Luc Provost veut accroître rapidement les capacités de production de B Medical Systems. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Luc Provost veut accroître rapidement les capacités de production de B Medical Systems. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

B Medical Systems fabrique à Hosingen des réfrigérateurs dédiés aux vaccins. Son CEO, Luc Provost, prépare l’entreprise à travailler à un rythme jamais connu.

À quand remontent les premières commandes liées au Covid-19?

Luc Provost. – «Elles sont arrivées dès le mois d’avril. Il faut savoir que nos appareils peuvent servir non seulement aux vaccins Covid mais aussi à d’autres. Dès avril, des personnes nous ont contactés pour commencer à se préparer. Nous avons par exemple équipé la Bavière et la ville de Phila­delphie; nous sommes près de finaliser des projets au Mexique et au Pérou notamment.

La crise sanitaire du coronavirus est-elle le plus grand accélérateur pour votre entreprise?

«Le Covid-19 est de loin le plus grand vecteur de commandes qu’ait connu B Medical ­Systems dans son histoire. Mais des expériences antérieures, comme la vaccination à grande échelle contre la polio au Nigeria, où nous détenons 100% de parts de marché, nous ont permis de nous familiariser avec des commandes d’envergure comme celles que nous connaissons aujourd’hui.


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Quel est votre volume de commandes?

«Avant la crise sanitaire, une commande faisait entre 3.000 et 4.000 appareils. Aujourd’hui, nous sommes en train de parler de commandes allant au-delà des 15.000 appareils. C’est un vrai changement de dimension qui a eu lieu à cause du Covid, mais aussi une accélération: les délais de livraison doivent être assez courts, il faut que les pays soient équipés avant l’arrivée des vaccins.

Qu’est-ce qui distingue B Medical Systems de la concurrence?

«Cela fait plus de quatre décennies que nous sommes le leader mondial dans la chaîne du froid pour la vaccination humaine. Dans les années 1970, nous étions la seule société à avoir répondu au programme EPI de l’Unicef pour assurer les besoins de stockage de vaccins thermosensibles. Nous avons réussi à maintenir notre position de leader grâce à l’innovation technologique. Notre entreprise dispose d’une centaine de brevets, tous hébergés au Luxembourg.

Cela éveille-t-il des demandes de rachat?

«Nous avons été rachetés et revendus plusieurs fois. Nous avons toujours été détenus par des fonds d’investissement. Le plus gros changement est survenu en 2015, lors du rachat par le fonds malaisien Navis Capital Partners. De quatre ingénieurs en R&D en 2015, nous sommes passés à plus de 30 aujourd’hui. Navis Capital Partners a investi plus de 30 millions d’euros dans l’automatisation de notre site.

Comment concilier le travail en flux tendu avec la R&D?

«Le développement d’un nouveau produit prend en moyenne deux ans. Nous avons différents projets qui tournent en parallèle. Les 30 ingénieurs de R&D sont sur trois projets seulement. Au lieu d’avoir développé un projet en deux ans, nous l’avons fait en six mois. Nous avons fait preuve de flexibilité. Notre taille plus modeste que nos concurrents nous permet d’être flexibles, que ce soit en déploiement ou en production.

La gamme de réfrigérateurs produits par B Medical Systems à Hosingen. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

La gamme de réfrigérateurs produits par B Medical Systems à Hosingen. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Quels sont vos délais de production?

«Pour un congélateur à -80°C, il faut compter quelques heures de fabrication. On en a fabriqué plusieurs centaines par semaine, mais on va devoir monter à plusieurs milliers. Il y a vraiment une démultiplication. Nous sommes en étroite collaboration avec le ministère de l’Économie parce que nous souhaitons construire un hall de production dans les six prochains mois pour être opérationnels d’ici fin juin et multiplier notre ligne de production des -80°C par six et la chaîne traditionnelle par trois. Nous devons produire à grande échelle pour être capables de livrer rapidement et de répondre aux besoins cruciaux. On travaille vraiment en flux tendu: c’est premier arrivé, premier servi.

Un nouveau hall de production en six mois au Luxembourg, cela rappelle l’hôpital de Wuhan construit en 10 jours…

«Nous sommes très bien aidés par la commune de Hosingen. Le soutien du bourgmestre (Romain Wester, ndlr) est incroyable, les dossiers sont traités le jour même où nous les déposons. Le ministère de l’Économie est très réactif et nous aide pour les demandes de subsides européens dans le combat contre le Covid-19. Des entreprises de construction ont laissé tomber de gros chantiers pour nous aider à mettre sur pied ce projet. Grâce à ces moyens incroyables, nous parviendrons à monter ce projet d’unité de production endéans les six mois.»

Cet article a été rédigé pour l’édition datée «» qui est parue le 17 septembre 2020.

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