Hugo Zeler a fondé Hunneg Këscht, une entreprise apicole basée presque exclusivement à Luxembourg-ville. (Photo: Delano)

Hugo Zeler a fondé Hunneg Këscht, une entreprise apicole basée presque exclusivement à Luxembourg-ville. (Photo: Delano)

Certaines personnes aiment l’odeur de l’argent. Pour d’autres, comme les deux fils d’Hugo Zeler, c’est plutôt l’odeur du miel.

«Ils aiment mon odeur quand je rentre le soir», sourit Hugo Zeler, apiculteur, sous son masque. C’est compréhensible. Que vous ayez grandi en ville ou à la campagne, le parfum du miel a quelque chose de sain et d’apaisant.

Il serait facile de s’extasier du côté bucolique de l’apiculture, mais Hugo Zeler a peu de temps pour cela. Il est finalement aussi occupé que les milliers d’abeilles avec qui il travaille. «C’est comme l’agriculture, je travaille pendant la bonne saison, et je me repose pendant la mauvaise saison», dit-il, tout en vidant les «supers» (boîtes en forme de tiroir contenant les cadres dont on extrait le miel, ndlr) de son van dans sa «chambre à miel».

L’assistant de Monsieur Zeler, David, empile des supers dans la chambre à miel. (Photo: Delano)

L’assistant de Monsieur Zeler, David, empile des supers dans la chambre à miel. (Photo: Delano)

Une année cauchemardesque

Son QG du Limpertsberg est un hangar préfabriqué avec des cadres et des accessoires empilés à l’extérieur. Hugo Zeler s’excuse pour le désordre et explique que c’est actuellement la période la plus intense de l’année. C’est le dernier jour de sa récolte d’été, au cours de laquelle il ramasse les hausses de ses dizaines de ruches dispersées dans la ville.

Beaucoup de petites abeilles ouvrières sont restées au repos. «Cela a été un cauchemar pour tous les apiculteurs cette année», dit-il. La température doit en effet atteindre 16°C pour que le nectar, source de sucre du miel, soit sécrété par les fleurs.

«Habituellement, mai est l’un des meilleurs mois. Mais il faisait si froid que, cette année, les abeilles n’ont pas pu sortir de la ruche», dit-il en secouant la tête. «J’ai fait environ la moitié de ce que j’ai produit l’année dernière, qui avait été une très bonne année», ajoute-t-il.

Hugo Zeler tirant des cadres d’un super à son siège à Limpertsberg. (Photo: Delano)

Hugo Zeler tirant des cadres d’un super à son siège à Limpertsberg. (Photo: Delano)

Devenir apiculteur n’a jamais été une voie toute tracée pour Hugo Zeler. Il a découvert cette activité en travaillant dans le secteur aéronautique.

Le Luxembourgeois a d’abord planté un verger en France, près de la frontière luxembourgeoise, où il savait que les abeilles joueraient un rôle important en tant que pollinisateurs.

Mais, lorsque son premier enfant est né, il a eu moins de temps pour se rendre au verger et a donc déménagé ses ruches dans la capitale, avant de quitter son emploi il y a quatre ans pour devenir apiculteur à temps plein. Finalement, il se dit que la nature saisonnière du travail cadre bien avec la vie de famille. «En hiver, je m’occupe de mes enfants», dit-il.

Hugo Zeler: «Lorsqu’elles récoltent du miel à la belle saison, juin-juillet, les abeilles ne s’éloignent pas à plus de 500m de leur ruche. Ce qui veut dire que c’est un miel très local.» (Photo: Delano)

Hugo Zeler: «Lorsqu’elles récoltent du miel à la belle saison, juin-juillet, les abeilles ne s’éloignent pas à plus de 500m de leur ruche. Ce qui veut dire que c’est un miel très local.» (Photo: Delano)

Des abeilles avec un code postal local

Hugo Zeler profite du positionnement de la marque biologique Hunneg Këscht sur le marché luxembourgeois pour proposer ses produits. Il vend donc dans les épiceries du centre-ville du miel produit dans des ruches situées dans des quartiers spécifiques. Mais comment sait-il que les abeilles de Bonnevoie ne s’égareront pas dans le Limpertsberg? «Lorsqu’elles récoltent du miel à la belle saison, juin-juillet, les abeilles ne s’éloignent pas à plus de 500m de leur ruche. Ce qui veut dire que c’est un miel très local», explique-t-il.

Pour ceux qui souhaitent savoir exactement ce qu’elles mangent, il analyse même les fleurs dont est dérivé le nectar. «Par exemple, au Limpertsberg, nous avons beaucoup de tilleuls. À Bonnevoie, nous avons beaucoup de troènes», ajoute-t-il.

Je ne connais personne qui se soucie plus de l’environnement que les apiculteurs. Parce que sans les fleurs, nous n’obtenons pas de miel.
Hugo Zeler

Hugo ZelerapiculteurHunneg Këscht

Évidemment, il est difficile de gagner sa vie en cas d’année creuse en production de miel. Heureusement, Hugo Zeler a une deuxième activité: la location de ruches à une trentaine d’entreprises, d’écoles, de jardins d’enfants et d’hôpitaux de la capitale. Il s’occupe alors de tout, de l’administration à l’emballage du miel en passant par l’organisation des visites, des newsletters et des conférences.

En plus de lui fournir une deuxième source de revenus pour rendre son entreprise durable, les ruches d’entreprise sont un rappel visuel pour prendre soin de l’environnement naturel. «Je leur demande toujours de planter des arbres et des fleurs, d’éteindre les lumières la nuit, pour les abeilles. Et ils sont vraiment ouverts à cela», affirme-t-il.

Une entreprise cliente a même planté 300m² de fleurs sauvages pour nourrir les abeilles. «Je ne connais personne qui se soucie plus de l’environnement que les apiculteurs. Parce que sans les fleurs, nous n’obtenons pas de miel», ajoute-t-il.

Cet article a été écrit pour , traduit et édité pour Paperjam.