«Dans deux ou trois ans, nous aurons atteint les limites de capacités de la 4G. Plus rien ne fonctionnera. Ce sera comme une autoroute à l’arrêt.» Une image qui parle forcément aux 200.000 frontaliers qui viennent travailler au Luxembourg chaque jour et qui en ressortent, aussi.
Le directeur de Post Telecom, , dessine un avenir noir à toute résistance au changement, face à une dizaine de journalistes, pour le premier workshop organisé par un opérateur.
«Cet embouteillage à venir impose de nouvelles voies.»
Le graphique que présente son directeur des technologies de transport (!), Pierre Scholtes, est d’ailleurs une route, sinueuse, qui va des réseaux analogues dans les années 1970 à la 5G, en passant par la 2G (GSM) en 1993, la 2G (GPRS) en 2001, la 3G en 2003, la 4G en 2013, la 4G+ en 2016 et la VoLTE et VoWifi en 2017.
La 5G promet une latence au moins 10 fois plus faible, une vitesse 10 fois plus élevée, des capacités 10 fois plus élevées, un niveau de sécurité plus poussé, une densité plus élevée de connexions par kilomètre carré et une adaptation au besoin (le «network slicing»), selon les prévisions de Post. Gentiment, les hommes de Post se moquent des opérateurs qui vanteront la 5G juste dans leur logo, en utilisant la 3G ou la 4G.
L’ironie, légère, s’explique: l’ARPU, indicateur-clé de la consommation du grand public qui dit combien chacun dépense en moyenne pour utiliser son smartphone, a encore baissé pour les forfaits mobiles, de près de 7% à 23,50 euros, Et chaque nouveau client va compter.
Selon inCITES Consulting, citée par Digital Lëtzebuerg, de 39 à 63% des Luxembourgeois auront un abonnement à la 5G en 2025.
Les 749.000 abonnés mobiles, en hausse de plus de 20% sur un an, vont vouloir aller encore plus vite pour:
- jouer sur leur smartphone, comme le proposent déjà , de Nvidia ou de Google, disponible partout mais pas au Luxembourg;
- profiter du streaming vidéo, désormais une guerre de tranchées entre Netflix, Apple Video, Disney et consorts;
- passer à la réalité virtuelle et augmentée, comme, par exemple, pour visiter un musée avec une sensation d’immersion impossible à obtenir du meilleur des guides touristiques.
Une première… qui est une troisième
Le lundi 13 juillet, une équipe de chirurgiens italiens crie «cocorico» après avoir opéré au niveau des cordes vocales un patient décédé à l’aide de pinces et de lasers télécommandés grâce à la 5G par des chirurgiens à 15 kilomètres de distance.
C’est trois fois plus loin que la dernière opération spectaculaire. Un an plus tôt, fin février au Mobile World Congress de Barcelone, un autre chirurgien avait opéré un patient qui souffrait d’une tumeur intestinale depuis la grande scène de l’événement alors qu’il se trouvait à cinq kilomètres de là, dans une clinique de la capitale catalane.
Un mois plus tard, un patient atteint de la maladie de Parkinson a été opéré du cerveau par le docteur Ling Zhipei, à 3.000 kilomètres de distance.
Sauf que ces trois opérations dopées à la 5G ont été précédées d’une opération, le 7 septembre 2001, à 7.000 kilomètres de distance. Depuis New York, des chirurgiens avaient opéré la vésicule biliaire déficiente d’une patiente de 78 ans dans un hôpital strasbourgeois… grâce à une fibre optique à très haut débit.
Voiture autonome, smart city et industrie 4.0
La 5G devrait aussi favoriser le développement de la voiture autonome, ce qui s’inscrit parfaitement dans le projet luxembourgeois du triangle entre la France, l’Allemagne et le Luxembourg. Réglera-t-il la fameuse question du «trou» entre les réseaux de deux pays, que connaissent non seulement les frontaliers, mais ceux qui habitent à proximité des frontières? Pas sûr, disent les experts, puisque les règlements internationaux empêchent d’expédier des ondes vers les pays voisins.
À l’instar d’expériences menées par exemple au Luxembourg Institute of Science and Technology, la 5G permettra la transmission de données, en temps réel, à des gestionnaires d’infrastructures, qu’elles soient électriques ou logistiques. Un des projets permet par exemple d’organiser la tournée de ramassage des poubelles ménagères en fonction de leur degré de remplissage. De très nombreux projets sont amenés à voir le jour dans les années qui viennent autour de la gestion de l’électricité, du chauffage, des parkings…
Et parmi les futurs nouveaux clients des opérateurs, les industriels. La technologie leur permettra là encore d’installer des capteurs partout et d’optimiser leur production, même sur plusieurs lieux de production. Casques et lunettes de réalité augmentée serviront à la maintenance en temps réel, les robots seront synchronisés.
Digital Lëtzebuerg a retenu .