Fort de ses expériences précédentes, Pascal Koster est devenu le meilleur ambassadeur de son nouveau projet, XBrain, une intelligence artificielle vendue comme un service à tous les projets «smart». (Photo: Paperjam)

Fort de ses expériences précédentes, Pascal Koster est devenu le meilleur ambassadeur de son nouveau projet, XBrain, une intelligence artificielle vendue comme un service à tous les projets «smart». (Photo: Paperjam)

On l’avait quitté il y a deux ans, cédant ses parts de Join à Post. Au Web Summit à Lisbonne, on retrouve Pascal Koster aux manettes techniques d’Esplendor Group, qui a commencé à vendre XBrain, inspiré et soutenu par le géant chinois Alibaba.

Cette semaine, au Web Summit à Lisbonne, un ministre de l’Environnement et du Développement durable d’un petit pays viendra signer discrètement un contrat inédit avec la start-up luxembourgeoise Esplendor Group. Pas question d’en dire plus, est superstitieux. Ce pays sera le premier à demander à Esplendor de le transformer en «smart country».

«Tant que l’encre n’est pas sèche, elle n’est pas sèche», glisse-t-il mardi, sur son stand, à l’entrée du premier des cinq halls du plus gros sommet technologique d’Europe. L’environnement du stand ne donne pas vraiment envie de s’y arrêter. Un cerveau vert sur un panneau noir annonce pourtant une rupture technologique: la connectivité comme un service, doublé de l’intelligence artificielle comme un service.

XBrain est né de «l’observation de ce que faisait Alibaba en la matière. Ils sont venus nous voir pour les aider à s’implanter en Europe, mais nous nous sommes dit que cela n’existait pas [ici]», raconte celui qui a été obligé de céder Join, exsangue financièrement, à Post, uniquement pour la plate-forme technologique.

Quatre couches pour «smart projects»

Quatre hommes se sont associés dans le projet: outre Pascal Koster, le Suisse Libor Voncina (CEO), qui a aussi dirigé Sunrise ou KPN Belgium de 2006 à 2011; Dirk Neugebauer est l’architecte de cette structure inédite; et Ulf Theobald est l’ancien directeur technique de Join.

Les quatre associés mettent 250.000 euros, et forts du soutien du géant chinois de l’e-commerce, commencent à développer .

- La première est celle de la connectivité, de l’internet des objets à la 5G, quel que soit le standard retenu. Soit le client a ses propres cartes SIM, soit il achète de la connectivité;

- Par-dessus, la suivante permet de gérer ses appareils ou son infrastructure;

- La troisième permet d’expédier les données dans le cloud, au lieu de devoir les gérer dans sa propre infrastructure, trop chère à gérer;

- La quatrième est le cerveau, l’intelligence artificielle pour analyser les données et recracher des modèles de gestion qui pourraient être transposables dans d’autres usages. Par exemple, un mélange de drones et de technologies de Qualcomm a permis de créer une solution qui est capable de détecter avec précision quel pied de vigne est malade et de le traiter de manière chirurgicale. Cette solution a été vendue à un industriel du café en Colombie. Cette couche se double en deux aspects: la sécurité pour protéger les données et une plate-forme qui regroupera une communauté de développeurs partout sur la planète, capables de communiquer en temps réel et d’améliorer leur code.

De quoi engranger 250 cas d’usages dans beaucoup de cas de figure, de l’industrie à l’agriculture en passant par la «smart city». Et de redévelopper des solutions pour chaque cas concret à partir des technologies développées pour un premier client.

Un produit-test rapidement, pas un simple concept

«Tout est ‘GDPR compliant’», explique le serial entrepreneur. «Nous commençons par établir un projet avec un client potentiel et nous construisons un modèle à partir de ses besoins. Nous lui livrons rapidement une vraie version de ce que sera la solution, par exemple pour cinq appareils, histoire de montrer que ça fonctionne, pas comme la plupart des fournisseurs de concepts… Et ensuite, nous continuons à développer des pilotes jusqu’à l’implémentation».

Avec Alibaba qui emmène lui-même quelques projets qu’il ne pouvait pas traiter, plus le recours à Amazon Web Services, Google Cloud ou Alibaba Cloud, la mayonnaise de Pascal Koster ne tarde pas à prendre. L’année comptable n’est pas encore terminée que le groupe affiche un chiffre d’affaires de 2,5 millions, contre les 2 millions espérés. «Nous voulons doubler [ce chiffre] pour chacune des quatre prochaines années. Je crois qu’il n’y a pas beaucoup de start-up qui peuvent en faire autant au Luxembourg», glisse le quinquagénaire avec des yeux qui pétillent d’envie.

«De 20 personnes – la société Esplendor Group et X-Cite, que nous intègrerons dans le groupe l’an prochain –, nous passerons à 40 personnes. Et nous voulons avoir un client par verticale, un État ou une ville, une industrie, une société agricole, un logisticien et une société qui travaille dans l’hospitalité. Notre première question était ‘est-ce que notre avion vole?’ Aujourd’hui, nous le savons!»

L’avion a décollé. Il va atteindre sa vitesse de croisière.

Join, Pascal Koster n’a pas envie d’en parler. «C’est ça, l’entrepreneuriat. Tu essaies de faire des trucs. Tout est lié à l’environnement que tu as autour de toi…»