Conscient de l’impact économique de la crise sur le secteur du tourisme d’affaires, le gouvernement n’a pour l’instant pas annoncé de nouvelle aide économique, en plus du fonds de relance et de solidarité. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Conscient de l’impact économique de la crise sur le secteur du tourisme d’affaires, le gouvernement n’a pour l’instant pas annoncé de nouvelle aide économique, en plus du fonds de relance et de solidarité. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Comment promouvoir le Luxembourg à l’étranger en cette période de crise sanitaire? Cette semaine, nous posons la question à différents acteurs du pays. Lex Delles voit dans le digital un complément, qui ne peut pas remplacer le réseautage sur place.

Missions de promotion économique, foires et salons internationaux… La stratégie du Luxembourg pour se vendre comme «business place» mondiale se retrouve mise à l’épreuve par le Covid-19. Nous avons fait le point à ce sujet avec (DP), ministre du Tourisme et des Classes moyennes.

La stratégie de promotion du Luxembourg comme destination business était basée depuis 2019 sur une liste de secteurs (logistique, écotechnologies, technologies de l’information et de la communication, espace). Comment évolue-t-elle en cette période de crise sanitaire?

Lex Delles. – «Évidemment, avec la situation du coronavirus, il faut réadapter sa stratégie. Maintenant, les marchés prioritaires sont nationaux, grand-régionaux et européens principalement.

D’un côté, nous restons axés sur ces secteurs principaux. De l’autre, nous sommes aussi à la recherche de toute autre manifestation ou conférence. Maintenant, nous préférons avoir d’autres conférences et congrès peut-être un peu plus petits, différents. C’est pour cela qu’il est très important d’avoir le label ‘’, élaboré avec la Luxembourg Event Association (LEA).

La stratégie doit évoluer sur le fond mais aussi sur la forme. Comment promouvoir le Luxembourg «à distance»?

«La transformation digitale est un mot-clé de cette discussion. Une grande salle comme Luxexpo a fait des adaptations au niveau des lignes internet pour pouvoir . En termes de transformation digitale, le Luxembourg était déjà très bien positionné, mais est encore en train de faire un pas.

En 2020, 48 ‘sales missions’ (missions de démarchage commercial, organisées par le Luxembourg Convention Bureau, ndlr) ont été annulées et 20 ont eu lieu différemment, par exemple en webinars ou en hybride.

Faites-vous encore des missions économiques à l’étranger?

«C’est complètement à l’arrêt.

Qu’en est-il de votre participation à des foires et salons internationaux?

«Le but d’une foire comme l’IBTM à Barcelone (foire pour les conférences et voyages d’affaires, ndlr) ou l’IMEX à Francfort (salon des voyages d’affaires, ndlr), c’est de rencontrer les gens, de pouvoir discuter du Luxembourg en tant que destination de business events.

Maintenant, ça se passe autrement, c’est plutôt le coup de fil, le webinar.

Est-ce que cela a déjà donné des résultats concrets?

«Dans tout le secteur, il y a une certaine incertitude.

Est-ce que ce modèle pourrait se généraliser, même après la crise?

«Le contact au sein des business events est le plus important. C’est un lien direct. On téléphone plutôt à quelqu’un qu’on connaît et qu’on a déjà vu pour faire des relations économiques.

Je pense que le digital peut être un complément, mais ne remplacera jamais des business events sur place. C’est l’échange après la conférence ou encore la pause-café qui sont importants.

Pouvez-vous chiffrer l’impact de la crise sur le tourisme d’affaires?

«Le problème, c’est qu’il est très difficile de calculer ce qui ressort des business events. Quelles relations on fait? Qui a vraiment signé tout de suite après?

Au sein des membres de la LEA, on voit quand même que les sociétés qui travaillent dans l’événementiel ont des pertes de chiffre d’affaires de 80%.

Quand on parle de ce qu’un business event apporte à un pays, il y a d’autres piliers, comme les biens et services directement consommés: la chambre d’hôtel, le taxi, la tasse de café…

Une aide supplémentaire est-elle prévue pour soutenir tout ce secteur en difficulté?

«Je pense que le secteur de l’événementiel est le ‘first in’, car il était déjà en crise quelques mois avant le lockdown de mars, et il sera le ‘last out’, parce que l’organisation d’un congrès ou d’une conférence ne se fait pas du jour au lendemain.

L’hôtellerie au niveau rural, qui vit du tourisme de plaisir, s’en sort mieux pour l’instant que les hôtels du Luxembourg, qui vivent du business.

Le gouvernement est conscient que ce sont les secteurs les plus touchés par cette crise. C’est pour cela que le fonds de relance et de solidarité qui a été créé les inclut (il prévoit une aide financière de 1.250 euros par salarié jusqu’au mois de novembre pour les entreprises du tourisme, de l’événementiel, de l’horeca, de la culture et du divertissement, ndlr).

Le budget alloué au Luxembourg Convention Bureau va-t-il être revu à la hausse?

«Nous sommes très contents de l’avoir créé en 2019, nous voyons l’importance d’avoir cette agence de promotion du Luxembourg dans le secteur du business event. Les budgets vont encore être adaptés.

(Financé à moitié par la Ville de Luxembourg et à moitié par la Direction générale du tourisme du ministère de l’Économie, ce budget était de 900.000 euros en 2020. Il devrait s’élever à 1 million d’euros en 2021, 1,01 en 2022, 1,02 en 2023 et 1,03 en 2024, ndlr).

L’État luxembourgeois a déjà beaucoup de dépenses, s’il y en a que nous pouvons diminuer, nous le ferons. Je pense que c’est le mauvais signe en ce moment, il est important d’investir pour le Luxembourg Convention Bureau pour faire de la promotion, mais plus ciblée. Il doit être soutenu pour attirer des congrès, des conférences, et se positionner, surtout pendant cette crise.»