Le marché n’accorde d’attention aux risques environnementaux que depuis ces dernières années. Cette évolution coïncide plus ou moins avec la hausse des coûts d’émission de CO2. (Photo: Shutterstock)

Le marché n’accorde d’attention aux risques environnementaux que depuis ces dernières années. Cette évolution coïncide plus ou moins avec la hausse des coûts d’émission de CO2. (Photo: Shutterstock)

Selon une étude menée par Schroders, les entreprises les plus durables ont une valorisation supérieure aux entreprises les moins vertueuses et de meilleures conditions de financement. De quoi inciter les mauvais élèves à progresser sur le chemin de la durabilité.

L’investissement durable fonctionne sur une théorie: faire en sorte qu’il soit plus coûteux pour les «mauvaises» entreprises de lever des fonds que pour les entreprises «vertueuses» afin que les premières évoluent dans le bon sens. Une autre théorie indique qu’investir dans les «bonnes» entreprises plutôt que dans les «mauvaises» fait gagner plus d’argent à cause de la durabilité de leurs modèles commerciaux.

Cela se vérifie-t-il dans les valorisations? C’est la question que s’est posée Duncan Lamont, responsable de la recherche stratégique chez Schroders.

Ses conclusions? Oui. Les mauvaises entreprises de l’indice MSCI All Country World sont évaluées à 17 fois leurs bénéfices des 12 derniers mois. Mais les bonnes entreprises sont évaluées à 25 fois. «En d’autres termes, si les deux entreprises avaient les mêmes bénéfices, la bonne entreprise vaudrait environ 49% de plus.» La situation est similaire si l’on examine les multiples d’évaluation du ratio cours/bénéfice à terme, ou cours/valeur comptable. Les bonnes entreprises ont donc des valorisations beaucoup plus élevées. Cela se vérifie si on se concentre sur le volet environnemental – les mauvaises entreprises sont évaluées à 17 fois leurs bénéfices contre 20 pour les bonnes entreprises – et sur le volet social – les mauvaises entreprises sont évaluées à 19 fois leurs bénéfices contre 25 pour les bonnes entreprises.

On constate que les entreprises qui sont vertueuses sur un large éventail de critères de durabilité ont une «prime de valorisation» supérieure aux entreprises qui se concentrent soit sur les paramètres environnementaux, soit sur les paramètres sociaux.

Le secteur des matériaux parmi les plus vertueux

Qu’en est-il si on examine la question en fonction des secteurs d’exercice des entreprises?

Dans tous les secteurs, hormis l’immobilier – secteur qui comprend de nombreuses sociétés de placement immobilier dont la valorisation tend à être différente de celle des entreprises ordinaires, ce qui induit un biais –, les entreprises qui sont gérées de manière plus durable que leurs homologues du secteur se négocient sur de multiples cours/bénéfices plus élevés que celles qui ne le sont pas.

La différence est relativement marquée dans les secteurs des matériaux, de l’énergie, de la finance et de l’industrie.

Les entreprises de matériaux dont la gestion est plus durable sont valorisées à 23 fois leurs bénéfices des 12 derniers mois, contre 13 fois pour les moins durables. Il en va de même pour les entreprises du secteur énergétique – 19 fois pour les meilleures contre 11 fois pour les pires. Dans les deux cas, ce sont les différents risques environnementaux qui sont les mieux évalués. Pour ces deux secteurs, Duncan Lamont estime que cette différence marquée est logique. «Ces industries sont dépeintes comme les méchants en matière d’impact environnemental. Elles sont plus souvent sous les feux de la rampe que les autres. Il va donc de soi que le marché les aura davantage différenciées, en valorisant celles qui sont les mieux placées pour traverser les décennies à venir, et en dévalorisant celles qui risquent de se retrouver dans la ligne de mire.»

Le risque social moins bien pris en compte

Maintenant, si les valorisations sont élevées, les rendements sont plus faibles. Donc une entreprise vertueuse sera moins «rentable» qu’une entreprise gérée de manière non durable. Du moins sur une courte période.

Pour Duncan Lamont, on peut encore obtenir des rendements en recherchant et en identifiant les leaders et les retardataires et en prenant en compte la différence qui existe dans la tarification du risque environnemental et la tarification du risque social.

En règle générale et dans la plupart des secteurs, il semble y avoir une plus grande différenciation des valorisations en matière de durabilité environnementale – «un domaine dans lequel davantage d’investisseurs et de propriétaires d’actifs ont clairement formulé des politiques, et où la transparence et la pression à l’échelle du secteur ont été les plus fortes» – mais pas autant pour les risques sociaux. «Les investisseurs disent essentiellement que les perspectives d’une entreprise ne dépendent pas du fait qu’elle traite bien ses employés ou qu’elle vende des produits qui provoquent des problèmes de santé. Je ne pense pas qu’ils aient raison. Ces impacts sociaux sont importants pour le taux de croissance durable d’une entreprise à long terme.» Selon lui, «la tarification des risques sociaux n’a pas vraiment progressé» et les investisseurs devraient davantage les entreprises sur ces bases à l’avenir.