Vincent Bechet: «N’y a-t-il pas là un véritable problème de fond sur l’affaire Covid-19?» (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne Publishing SA)

Vincent Bechet: «N’y a-t-il pas là un véritable problème de fond sur l’affaire Covid-19?» (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne Publishing SA)

Comment passer d’un climat anxiogène à une approche proactive et volontariste de la gestion de la crise pour éviter une vague de casse sociale?

Peut-être et avant tout, il serait temps de se poser la question suivante: y a-t-il encore une véritable crise sanitaire? Nous sommes aujourd’hui dans une sorte de marche forcée imposée par des annonces orientées, chiffres à l’appui, relayées par les médias mainstream qui ne font qu’entretenir un climat anxiogène à tel point que nous ne sommes plus à même de faire la part des choses.

Je prends pour simple exemple ce qu’il vient de se passer le mois dernier (août 2020) en Belgique . Sont décédés de la canicule sur une période de 16 jours plus de 5.000 personnes et ce, dans la plus grande indifférence alors que tout notre système de santé est sur le pied de guerre pour le COVID, que des centaines de millions d’euros ont été soit réservés, provisionnés ou déjà versés à l’industrie pharmaceutique pour un hypothétique vaccin et pendant ce temps-là, aucun investissement en climatisation ou support au système médical, maisons de retraite, etc. En trois semaines de canicule, il y a eu plus de décès que ceux attribués au Covid-19. N’y a-t-il pas là un véritable problème de fond sur l’affaire Covid-19? Comment en sommes-nous arrivés là? Il faudra sans doute des mois et plusieurs commissions d’enquête qui sont déjà mises en place dans certains gouvernements européens pour éclaircir le process qui nous a amenés à ce désastre.

La situation d’aujourd’hui n’est en rien comparable à celle de mars; situation face à laquelle le gouvernement luxembourgeois a réagi avec proactivité, efficacité et les chiffres sont là pour démontrer que ce qui a été mis en place en mars, avril, mai a été d’une grande efficacité et j’en remercie les pouvoirs publics luxembourgeois.

Le véritable chiffre déterminant pour qualifier une pandémie est le nombre de morts par jour, semaine ou mois par million d’habitants. Force est de constater qu’il est plus faible aujourd’hui, et à peu près partout, que toute autre cause de mortalité et que nos services d’urgence qui ont été montés en puissance en mars-avril sont quasi désertés de malades du Covid-19.

Aujourd’hui, et je ne le répèterai jamais assez, nous ne sommes plus dans la même situation. Ce n’est pas moi Vincent Bechet qui n’ai aucune compétence scientifique ou une quelconque formation en soins de santé qui le dit, mais bien des centaines, milliers de chercheurs, professeurs en épidémiologie, des gens de terrain qui s’expriment un peu partout à travers le monde, preuves à l’appui, et avec des convictions profondes sur la qualité des travaux qu’ils poursuivent et, je le pense sincèrement, pour seul objectif de faire connaître la vérité sur la situation ACTUELLE.

Il est donc temps de sortir de ce climat entretenu qui a poussé ces huit derniers mois l’ensemble de la population mondiale à une attitude de défense, d’épargne forcée, de repli sur soi qui tout naturellement a impacté lourdement nos économies. Je n’ai que quelques lignes pour positiver, je ne vais donc pas me perdre dans le débat des pour et des contre. Je veux juste soutenir toute initiative qui redonnera vie à nos activités.

Il n’y a donc à mes yeux qu’une formule et un seul acteur qui pourra réellement influencer nos comportements et c’est le même qui gère cette crise depuis mi-janvier, c’est notre Gouvernement en changeant la méthode de communication sur le Covid-19.

Aujourd’hui, le télétravail est vu comme la panacée pour sortir de cette crise. Il en génère juste une autre quand il est pratiqué à l’extrême.
Vincent Bechet

Vincent BechetManaging directorINOWAI

De par mon métier, j’ai des retours du terrain étant donné que chaque TPE, PME ou grande entreprise a un passage obligé vers l’immobilier. Pour les TPE et PME, les bonnes volontés, l’esprit combatif, et l’approche proactive et volontariste sont là, mais elles sont tenues de respecter les lois liberticides imposées. On essaye bien d’intégrer de nouveaux moyens de communication, les nouvelles technologies, ce qui permet de maintenir les activités qui font le succès du Grand-Duché de Luxembourg: industrie des fonds, private equity, family office, assurances, etc. Mais essayer de servir une pizza via Teams, appelez-moi si vous y arrivez. Idem pour beaucoup de ces activités, de ces jobs assurés par ces milliers d’entrepreneurs.

Aujourd’hui, le télétravail est vu comme la panacée pour sortir de cette crise. Il en génère juste une autre quand il est pratiqué à l’extrême.

Grâce aux aides gouvernementales, aux moratoires offerts par les banques, beaucoup de ces TPE et PME ont tenu jusqu’à cette rentrée de septembre. Hélas, certaines n’y sont même pas parvenues. Il faut donc avec, je dirais, effet immédiat, sortir du climat anxiogène qui va jusqu’à mener certains individus à conduire seul dans leur voiture, une paire de gants aux mains et un masque sur le visage. À quel point sont-ils terrorisés pour se comporter de la sorte?

Il faut une proportionnalité adaptée à la situation réelle de cette crise sanitaire d’aujourd’hui.
Vincent Bechet

Vincent BechetVincent BechetINOWAI

Je ne vois donc qu’une solution avec un discours officiel de reconnaissance d’une situation sanitaire différente de celle de mars. Bien entendu, que nous devons protéger nos ainés, bien entendu que nous devons continuer de protéger les personnes dites à risque, mais pour le reste, les messages doivent être clairs, refléter la réalité des risques pour le reste de la population, solidaires autant d’un point de vue sanitaire que d’un point de vue économique pour un retour à une activité économique même si des changements profonds resteront, tels que l’intégration à dose raisonnable du télétravail qui a vu une accélération fulgurante en mars-avril.

Il faut une proportionnalité adaptée à la situation réelle de cette crise sanitaire d’aujourd’hui. Souvenez-vous que lors du lockdown, alors qu’on savait que nos jeunes étaient nettement moins sensibles au COVID-19, ils ont été solidaires de nos aînés et ont respecté les consignes de l’époque. Nous les sacrifions aujourd’hui et nous sacrifions également aujourd’hui une masse de jobs assumés par les TPE et PME, pour la plupart dans le monde du service; HORECA et événementiel en tête. Ces anonymes qui nous servaient dans les hôtels, bars, restaurants, boites de nuit n’ont pas droit au chapitre aujourd’hui. Ces jeunes qui ont terminé leurs BAC, BAC pro, BAC +2, BAC + ce que vous voulez sont face à un marché de l’emploi hyper tendu, face à des entreprises figées dans leurs décisions étant donné que tout le monde s’attend à une crise sans précédent.

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