L’intérêt des NFT («non-fungible tokens»), des certificats d’authenticité attribués à une œuvre numérique par nature copiable, croît rapidement, aussi bien chez les collectionneurs d’art que chez les gestionnaires d’actifs. (Photo: Shutterstock)

L’intérêt des NFT («non-fungible tokens»), des certificats d’authenticité attribués à une œuvre numérique par nature copiable, croît rapidement, aussi bien chez les collectionneurs d’art que chez les gestionnaires d’actifs. (Photo: Shutterstock)

Selon l’étude «Art & Finance» de Deloitte Private et de la société d’études du marché de l’art ArtTactic, les 18 derniers mois ont marqué une mutation du marché de l’art vers des modèles commerciaux plus innovants.

La marché de l’art a parcouru un long chemin depuis la publication du premier rapport «Art & Finance» en 2011. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de savoir «si», mais «comment» l’art doit être intégré dans une offre de gestion de patrimoine, estime Adriano Picinati di Torcello, directeur chez Deloitte Luxembourg et coordinateur mondial de Deloitte Art & Finance. «Alors que de plus en plus d’investisseurs cherchent à diversifier leurs portefeuilles en période d’incertitude accrue, de maturation des technologies et de nouveaux modèles économiques, nous constatons que l’art est devenu encore plus intéressant en tant que classe d’actifs alternative», poursuit-il.

Parmi les tendances de ces 18 derniers mois, on note d’abord que l’art devient un actif incontournable pour les professionnels. Ainsi, 85% des gestionnaires de patrimoine, 76% des collectionneurs et 96% des professionnels de l’art interrogés estiment que l’art devrait faire partie d’une offre de gestion de patrimoine. 69% des gestionnaires de patrimoine estiment que si le secteur de l’art veut répondre à ce besoin, il devra moderniser ses pratiques commerciales.

Les anciens contre les modernes

Sur la question de la planification successorale des collections d’art, 43% des gestionnaires de patrimoine estiment que les plans successoraux de leurs clients prennent suffisamment en compte leur collection d’art. Ils étaient 67% en 2019, date de la dernière étude. «Les family offices et les collectionneurs doivent prendre le relais et impliquer la prochaine génération s’ils veulent assurer la préservation de leur capital», peut-on lire dans le rapport.

Si l’art est une émotion, le volet financier gagne en importance. «La façon dont les collectionneurs considèrent leurs œuvres d’art a changé au cours de la dernière décennie. S’ils continuent à collectionner pour des raisons émotionnelles, les collectionneurs sont de plus en plus motivés par des aspects financiers, considérant leur art comme un élément de leur bilan global», estime le rapport selon lequel l’encours des prêts sur œuvres d’art pourrait atteindre entre 24 et 28,2 milliards de dollars en 2021, soit un taux de croissance moyen de 10,7%, et passer à un montant estimé à 31,3 milliards de dollars en 2022.

Dans le même esprit, de nouvelles opportunités s’ouvrent grâce à des formes alternatives de propriété de l’art: 33% des gestionnaires de patrimoine ont déclaré que leurs clients avaient exprimé un intérêt accru pour les jetons non fongibles (NFT), la propriété fractionnée (29%), les fonds d’investissement dans l’art (25%) et l’investissement à impact social dans la culture (21%). Sur ce dernier point, 28% des collectionneurs et 31% des professionnels de l’art ont désigné l’investissement à impact durable dans les arts comme le modèle d’investissement le plus attrayant. L’investissement durable est plus populaire chez les moins de 35 ans, où 50% sont plus intéressés par les produits d’investissement socialement responsables dans la culture.

L’essor des nouvelles technologies artistiques

La dernière tendance mise en avant par le rapport met également en évidence deux générations de collectionneurs. Elle concerne l’atout pour le secteur que constituent désormais les «nouvelles technologies artistiques». «De la blockchain à l’intelligence artificielle, l’influence de la technologie de l’art dans le développement de nouveaux modèles d’investissement devrait augmenter», estime l’étude. Les jeunes collectionneurs, en particulier, pensent que la technologie va changer la donne dans le secteur de l’art et de la gestion de patrimoine au cours des deux ou trois prochaines années. 92% d’entre eux ont déclaré que la réalité augmentée et la réalité virtuelle auraient un impact important, contre 38% seulement des collectionneurs plus âgés.

«Nous avons observé beaucoup de mouvements dans l’écosystème de l’art et de la finance, notamment en ce qui concerne les moyens alternatifs de traiter l’art grâce aux nouvelles technologies. On peut citer les jetons de sécurité et les actifs artistiques non bancables, qui pourraient ouvrir de nouvelles opportunités au secteur de la gestion de patrimoine pour intégrer l’art et les actifs de collection dans leur offre de gestion de patrimoine», conclut Adriano Picinati di Torcello. «Nous constatons également des intérêts divergents entre les générations. Les jeunes collectionneurs sont plus intéressés par les rendements financiers, les investissements à impact social et les solutions numériques que les collectionneurs plus âgés. Les acteurs du marché doivent être à l’écoute de la nouvelle génération, car c’est elle qui façonnera l’avenir du secteur de l’art et de la gestion de patrimoine.»