la santé et l’énergie). La CEO de l’agence pour la promotion de l’innovation et de la recherche, , a recruté , qui vient de passer 11 années aux premières loges de l’innovation imaginée par le gouvernement, puisqu’il était conseiller du Premier ministre au service des médias et des communications.

Il aura à ses côtés une première version d’un «steering committee», avec (directeur général au ministère de l’Économie), (CEO d’EBRC, mais au titre de sa fonction de président de l’association Cloud Community Europe Luxembourg), Georges Santer (Fedil) et (vice-président d’ICT Luxembourg).

Dans sa présentation du nouveau hub régional, Mme Baillie a insisté sur la mobilisation de financements, européens et nationaux, dans le cadre de ce projet, soutenu par la stratégie européenne pour les données. Mais aussi sur les opportunités pour les représentants «luxembourgeois» des entreprises, des services publics ou du monde de la recherche de participer à l’élaboration de normes et de standards au niveau européen.

Clinnova, un exemple pour l’Europe

Elle a aussi mentionné l’intérêt , qui réunit depuis cinq ans les principaux acteurs de la recherche dans la santé autour des thématiques de la santé digitale et de la santé personnalisée.

Charge maintenant aux acteurs des différentes sphères, publiques, privées ou de recherche, de faire remonter leur intérêt pour une participation dans les différents projets à venir.

Au cours de la conférence, rehaussée par la participation d’Hubert Tardieu (président du conseil d’administration de l’asbl internationale Gaia-X), de Peter Kraemer (coordinateur du hub allemand de Gaia-X) et de Daniel Ratier, membre du hub français de Gaia-X et directeur des entreprises au ministère français de l’Économie et des Finances, deux autres personnalités ont insisté sur un autre volet qui intéresse particulièrement le Luxembourg: l’espace.

, ex-CEO de Luxtrust, chief European institutions officer de Rhea Group et managing director de Rhea System Luxembourg, et Élodie Viau, directrice des télécommunications et des applications intégrées à l’Agence spatiale européenne, sont venus donner les avantages de leur idée d’une nouvelle verticale, celle de l’espace, pour que l’initiative européenne l’«adopte».


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En moins de cinq mois, un quatuor composé de Rhea Group, d’EBRC, de 3DS Outscale (une filiale de Dassault) et de CS Group est parvenu à convaincre Airbus, Thales Alenia Space, Safran, OVHcloud, l’ESA, Telespazio, Capgemini, Promethee, Cysec et Mindo de pousser l’idée. Du lourd, du spatial et de l’aéronautique…, mais pas de trace du champion luxembourgeois et numéro un mondial des opérateurs de satellites, SES, qui, jeudi aussi, publiait (probablement par hasard) un billet de blog sur le sens de son partenariat avec Azure de Microsoft pour son offre de cloud.

Un «Airbus du cloud» à venir

Et si l’asbl Gaia-X est souvent présentée par ses promoteurs comme un «Airbus de l’intelligence artificielle», Mme Baillie a attiré l’attention des 350 personnes qui ont suivi la conférence sur un autre «Airbus», celui du cloud du futur: un nouvel IPCEI, «important project of common European interest» ou important projet d’intérêt commun européen. Ce dernier devrait être lancé sous peu, après celui sur les batteries, auquel la Belgique, la Finlande, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne et la Suède  pour générer 5 milliards d’euros d’investissements privés supplémentaires.

L’IPCEI  est formellement dans les esprits avisés depuis le 15 octobre dernier… et le Luxembourg y apportera son soutien, a-t-elle assuré. C’est logique compte tenu de l’infrastructure mise en place au Luxembourg depuis des années, et c’est stratégique au moment où l’internet des objets, des voitures aux frigidaires en passant par les montres, les villes et les maisons, va complètement révolutionner nos paysages quotidiens.

Le hub lancé, il faudra déjà penser au premier rendez-vous d’importance: l’assemblée générale de l’association internationale Gaia-X, le 7 juin, qui sera un terrain d’influence dans la représentation des différentes parties prenantes. Le Luxembourg a régulièrement été un trait d’union entre les intérêts allemands et français régulièrement divergents.