Il est peut-être un des visages les moins connus de la campagne pour les municipales de mars 2020 à Metz, mais Xavier Bouvet, qui mène la liste de gauche Unis!, pourrait bien être une des surprises du scrutin.
L’ancien directeur général de l’agence d’attractivité Inspire Metz est en campagne depuis le mois de septembre. Au sein d’Unis! sont rassemblés le mouvement citoyen Esplanade, Europe Écologie Les Verts, Génération.s, les Radicaux de gauche et le PCF.
5.300 frontaliers à Metz
Dans un sondage réalisé en juillet dernier par l’Ifop pour LREM, son parti était crédité d’environ 20% des suffrages, ce qui le plaçait dans le duo de tête avec LREM. Dans un nouveau sondage, commandé cette fois à OpinionWay par le candidat Jérémy Aldrin (Agir) et publié ce mercredi par Le Républicain Lorrain, François Grosdidier (LR) arriverait en tête au premier tour avec 25% des suffrages, suivi par la candidate RN Françoise Grolet (18%) et Xavier Bouvet serait troisième avec 16%.
Et le mardi 5 novembre, l’équipe de campagne d’Unis! était au Luxembourg pour parler codéveloppement, mobilité ou encore télétravail. «Aujourd’hui, le premier employeur à Metz est le Luxembourg avec 5.300 travailleurs frontaliers, et ils sont même 8.500 au total dans l’agglomération, donc nous sommes aussi concernés par le phénomène des frontaliers», a expliqué Xavier Bouvet lors d’un point presse organisé place d’Armes.
Augmenter les infrastructures ferroviaires
C’est dans cette optique que des réunions ont été organisées dans la matinée mardi avec différents représentants syndicaux et politiques. «Nous avons rencontré des membres de la section des frontaliers de l’OGBL, les politiques , et pour Déi Gréng, ainsi que pour le CSV», précise Xavier Bouvet.
«L’idée est d’être prêts au mois d’avril prochain, d’avoir les dossiers sur lesquels nous voulons travailler pour les frontaliers, nous gagnons du temps en prenant déjà des contacts.» Et tous se sont accordés à dire «qu’il y a urgence! Nous avons trouvé un consensus sur plusieurs sujets, notamment le besoin d’augmenter les infrastructures ferroviaires.»
L’A31 bis «n’est pas la solution»
Pour le candidat messin, qui prévoit dans son programme un renforcement des transports en commun à Metz, «c’est dans la continuité de cet effort que d’augmenter le cadencement et de doubler la ligne vers le Luxembourg. Il faut encourager les frontaliers à laisser leur voiture au profit du train, mais il faut leur donner une garantie que le matériel roulant sera efficace. Il y a une vraie urgence aujourd’hui.»
Et sur l’épineux sujet de l’A31 bis, qui est actuellement au cœur d’un comité de pilotage: «Je pense que ce n’est pas la solution», affirme Xavier Bouvet. «Si l’on augmente le nombre de voies, on augmente le flux et, au final, on aura le même problème de saturation en très peu de temps. Si l’A31 bis se fait, il faudrait qu’une voie soit réservée au covoiturage et aux transports en commun, mais pour nous la seule solution c’est le ferroviaire.»
Mettre en place un codéveloppement
Le télétravail a également été évoqué lors de l’entretien avec l’OGBL. «L’accord de Paris signé en 2018 n’est pas satisfaisant, il faut aller plus loin et atteindre un nombre de jours autorisés de l’ordre de 56 par an, il faut diminuer le nombre de déplacements des frontaliers.»
L’idée de mettre en place un codéveloppement entre la France et le Luxembourg est également un enjeu, «mais il faut voir sous quelle forme. Il faut encourager les entreprises luxembourgeoises à s’installer de l’autre côté de leur frontière, mais je ne crois pas que les zones franches soient la bonne solution.»
L’épineux sujet de la rétrocession fiscale
La métropole messine n’a pas forcément la main sur ces compétences en matière de codéveloppement ou d’infrastructures ferroviaires, qui sont gérées par la région Grand Est ou l’État, «mais nous pensons que nous avons aussi un rôle de lobbying à jouer pour faire avancer ces sujets», expliquent les membres d’Unis!.
Et si ces sujets ont trouvé un certain consensus auprès de leurs interlocuteurs luxembourgeois, sur celui d’une rétrocession fiscale accordée à la France «ils se sont montrés plus frileux», confie Xavier Bouvet. «C’est surtout sur les modalités de sa mise en place que les députés que nous avons rencontrés aujourd’hui (lire mardi) sont réticents.» En témoigne du Premier ministre sur le sujet côté allemand.
Un des arguments souvent mis en avant par le Luxembourg pour refuser cette rétrocession fiscale est de penser que l’argent versé irait dans les caisses de l’État français, et non pas aux territoires frontaliers. «C’est pourquoi le co-développement peut aussi être une solution», ajoute Xavier Bouvet.
Sept candidats en lice pour l’instant
Unis! prévoit déjà d’organiser de nouvelles rencontres avec d’autres partis luxembourgeois, «l’idée est vraiment d’avoir leur ressenti sur l’avenir de la Grande Région, qui nous concerne tous».
Pour rappel, le premier tour des élections municipales à Metz aura lieu le 15 mars prochain. Dominique Gros, maire sortant, ne briguera pas un troisième mandat et sa succession est plus ouverte que jamais. Sept candidats se sont aujourd’hui déclarés: Thomas Scuderi pour le Parti socialiste – mais qui n’a toujours pas reçu l’investiture du parti –, Richard Lioger – qui a reçu l’investiture de LREM –, Béatrice Agamennone – dissidente LREM –, Jérémy Aldrin pour le parti Agir, François Grosdidier pour Les Républicains, Françoise Grolet pour le RN, et Xavier Bouvet pour Unis!.