«Mon leitmotiv reste inchangé: des produits de saison et des producteurs locaux», résume Yves Radelet. (Photo: Mike Zenari) 

«Mon leitmotiv reste inchangé: des produits de saison et des producteurs locaux», résume Yves Radelet. (Photo: Mike Zenari) 

Alors qu’un engouement généralisé se fait ressentir quant à la réouverture des bars et restaurants, le chef Yves Radelet soutient la reprise du secteur mais préfère attendre de meilleures conditions et a décidé de ne pas rouvrir son établissement pour le moment. L’activité traiteur mise en place durant le confinement se poursuit.

Comment avez-vous réagi suite à la fermeture ordonnée le 15 mars?

Yves Radelet. – «Même si nous nous y attendions, notamment avec les fermetures qui étaient déjà effectives en Belgique, il y avait tout de même ‘un peu de vapeur’, un certain flou quant aux semaines qui allaient suivre… Nous comprenions tout à fait les mesures prises pour la sécurité sanitaire, mais la réalité quant à la survie de notre entreprise était bien présente.

Nous avons finalement décidé d’essayer un menu de Pâques à emporter: les clients nous ont suivis dans cette initiative, et cela a marché. C’est toujours le cas tous les week-ends, avec nos menus à emporter au restaurant ou livrés à Ettelbruck et en ville. Ils permettent aux gens qui n’ont pas forcément envie ou la possibilité de travailler de se faire un plaisir gourmand, sans risque. Et pour nous, c’est une dose de travail salvatrice, même si nous ne l’assurons qu’à trois pour le moment… Autant dire que ça ne chôme pas à la ferme!

Vous ne souhaitez pas rouvrir vendredi dans ces conditions. Pouvez-vous nous en dire plus?

«Tout à fait, et je dirais d’abord qu’il ne s’agit pas d’un avis discordant par rapport aux annonces faites par le gouvernement ou à nos confrères restaurateurs que je soutiens naturellement de manière sincère, mais plutôt d’une décision personnelle et inhérente à notre situation particulière ici.

Notre restaurant a toujours proposé une certaine ambiance conviviale et un certain service à nos clients, qui viennent et reviennent pour cela. Nous sommes ouverts le vendredi et le samedi soir ainsi que le dimanche midi, et nous ne pouvons donc pas nous comparer à des établissements en ville ou ailleurs, qui fonctionnent beaucoup avec les déjeuners par exemple.

Mais je ne me vois pas ouvrir mon établissement et proposer ma cuisine sur place dans ces conditions. Nous nous sommes concertés avec nos clients, et ils n’en ont pas envie non plus. Nous préférons donc continuer notre activité traiteur, qui reste constante, qui nous permet de patienter et qui a été possible grâce à l’équipement que nous possédions déjà comme le camion réfrigéré, privilégier la sécurité de notre clientèle et de notre personnel et rouvrir lorsque les conditions nous paraîtront optimales, compte tenu de la situation.

De retour en cuisine, quelles sont vos inspirations du moment? Qu’avez-vous envie de cuisiner?

«Mon leitmotiv reste inchangé: des produits de saison et des producteurs locaux. Nous apprécions beaucoup les gens avec qui nous travaillions, notamment ici dans le Nord. J’aime proposer une cuisine de terroir à laquelle j’appose une touche personnelle. En ce moment, j’apprécie tout particulièrement travailler le Judd mat Gaardebounen dans une version plus moderne, avec de l’huile de fève, du pressé de porc et des carrés fumés à basse température…

Pouvez-vous nous rappeler votre parcours et l’histoire du votre établissement?

«Je suis originaire de Belgique, et j’ai été formé là-bas, où je suis ensuite passé par plusieurs grandes tables, à l’instar de Comme Chez Soi à Bruxelles. Puis je suis arrivé au Luxembourg en 1994, au Patin d’Or. Au bout de quelques années, je me suis dit qu’il était temps que je me lance comme chef, ce que j’ai fait à Bourscheid ou encore à la Gaichel, avant d’avoir mon restaurant en ville jusqu’en 2011.

Avec mon épouse Jennifer, nous nous sommes alors dit que nous aimerions élever nos enfants à la campagne et nous sommes tombés amoureux d’un ancien corps de ferme à retaper à Drauffelt, dans le Nord, une région qui plaisait également beaucoup. Nous avons effectué les travaux nécessaires, nous nous y sommes installés, avons lancé notre activité de fromagerie et, enfin, le restaurant Yves Radelet en janvier 2016!

Sur une note plus légère, avec qui rêveriez-vous de collaborer pour un dîner d’exception?

«Je collabore déjà chaque jour avec mon épouse et mon équipe, sans qui je ne pourrais pas faire grand-chose! Mais d’un point de vue plus fou, j’aurais beaucoup aimé parler cuisine avec de grands scientifiques comme Stephen Hawking ou Albert Einstein. Ces visionnaires et leurs points de vue sur ce qui nous entoure m’ont toujours passionné, et je suis certain qu’une discussion avec eux autour de la cuisine, voire la préparation d’un dîner, aurait été exceptionnelle!»

11 Duerefwee, Drauffelt

T. 26 90 36 57

Vous n’êtes pas encore abonné à la newsletter hebdomadaire Paperjam Foodzilla?