Spécialisée dans les fonds d’investissement, l’asset servicing, la banque et le management, Yasmine Din occupe la fonction de head of client relations à BNP Paribas Luxembourg. Elle propose des solutions concrètes pour améliorer la représentativité dans les instances de décision.
Comment gérez-vous les éventuelles résistances ou le scepticisme à votre égard?
«Par l’implication, la responsabilité et la communication.
Pensez-vous que l’égalité hommes-femmes progresse au sein des conseils d’administration?
«Oui, et ce pour plusieurs raisons. L’Union européenne a adopté des textes contraignants pour réduire les inégalités salariales et augmenter la représentation des femmes au sein des conseils d’administration. Certaines sociétés, comme la nôtre, ont mis en place de réels indicateurs pour monitorer les progrès. Elles ont adhéré à des chartes de type ‘Women in finance’ et pris de réelles décisions publiques comme ‘Jamais sans elles’, qui nous invite à décliner tout panel de plus de trois personnes s’il ne compte pas au moins une femme. Je trouve qu’une preuve de la maturité des entreprises dans le domaine, c’est leur capacité à communiquer publiquement sur le sujet, à montrer des faits. Cela les valorise, assoie leur politique en faveur de la diversité et de l’inclusion et cela crée de l’émulation sur le marché. Cela tend aussi à mettre hors jeu ceux qui n’ont pas encore ce réflexe d’équité.
Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils d’administration?
«Les quotas sont efficaces pour atteindre la parité numérique entre femmes et hommes. Mais ils n’ont pas d’effet miracle, les quotas ne sont pas la solution pour l’égalité. Ils indiquent des tendances, mais c’est la culture sous-jacente qui est importante. Je préfère que les femmes soient reconnues pour leurs initiatives que pour le pourcentage qu’elles représentent dans une société.
En tant que femme administratrice, vous sentez-vous investie d’une responsabilité particulière dans la défense de la parité et de l’inclusion?
«C’est le rôle de tous de défendre les sujets de parité et d’inclusion. Néanmoins, j’apprécie(rais) d’être un ‘role model’ pour d’autres, de les inspirer en leur montrant qu’il est non seulement possible, mais aussi normal, d’exercer des responsabilités identiques à celles de nos amis, les hommes.
Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration?
«La diversité apporte une variété de perspectives, d’expériences et de compétences, ce qui peut enrichir les débats et les prises de décision. Des membres issus de différents horizons peuvent apporter des idées innovantes et des solutions créatives aux problèmes rencontrés par l’entreprise. Plus il y a de diversité à tous les étages de la société, plus il y a de chance d’être sur la même longueur d’onde que nos clients et nos autres partenaires.
Selon vous, quelles solutions ou quelle politique pourraient encourager une meilleure parité?
«Le monitoring en est un, la reconnaissance des entreprises qui jouent le jeu pourrait en être une autre. Par exemple via des labels qui pourraient être une porte pour le business. Imaginez que les appels d’offres ne puissent être envoyés qu’à des sociétés qui sont reconnues par un label tel que celui de l’INDR pour les entreprises socialement responsables (dont la mixité est un des critères d’obtention).
Quel conseil donneriez-vous à une femme qui hésiterait à se lancer?
«1. De se former 2. De networker, de rencontrer ses ‘role models’. 3. D’oser! Je lui déconseillerais de se comparer aux autres pour davantage se comparer à ce qu’elle était hier et à ce qu’elle veut être demain. Cela pour identifier ce qui lui manque pour atteindre ses objectifs. Et souvent, le gap est moins grand qu’elle ne croit. Just go for it! Si vous attendez de tout maîtriser pour avancer, vous resterez sur le quai. Le train ne passe pas toujours plusieurs fois.»