Isabelle Thill (au centre) a lancé la Yoga Conference Luxembourg, événement d’envergure internationale, l’an dernier pour la première édition. (Photo: YCL)

Isabelle Thill (au centre) a lancé la Yoga Conference Luxembourg, événement d’envergure internationale, l’an dernier pour la première édition. (Photo: YCL)

Avant de devenir un business à part entière, le yoga est avant tout une discipline qui vise l’harmonie du corps et de l’esprit. Une histoire de rencontres et d’inspiration, aussi. C’est l’essence même de la Yoga Conference Luxembourg, dont la deuxième édition se tiendra du 4 au 6 octobre. 

Depuis plus de 20 ans déjà, la fondatrice, directrice et professeur chez Exhale Yoga Luxembourg, Isabelle Thill, a fait du yoga une partie intégrante de son quotidien. Une discipline à laquelle elle s’est formée et qu’elle a pratiquée aux quatre coins du monde: en France et au Luxembourg, mais aussi en Inde, en Chine et en Afrique du Sud… Ses rencontres, ici et là, l’ont confortée dans sa pratique, qu’elle continue à développer au fil du temps. 

«Selon moi, le yoga est l’outil le plus puissant pour se guérir physiquement et mentalement. C’est un outil que personne ne va pouvoir vous prendre. J’ai beaucoup voyagé et j’ai rencontré plusieurs maîtres de yoga, comme en Inde. J’ai eu beaucoup de chance. Plus on apprend, plus on se rend compte qu’il y a beaucoup d’étapes à franchir pour parvenir à un vrai détachement. Si on est esclave de ses besoins, on est faible, et en pratiquant le yoga, on apprend à se détacher et on crée une liberté et un espace pour grandir, évoluer. Ce qui est, selon moi, la définition du bonheur. Par exemple, dans mon studio, on a ce mantra qui dit ‘be yourself’. Si on est soi-même, on attire les choses qui sont bonnes pour nous-mêmes. Mais, aujourd’hui, peu de gens osent véritablement être eux-mêmes», pense Isabelle Thill. Le yoga connaît toutefois un engouement certain et promet à ses pratiquants «une meilleure vie, plus sereine. Un meilleur état d’esprit. C’est une méthode accessible à tout le monde», insiste Isabelle Thill. 

Plusieurs niveaux de pratique

En yoga, il existe différents niveaux de pratique, «certaines personnes pratiquent uniquement pour leur bien-être physique, d’autres vont plus loin pour travailler sur leur mental, avec des méditations». Parmi ces pratiques et formes, chacune dispose de ses propres caractéristiques et objectifs. L’ashtanga, par exemple, est une forme de yoga dynamique où chaque mouvement est synchronisé avec la respiration. Le hatha, plus doux et accessible, est souvent utilisé pour initier de nouveaux élèves. Le kundalini est une pratique davantage spirituelle, tandis que le yin yoga va cibler les tissus conjonctifs plutôt que les muscles. Le jivamukti intègre une forte dimension philosophique, avec des musiques, des chants et des médiations en plus des asanas. 

Autant de pratiques qui ont chacune leurs subtilités et qui seront mises en lumière lors de la Yoga Conference, qu’Isabelle Thill a pensé comme un événement favorisant la cohésion et l’inspiration. «J’invite des professeurs que j’ai rencontrés lors de mes voyages, mais aussi des professeurs moins connus, des jeunes, à qui on laisse la chance de se faire connaître», annonce Isabelle Thill. Pendant deux jours, avec une dizaine de professeurs, il sera possible d’explorer tout autant de pratiques, «ce qui nécessiterait des semaines de voyages dans le monde entier! Ce sont seulement deux jours, mais l’expérience est tellement intense», confie-t-elle. 

L’événement s’adresse à la fois aux professeurs de yoga et au grand public, aux pratiquants expérimentés comme aux débutants, avec des sessions de différents niveaux. «Il y aura aussi des lectures, de la nourriture ayurvédique. L’idée, c’est vraiment de transmettre le spectre entier d’un mode de vie holistique. Pour commencer un voyage, il faut faire le premier pas. C’est pareil pour le yoga. Il ne faut pas se mettre de barrières, car sortir de sa zone de confort est déjà une forme de liberté. Je ne connais personne qui regrette d’avoir suivi un cours de yoga», confie Isabelle Thill. 

L’événement s’ouvrira le vendredi 4 octobre avec un cours de jivamukti d’Isabelle Thill. Le lendemain, samedi 5 octobre, la journée sera l’occasion de pratiquer certaines formes de yoga telles que le navakarana vinyasa ou le yin yoga. Un atelier d’inversion et d’ascension équilibrée sera proposé le matin. L’après-midi, Rebecca Hannah proposera de découvrir la thérapie par le flow thaï, et la journée se terminera par une conférence sur l’ayurveda, une forme de médecine traditionnelle originaire de l’Inde. Au programme, le dimanche: une séance de navakarana vinyasa de nouveau, un atelier sur «l’art de la flexibilité», un autre sur les «fentes gracieuses et ouvertures de hanches», un atelier d’auto-hypnose et un bain sonore. Certaines propositions feront l’objet de places limitées, comme un atelier sur la méthode Wim Hof, des soins reiki et deux ateliers pour les enfants. 

Si les réseaux sociaux ont contribué à démocratiser la pratique du yoga, ils l’ont aussi dénaturé d’une certaine façon, selon Isabelle Thill. «À l’époque, quand on allait dans un studio de yoga, on se sentait en sécurité, on y aller pour se guérir, s’apaiser. De plus en plus, on a un portable dans le visage, on est pris en photo, et cela devient un espace où l’on ressent encore plus la pression de l’image. Ça enlève ce sentiment de liberté», regrette-t-elle.

Pour autant, les réseaux sociaux sont aussi un outil dont il faut savoir se saisir pour se faire connaître, comme dans n’importe quel business. D’autres «adeptes» vont plus loin et proposent ou pratiquent du «yoga numérique». Un format dématérialisé qui fait tout de même un peu perdre de son esprit au yoga. «Un cours en ligne ne peut pas remplacer un cours en présentiel. Cela peut même être dangereux dans certains cas, si personne n’est là pour vous guider. C’est une solution lorsqu’on n’a pas le choix, comme à l’époque du confinement.»

«Aujourd’hui, le yoga est partout. Ce qui est bien, mais c’est un peu devenu un business qui a aussi perdu de son côté spirituel, c’est un travail intérieur et non extérieur», veut rappeler Isabelle Thill. La discipline a par exemple fait son entrée dans le monde de l’entreprise «pour sortir du train-train de la compétition, prendre de meilleures décisions, réduire le stress au travail». 

«À l’époque où j’ai commencé, il y avait très peu de yoga au Luxembourg. Les cours avaient lieu dans les salles de sport, et ils étaient beaucoup moins inspirants, car il manquait cette atmosphère propre au yoga», se souvient Isabelle Thill.

Il y a aussi de plus en plus de «profs» de yoga, pas toujours formés dans les règles de l’art. «Mais beaucoup de gens ne le font pas à plein temps, ce que je peux comprendre pour des raisons financières. Si on a un job dans une banque et qu’on donne des cours de yoga le soir, je crois que ce n’est pas la même qualité ou la même attitude. Si l’on s’intéresse uniquement aux professeurs qui ont une vraie formation et qui continuent en permanence à se former, qui sont dans un état d’esprit entier, on en recense beaucoup moins, je dirais peut être 20. Le yoga, c’est comme un chemin qui ne se termine pas, et c’est sa beauté. C’est constamment un renouvellement de son style d’enseigner», constate-t-elle. 

Une légère baisse de tendance, selon Isabelle Thill

Faudrait-il alors davantage encadrer la formation? «Au Luxembourg, ça n’est pas très réglementé. Yoga Alliance est un organisme qui certifie la formation, mais ce n’est pas obligatoire. Au Luxembourg, une autorisation de commerce suffit pour ouvrir un studio de yoga. Cela pourrait aider, au Luxembourg comme en Europe, que les choses soient réglementées. Mais en Inde, par exemple, ces questions ne se posent pas. On fonctionne davantage à l’instinct.»

Pour se différencier, Isabelle Thill, comme d’autres passionnés, a adopté une approche évolutive qui implique de se former en permanence. «À partir de ce mois-ci, je vais donner des cours d’une méthode qui s’appelle navakarana. Une pratique très stricte et très pure qui demande de la discipline. D’autres styles de yoga sont plus dilués et s’apparentent parfois à de la danse», explique la spécialiste, pour qui le yoga connaît toutefois une petite «baisse de tendance, parce que le pic est passé et que d’autres disciplines sont devenues à la mode, comme les Pilates».