On imagine mal le fantasque génie Elon Musk attendre d’avoir fédéré des entreprises américaines du new space pour «inviter» la Nasa à se saisir de leurs solutions. L’entrepreneur à succès a failli tout perdre, un soir de décembre, avant que l’Agence spatiale américaine ne se décide de lui confier le contrat qui lui a permis de renverser la table, de devenir un acteur majeur du secteur, de renvoyer les lanceurs traditionnels au rang de dinosaures, jusqu’à permettre à quatre civils d’aller se promener à près de 600 kilomètres de la Terre – plus haut que la Station spatiale internationale – pendant trois jours.
Les Européens, eux, font le chemin inverse. Mardi, à la mi-journée, au cours du Space Forum, six d’entre eux, venant de Belgique, de France, d’Espagne et d’Allemagne (Aerospacelab, Anywaves, ConstellR, Exotrail, Pangea Aerospace et Satlantis) ont annoncé la création de YEESS, pour «Young European Entreprises Syndicate Space. Alors qu’ils ont des technologies prêtes à l’emploi, des clients, des salariés, ils disent se retrouver trop souvent catalogués au rang de «start-up» avec tout ce que le terme, dans ce secteur, comporte d’incertitudes.
«L’initiative YEESS», assure Juan Tomas Hernani, CEO de Satlantis et président de ce néosyndicat qui devrait accueillir une trentaine de jeunes entreprises dans les semaines à venir, «donnera un degré de liberté supplémentaire aux institutions nationales et européennes, en vue d’une meilleure allocation des ressources. L’Europe investit le quart du budget de la Nasa et, de fait, nous sommes obligés de trouver des moyens alternatifs, plus sélectifs, plus spécialisés, plus à même de produire un impact compétitif sur la scène du spatial mondial.»
«Nous sommes tous convaincus que la clé pour maintenir l’Europe à son niveau de leadership, dans les années à venir, réside dans un travail collectif avec les institutions et les acteurs traditionnels», renchérit son vice-président, Nicolas Capet, CEO d’Anywaves. «Notre objectif est donc de promouvoir nos savoir-faire et de proposer des solutions concrètes afin d’être impliqués dans les programmes institutionnels, de fournir de la compétitivité à notre secteur sur toute la chaîne de valeur, et ce de manière globale, au bénéfice des citoyens européens au regard de ce secteur hautement stratégique.»
Le syndicat, basé légalement en Belgique, entend poursuivre son recrutement d’entreprises au quartier général en Europe et âgées de 2 à 10 ans, avant d’aller se présenter aux institutions européennes.