Guy Ertz, chief investment advisor, BGL BNP Paribas. (Photo: BGL BNP Paribas. Montage: Maison Moderne)

Guy Ertz, chief investment advisor, BGL BNP Paribas. (Photo: BGL BNP Paribas. Montage: Maison Moderne)

La forte hausse des prix des matières premières (conflit en Ukraine et chaînes d’approvisionnement) et des coûts de financement a poussé les probabilités de récession à la hausse, ces derniers mois. En effet, les enquêtes d’opinion auprès des entrepreneurs suggèrent l’inquiétude de ces derniers quant à l’activité économique des prochains mois. De plus, la forte hausse de l’inflation a mené à des pertes de pouvoir d’achat, ce qui a également pesé sur la confiance des consommateurs.

Il faut toutefois être prudent et nuancer le risque de récession. En effet, à ce stade, l’activité se ralentit principalement à cause de contraintes d’offres qui sont apparues via les hausses de prix et les pénuries de matières premières liées au conflit en Ukraine et aux confinements en Chine (chaînes d’approvisionnement). Les pénuries de travailleurs qualifiés jouent également un rôle, surtout aux États-Unis. Nous anticipons une stabilisation des prix des matières premières et une normalisation progressive des chaînes d’approvisionnement au cours des prochains trimestres. Un retour progressif de travailleurs sur le marché du travail aux États-Unis devrait également contribuer positivement.

La Fed devrait ralentir son rythme de hausses de taux en fin d’année

En ce qui concerne l’indice de prix à la consommation, il est très probable que l’inflation va atteindre un pic d’ici quelques semaines. En effet, les effets statistiques (une comparaison annuelle qui se fera par rapport à des niveaux de prix moins déprimés), la stabilisation des prix des matières premières et une rotation progressive de la consommation des biens vers les services devraient mener à une baisse des taux d’inflation.

La baisse progressive des taux d’inflation devrait aider les banques centrales à gérer les attentes d’inflation à long terme. Les attentes de hausses de taux d’intérêt semblent actuellement exagérées pour plusieurs pays. Aux États-Unis, la Fed devrait ralentir son rythme de hausses de taux en fin d’année. Les autres déterminants des coûts de financement des entreprises, comme les écarts de rendements d’obligations d’entreprises et les prix des actions, devraient également contribuer positivement.

Les fondamentaux économiques liés à la demande restent quant à eux très positifs. En effet, les programmes de dépenses publiques dans le domaine de la réduction d’émissions de CO2, de la transition vers des économies circulaires et de l’indépendance énergétique offrent un potentiel énorme pour les prochains trimestres. Les entreprises maintiennent des marges de bénéfices élevées et devraient investir davantage lors des années à venir.

Il est important que l’inflation diminue au cours des prochains mois

L’incertitude restera probablement encore élevée durant les prochaines semaines. Toutefois, les signaux positifs côté inflation, la sortie de confinement en Chine et une normalisation progressive des chaînes d’approvisionnement devraient contribuer à un cercle vertueux en deuxième moitié d’année. La probabilité de récession a augmenté, mais reste modérée à ce stade.

Les facteurs à suivre de près sont:

1. La possibilité d’un arrêt complet de l’importation de gaz russe vers l’Eurozone.;

2. La confirmation que les taux d’inflation ont dépassé leur point haut.

3. Les anticipations de hausses de taux d’intérêt.

Un arrêt complet des exportations de gaz pourrait mener à des pénuries temporaires dans l’industrie allemande et dans celle des pays de l’est de l’Europe, et donc conduire à une baisse de l’activité malgré la demande soutenue. Le risque est nettement moins important pour les exportations de pétrole russe puisque, même à court terme, des alternatives existent. Côté Banque centrale et taux d’intérêt, il est important que l’inflation diminue au cours des prochains mois afin de donner plus de marge de manœuvre aux banques centrales, notamment aux États-Unis.