«Il y a encore du boulot… Cela fait de nombreuses années que je suis dans le business, on sait que l’on a un impact. Mais les statistiques, elles, n’évoluent pas.» Fondatrice et managing director de la société Wide Andco, s’en désole année après année: les changements de mœurs n’y changent rien, justement, les femmes demeurent sous-représentées dans la tech.
Non qu’elles se désintéressent du sujet. Au contraire, «les filles viennent sur les activités que nous proposons, elles aiment beaucoup ce qu’elles font, mais c’est au moment du choix des études que cela se joue», poursuit la dirigeante. Car les obstacles sont nombreux. Tenaces. Et ce, dès le plus jeune âge.
«Les enfants savent très bien, malheureusement, ce qu’est le rôle d’une fille et ce qu’est le rôle d’un garçon dans la société. L’éducation est très genrée. Ce sont des messages qui sont rapidement intégrés. Moi, j’ai une fille. À l’âge de 2 ans, elle savait qu’elle était une fille, que maman était une fille, etc. À 2 ans et demi, elle savait ce qu’étaient un jouet pour fille et un jouet pour garçon… La petite enfance, c’est là que tout se joue. À la limite, nous, on arrive trop tard. Mais il existe des marges de manœuvre, et ce sont ces marges qu’il nous faut explorer», développe Marina Andrieu.
«L’exemple assez pertinent au Luxembourg, c’est une jeune fille bonne élève en sciences, à qui il va être conseillé de faire médecine. L’informatique n’est pas une possibilité de carrière qui est proposée. Il faut dire aux parents, même les plus éduqués, que leur fille peut devenir la prochaine Mark Zuckerberg», assène Marina Andrieu, qui prêche inlassablement la bonne parole lors d’events et l’a encore fait, mercredi matin, à l’occasion d’une revigorante table ronde.
«Dynamiser le pays»
Cette mission de sensibilisation, l’organisation Women in Tech, déjà présente dans une cinquantaine de pays, entend désormais la conduire au Luxembourg, où elle vient de démarrer ses activités. «L’idée, c’est de dynamiser le pays sur ce sujet et de mettre en avant toutes les initiatives prises sur le plan local», dépeint la country director Zineb Bensaid, par ailleurs fondatrice et CKO de la société DealFox, spécialisée dans la recherche d’opportunités d’investissement. Zineb Bensaid travaille main dans la main avec la CEO Ayumi Moore Aoki, fondatrice de Women in Tech Global, la structure dirigeante à l’échelon international.
«Background familial», «stéréotypes»… Pour elle, l’explication au manque d’effectifs féminins se veut «multifactorielle». Le changement, c’est maintenant? «Il faut être optimiste, et c’est pour cette raison que l’on existe», répond celle qui se souvient, au fil de son parcours, avoir été souvent la «seule» ou la «plus». La «seule» femme présente à la table de négociations, la «plus» jeune… «Je n’en ai jamais fait une question, mais à travers mes rencontres, je sais que cela peut en représenter une pour certaines. Il nous faut donc les accompagner.»