13.253 postes vacants en mai 2022, presque autant que le nombre de demandeurs d’emploi (13.946) et un chiffre en hausse de 49,5% en un an. Face à la pénurie de talents au Luxembourg, quelle stratégie les entreprises adoptent-elles? Le point, ce vendredi 1er juillet, avec Yves Baden, directeur des ressources humaines aux CFL.
Combien de postes sont ouverts aux CFL?
Yves Baden. – «Cette année, nous allons de nouveau recruter aux alentours de 450 personnes. Les années suivantes, on restera au-delà de 400 personnes par an.
Quels sont les postes où le recrutement est plus difficile?
«Il y a les métiers avec du travail de nuit ou le week-end. Mais nous avons plus de 100 métiers au sein du groupe, le recrutement touche toute cette panoplie.
En volume, les métiers les plus recherchés sont les classiques: conducteurs, accompagnateurs, chefs de circulation. Nous recherchons aussi des chauffeurs de bus. Nous continuons d’avoir une grosse demande au niveau de la maintenance. Un autre pilier reste l’IT. Ensuite, il y a toute une panoplie de postes d’autres métiers: finance, RH, logistique, fret, etc.
Comment trouver ces candidats?
«Nous avions lancé une première campagne employer branding en 2017, qui avait plutôt bien fonctionné. Nous en préparons une nouvelle pour l’automne pour ne pas perdre cet atout. Il y a aussi les foires, ou le job dating CFL (depuis le lundi 27 juin jusqu’au 2 juillet, ndlr). Nous l’avions fait une ou deux fois avant la pandémie. Nous sommes présents dans plusieurs gares pour rencontrer les candidats et avoir un premier échange, comme un speed dating, pour voir des deux côtés s’il y a un intérêt à poursuivre.
Géographiquement, où recherchez-vous?
«Sur les métiers opérationnels, cela reste la Grande Région. Pour les métiers spécialisés, cela va aussi au-delà. Des candidats potentiels pensent qu’il faut être Luxembourgeois pour travailler aux CFL: ce n’est pas le cas. La langue luxembourgeoise reste véhiculaire au quotidien, mais ce n’est pas un critère KO et cela peut aussi s’apprendre au sein de l’entreprise. (Le Luxembourgeois reste cependant un critère pour les salariés en contact avec la clientèle, tiennent à préciser les CFL après publication de l’article, ndlr)
Il y a une stabilité d’entreprise.
Il y a la langue, mais aussi le manque d’expérience dans le ferroviaire qui peuvent freiner certains candidats…
«Nous sommes habitués à accueillir des candidats qui n’ont pas d’expérience dans ce domaine. Nous avons tout un dispositif de formation initiale.
Y a-t-il des limites d’âge ou d’état de santé pour certains métiers, comme conducteur de train?
«D’âge, certainement pas. Évidemment, il faut, comme dans chaque métier, une aptitude physique médicale. La vue peut jouer un rôle. Il faut aussi une aptitude psychologique. Sinon, il n’y a pas de prérequis à part les compétences, le potentiel et le mindset.
Quel type de profil attirez-vous?
«C’est très varié. Nous sommes loin d’avoir seulement des jeunes qui sortent de l’école. Avec la croissance, des métiers et spécialisations se sont ajoutés. Nous recrutons des personnes expérimentées pour certains spécialistes d’un domaine. Il y a aussi pas mal de personnes en reconversion.
En entretien d’embauche, sur quoi misez-vous?
«Il y a un certain besoin de stabilité. Pas de garantie d’emploi, cela n’existe pas, il n’y a pas de job à vie indépendamment de la manière dont on se comporte. Mais il y a une stabilité d’entreprise. C’est quelque chose qui est recherché, surtout dans des situations où il y a des incertitudes sur le marché comme avec le Covid. On voit aussi que le chômage est faible, cela veut dire que les personnes recherchent parce qu’elles veulent changer de job et espèrent trouver quelque chose de mieux qu’avant. Cela peut être le salaire, l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, les valeurs. Qui incluent la notion environnementale, importante pour les jeunes. Tout cela joue pour nous, c’est ce que nous représentons.»
Retrouvez la suite de notre série vendredi 8 juillet.