Le Rocher s’est doté d’une ambitieuse politique de digitalisation qui passe par le Luxembourg pour deux dimensions, l’e-embassy et Tokeny. (Photo: Shutterstock)

Le Rocher s’est doté d’une ambitieuse politique de digitalisation qui passe par le Luxembourg pour deux dimensions, l’e-embassy et Tokeny. (Photo: Shutterstock)

5G depuis l’été 2019, fibre et premier cloud souverain en 2021, e-embassy au Luxembourg dans la foulée, plateforme de levée de fonds dopée à la blockchain de Tokeny, Extended Monaco va profiter de sa configuration particulière pour devenir une référence mondiale pour 45 millions d’euros par an.

«Aujourd’hui, plus que jamais, le numérique est devenu pour chaque pays un sujet stratégique et critique. C’est pourquoi j’ai à cœur d’amplifier son usage au sein de la Principauté afin qu’il aide mon pays à écrire une nouvelle page et devenir un pays modèle en termes de numérique.» Début septembre, le Prince Albert de Monaco lance officiellement Extended Monaco.

Pour 50 millions d’euros, la Principauté va devenir un État de référence dans le monde à la faveur des développements technologiques. Depuis l’été 2019, le Rocher a profité de sa petite taille pour faire passer tout le monde à la 5G, non sans accompagner cette transformation d’une étude d’impact, notamment en termes de santé publique. La fibre devrait être déployée complètement d’ici la fin de l’année.

Banal? Non. Cela a permis à la Principauté de basculer en e-education dès le début du covid-19, via Teams. Les entreprises ont toutes pu demander directement leurs aides via internet, et la téléconsultation est devenue une réalité en un claquement de doigts pour les 35% de médecins qui souhaitaient (et pouvaient) y passer.

«Si le cloud monégasque avait été actif en mars, la Principauté aurait bénéficié de solutions numériques d’excellence de manière quasi immédiate. Des exemples de solutions-clés auraient été des plateformes de visioconférence, de e-commerce, de livraison à domicile…», assure le Monsieur Numérique de Monaco, Frédéric Genta.

Cloud souverain et technologie d’Amazon

«Nous avions rencontré  (DP) au Luxembourg, il y a un an et demi», confie à Paperjam le délégué interministériel chargé de la transition numérique. «Pour avoir une discussion au sujet de notre besoin de mettre nos données en sécurité à au moins 120 kilomètres, ce qui n’est pas possible à Monaco. Le numérique est une formidable opportunité pour les petits pays qui veulent ajouter de la valeur sans avoir beaucoup d’espace. Ensuite, conserver notre qualité de vie exceptionnelle est l’autre ambition de notre projet.»

«Monaco aura bientôt son cloud souverain avec une opération monégasque, mais une technologie Amazon», explique M. Genta. «Nous n’avons pas de technologie cloud monégasque. Ce n’est pas Amazon qui opère notre cloud, qui est souverain. L’administration américaine n’a pas accès ni techniquement ni juridiquement à nos données. Il fallait s’appuyer sur une technologie, et nous avons choisi celle d’Amazon. Nous cherchions une souveraineté, et maintenant. Ce qui n’existe pas… mais j’ai besoin d’une solution maintenant!»

«Nos données sont dans un data center monégasque. Dans ce cadre-là, nous avons le projet de l’e-embassy au Luxembourg, une fois le cloud souverain lancé pour avoir une redondance et que nous bénéficions de cet espace dans le data center luxembourgeois que nous avions visité. D’ailleurs, si on n’avait pas été obsessionnel sur la souveraineté, on ne serait pas venu au Luxembourg, on aurait mis nos données dans un deuxième data center à Marseille, c’était plus proche et moins cher. Le statut d’e-embassy montre combien on est attaché à la souveraineté du pays.»

Dès leur plus jeune âge, les petits Monégasques ont trois heures d’apprentissage du code par semaine. Tous les professeurs ont été équipés de technologie, mais aussi de méthodologie de cours à distance.

«Il y a quelques semaines, nous avons annoncé un partenariat avec Euronext pour lancer une plateforme d’investissement pour des entreprises qui voudraient s’établir à Monaco», explique-t-il. Depuis cet été, .

«Pour chaque émission de jetons, Tokeny fournit une plateforme de souscription sécurisée, en marque blanche pour le compte de l’émetteur, dans laquelle les investisseurs pourront s’identifier, se connecter, consulter la documentation légale du titre, fournir les données et documents nécessaires pour valider leur conformité avec les critères d’éligibilité tels que définis par l’émetteur, souscrire aux tokens représentant le titre émis et, enfin, recevoir les instructions nécessaires pour procéder au paiement», détaille Diego Bonaventura, en charge de l’économie numérique à la Délégation interministérielle de la transition numérique. IceBreaker, la société de production du cinéaste documentaire oscarisé Luc Jacquet pour «La Marche de l’empereur», a été la première à bénéficier de cette initiative qui vise à générer au moins une dizaine de deals.

«Tous les sujets sont traités au même endroit», explique M. Genta. «Nous profitons d’un leadership très fort du prince, d’une vision partagée et adoptée par le pays, une marque, une approche, et d’une centralisation efficace», pour atteindre une grande partie du plan entre 2019 et la fin de 2021, et le début de 2022.