Nadia Calviño jouit à Bruxelles d’une excellente réputation grâce au travail accompli dans les services de la Commission de 2006 à 2018, puis à la tête du ministère de l’Économie espagnol. (Photo: Shutterstock)

Nadia Calviño jouit à Bruxelles d’une excellente réputation grâce au travail accompli dans les services de la Commission de 2006 à 2018, puis à la tête du ministère de l’Économie espagnol. (Photo: Shutterstock)

Ce 8 décembre, le Conseil Ecofin s’est mis d’accord sur le nom du successeur de Werner Hoyer à la tête de la Banque européenne d’investissement. La ministre espagnole de l’Économie , Nadia Calviño, devient la première femme à occuper ce poste. Retour sur un parcours qui a oscillé entre Madrid et Bruxelles.

Nadia María Calviño Santamaría est née le 3 octobre 1968 à La Corogne. Elle est diplômée en droit de l’Université Complutense de Madrid. Après y avoir enseigné quelques années les politiques économiques et les systèmes financiers, elle intègre en 1994 le ministre de l’Économie et des Finances. Spécialisée dans la lutte contre les monopoles, elle est nommée en 2004 directrice générale des services de la concurrence.

Elle rejoint en 2006 la Commission européenne dans les bagages de Neelie Kroes, commissaire européenne à la concurrence dans la Commission Barroso I, entre 2004 et 2010, puis vice-présidente de la Commission européenne et commissaire européenne à la Société numérique au sein de la Commission Barroso II, entre 2010 et 2014. Nadia Calviño devient alors la plus jeune directrice générale adjointe de l’institution, toujours à la concurrence, mais à Bruxelles désormais. Elle est ensuite nommée en 2014 directrice générale du budget. Avec Michel Barnier, elle travaille notamment sur les projets d’Union bancaire et sur le mécanisme de résolution unique.

Elle est alors la fonctionnaire espagnole exerçant les plus hautes responsabilités au sein de l’institution.

Le retour d’une européenne à Madrid

Ce qui n’empêche pas Pedro Sánchez, nouveau Premier ministre socialiste de la rappeler en juin à Madrid pour en faire sa ministre de l’Économie. Si Nadia Calviño est proche du Parti socialiste, elle n’en est pas membre. Son profil plus technique que politique et son caractère europhile sont perçus comme un message de rigueur et de stabilité envoyé aux autorités européennes par Pedro Sánchez, arrivé au pouvoir aux côtés de la gauche radicale.

Elle va gravir tous les échelons du gouvernement et en 2020, elle en devient une des quatre vice-présidents. On met à son actif la résistance de l’économie espagnole durant la crise du Covid puis la poussée inflationniste qui s’en est suivie, amplifiée par l’agression russe en Ukraine. En octobre, l’Espagne a relevé ses prévisions de croissance, parmi les plus hautes d’Europe à 2,4% en 2023 – contre 2,1% initialement prévu – et à 2% pour 2024. Le FMI parle même d’une croissance de 2,5% pour 2023. Croissance soutenue par le plan de relance européen. Les fonds alloués à l’Espagne dans le cadre de ce plan s’élèvent au total à 140 milliards d’euros d’ici 2026, dont 70 milliards non remboursables.

Son image à l’international est bonne. Mais pas suffisamment jusqu’ici pour lui permettre de décrocher un poste à responsabilité hors d’Espagne. En 2019, elle s’était retirée de la course à la direction du Fonds monétaire international (FMI) et en 2020, donnée favorite pour la présidence de l’Eurogroupe, elle s’était inclinée face à l’Irlandais Pascal Donohoe. En 2021 cependant, elle devient présidente du comité financier du FMI. 

Agenda chargé à la tête de la BEI

À la tête de la BEI, elle succède à Pietre Campili (Italie, de février 1958 à mai 1959), à Poetro Formentini (Italie, de juin 1959 à septembre 1970), à Yves Le Portz (France, de septembre 1970 à juillet 1984), à Ernst-Günther Bröder (Allemagne, d’août 1984 à mars 1993), à Brian Unwin (Royaume-Uni, d’avril 1993 à décembre 1999), à Philippe Maystadt (Belgique, de janvier 2000 à décembre 2011) et à Werner Hoyer (Allemagne) qui occupe ce poste depuis janvier 2012.

À son agenda dans les mois qui viennent: le financement de la reconstruction de l’Ukraine et des investissements cruciaux dans la lutte contre le changement climatique. Elle devra également tenir compte de la volonté de certains États membres de voir la BEI jouer à l’avenir un rôle dans de nouveaux territoires comme les nouvelles technologies de production d’énergie nucléaire, l’extraction de minéraux «propre», voire l’industrie de la Défense. Le tout dans un contexte de taux d’intérêt élevés et de multiplication des conflits armés.