Pour rallier Londres en train, Eurostar reste l’unique option. (Photo: Shutterstock)

Pour rallier Londres en train, Eurostar reste l’unique option. (Photo: Shutterstock)

Alors que rallier Londres depuis Luxembourg en avion est une formalité, le voyage en train demeure un véritable casse-tête, faute de liaison directe et face à des tarifs peu attractifs. Plusieurs opérateurs, dont Virgin, envisagent néanmoins de concurrencer Eurostar, laissant entrevoir une possible évolution du marché dans les années à venir.

Rallier Londres depuis Luxembourg est aujourd’hui une affaire vite réglée… en avion. En seulement 1h20, la City, centre névralgique de la finance européenne, est accessible pour les professionnels de la place financière luxembourgeoise et il en va de même pour les touristes, attirés par Big Ben et Buckingham Palace. Mais pour ceux qui souhaitent privilégier le rail, le voyage se transforme en parcours du combattant. Aucun train direct ne relie pour l’instant les deux capitales, obligeant les voyageurs à transiter par Paris ou Bruxelles, sans oublier un tarif souvent peu compétitif.

Aujourd’hui, l’unique opérateur ferroviaire à traverser la Manche est Eurostar, dont les prix suscitent régulièrement des critiques. À titre d’exemple, un passager souhaitant se rendre à Londres depuis Luxembourg le lundi 17 mars devra débourser au minimum 131 euros en avion, tandis que le voyage en train, bien plus long (au moins quatre fois plus), lui coûtera au minimum 180 euros. Une situation qui pourrait toutefois évoluer dans les années à venir.

Le groupe britannique Virgin a annoncé ce lundi 10 mars l’intention de lever 700 millions de livres sterling afin d’ouvrir une ligne ferroviaire concurrente à Eurostar d’ici 2029. «La liaison est mûre pour le changement et bénéficierait de la concurrence», a estimé un porte-parole de l’entreprise dans une déclaration à l’AFP. «Bien que Virgin ne s’engage pas encore à lancer un service, nous recherchons des investissements auprès de partenaires partageant les mêmes idées que nous et nous sommes ravis des progrès réalisés jusqu’à présent», a-t-il ajouté.

Un monopole contesté

Virgin n’est d’ailleurs pas le seul acteur à convoiter une part du gâteau. Le directeur général de Getlink (l’exploitant du tunnel sous la Manche), Yann Leriche, a révélé à Belga que plusieurs autre opérateurs se sont dits intéressés par la possibilité d’ouvrir une ligne concurrente à Eurostar, dont l’espagnole Evolyn et la néerlandaise Heuro. 

Une annonce qui intervient alors que la demande pour cette liaison ne cesse de croître: en 2024, un record de 19,5 millions de passagers ont voyagé avec Eurostar, soit 850.000 de plus que l’année précédente, avait indiqué la compagnie en janvier. Mais face aux prix de l’Eurostar, des usagers attendent impatiemment une ouverture à la concurrence. 

Depuis l’inauguration du tunnel en 1994, plusieurs entreprises ont tenté de concurrencer Eurostar, mais sans succès. La mise en place d’une nouvelle liaison ferroviaire transmanche directe, notamment vers des villes comme Luxembourg, se heurte encore à des investissements colossaux. La remise en question du monopole d’Eurostar pourrait rebattre les cartes. Une ouverture à la concurrence ne se limiterait pas à faire baisser les prix: elle pourrait aussi inciter les nouveaux entrants à explorer d’autres itinéraires, jusque-là jugés pas assez rentables.

L’évolution des impératifs environnementaux, conjuguée à la volonté de nombreux pays de réduire leur dépendance aux vols court-courriers, pourrait enfin changer la donne. L’émergence de nouveaux opérateurs permettrait-elle d’envisager, à terme, une liaison ferroviaire directe entre Luxembourg et Londres? Si les grands hubs comme Paris et Bruxelles resteront prioritaires, une telle alternative offrirait un mode de transport plus durable et potentiellement plus compétitif que l’avion.