2023 a été, pour l’industrie horlogère helvétique, une année record, selon la Fédération de l’industrie horlogère suisse qui annonce une progression de 7,6% des exportations pour quelque 26 milliards de francs suisses (soit 26,5 milliards d’euros). Le secteur employait fin 2023 65.000 personnes.
Mais la dynamique observée depuis le début de la décennie s’essouffle. En 2021, la croissance des exportations avait atteint 31,2% portée par une irrésistible envie, un besoin existentiel même de se faire plaisir au sortir de la crise du Covid. Un besoin doublement solvable porté par une épargne massive imposée par la pandémie et un afflux massif de moyens financiers lié au marché des cryptomonnaies. Le lien entre cryptomonnaie et industrie horlogère a été particulièrement mis en évidence sur le marché de la seconde main. Marché qui s’est retourné au moment du krach des crypto, initié en 2021-2022. Cette dynamique s’était poursuivie en 2022 (+11,4% de croissance) et en 2023 tout en s’estompant. Pour 2024, les observateurs tablent sur un reflux de l’activité entre 1% et 5% pour les plus pessimistes. Le secteur est rattrapé par une conjoncture économique moins florissante et par les inquiétudes géopolitiques. Les horlogers présents sur le salon restent eux plutôt optimistes et parient sur le développement de nouveaux marchés, notamment asiatiques et sur une optimisation de leurs stratégies de vente.
Malgré ce reflux, on devrait rester au-dessus des niveaux d’activité de 2022, année record avant 2023. Et cette baisse d’activité ne devrait pas toucher les grands noms: Rolex, Audemars Piguet, Patek Philippe, Richard Mille et Omega, bien préservés de ces soubresauts conjoncturels.
Des marques qui ont toutes sorti de nouveaux modèles. Omega avait frappé un grand coup avec la sortie d’un modèle de son iconique Speedmaster avec un cadran blanc. Un modèle aperçu au poignet de son ambassadeur, Daniel Craig, en novembre 2023 et qui depuis faisait jaser.
Rolex a attendu le l’ouverture du salon Watches and Wonders pour révéler ses nouveautés. Au programme, une GMT Master avec une lunette en céramique inédite grise et noire. Les aficionados parient sur une nouvelle déclinaison de la Coke (lunette rouge et noir). Ils devront se rabattre sur Tudor – la marque sœur – qui ajoute ce modèle à son catalogue. La gamme Oyster Perpetual Day Date 40 – la montre des présidents – s’étoffe avec deux nouveaux modèles en or rose et en or gris. La gamme Perpetual 1908 lancée en 2023 s’enrichit d’une version platine et cadran bleu. Les amateurs de plongée pourront investir dans une Deepsea or jaune 18 carats. Enfin, la Daytona compte deux nouvelles déclinaisons associant cadran contrasté blanc et noir en nacre naturelle et lunette sertie de diamants.
Chez Tudor, trois nouvelles Black Bay sont proposées: une GMT Coke comme évoqué précédemment, une version en or jaune 18 carats et une version monochrome noire. La ligne féminine Clair de Rose est revisitée et se pare de nouveaux cadrans bleus, couleur signature de la marque.
Patek Philippe sort pas moins de onze nouveaux modèles inédits. On retiendra tout particulièrement la Patek Philippe Quantième Perpétuel en ligne (Référence 5236P-010) qui offre la lecture de la date – jour, quantième et mois – sur une seule ligne. Une prouesse technique. Pour arriver à un tel résultat, il faut faire cohabiter trois disques qui à aucun moment ne devront se chevaucher. Plus facile à dire qu’à faire.
Hermès a de son côté dévoilée une nouvelle collection, la Cut, gamme de montres femmes sportive et chic qui se caractérise par un boitier de 36 mm «à mi-chemin entre le cercle et le rond» et par un remontoir positionné à 14 heures. Chanel n’est pas en reste. On citera la nouvelle montre de la collection Monsieur, la Superleggera Intense Black hero shot. Une édition limitée à 100 pièces. Quant à la maison Cartier, elle met à jour sa collection Santos, dotant notamment un des quatre nouveaux modèles d’une complication Dual time. La collection «Cartier privé», qui met à l’honneur le design de ses montres mythiques issues du répertoire de la Maison en sortant régulièrement des éditions limitées. Cette année, c’est la Tortue, un modèle lancé en 1912, qui est mise à l’honneur. Deux modèles sont proposés, dont un équipé d’un mono-poussoir.
Des exemples parmi d’autres. Cinquante-quatre maisons horlogères et du luxe ont présenté les nouveautés de leur catalogue. Et pour la première fois en 32 ans d’existence, des marques de milieu de gamme, comme Alpina ou U-Boat, exposent à Palexpo.
Pour l’édition 2024, c’est le tourbillon qui sort du lot. H. Moser rajoute à sa gamme Streamliner le modèle Streamliner Tourbillon Skeleton. Entièrement squelettisé afin de révéler la beauté d’un mécanisme dans lequel un tourbillon volant une minute à double spiral semble flotter en apesanteur. Jaeger-Lecoultre rajoute également à sa gamme Duometre un tourbillon. La Jaeger-LeCoultre Montre Duometre Heliotourbillon Perpetual intègre un tourbillon composé de 163 pièces et pesant 0,7 gramme se taillant la part du lion sur un cadran quantième perpétuel avec grande date et phase de lune. La manufacture du Sentier met également à jour son emblématique modèle Master Ultra Thin Perpetual, connu sous le sobriquet de «Doctor Strange».
La manufacture genevoise Frederique Constant, qui appartient au groupe japonais Citizen, lance également un nouveau modèle à tourbillon: le Frédérique Constant Highlife Tourbillon Perpetual Calendar Manufacture. Avec calendrier perpétuel en sus. Une pièce disponible en 88 exemplaires. Le détail qui tue: la petite seconde placée à 6 heures survole l’échappement. Hypnotique!