Volodymyr Dybenko, ici à gauche, au début de l’année, a quitté son Ukraine chérie pour trouver des financements pour poursuivre le développement de sa start-up, à l’invitation du ministère ukrainien de la Transformation digitale. (Photo: Volodymyr Dybenko)

Volodymyr Dybenko, ici à gauche, au début de l’année, a quitté son Ukraine chérie pour trouver des financements pour poursuivre le développement de sa start-up, à l’invitation du ministère ukrainien de la Transformation digitale. (Photo: Volodymyr Dybenko)

Exfiltré d’Ukraine en début d’année parce qu’il ne pouvait plus nourrir ses quatre enfants sans trouver du capital, Volodymyr Dybenko a tenté la Silicon Valley, avant de revenir en Espagne. À Nexus2050, il espère convaincre des investisseurs de lui apporter un «petit» ticket de 300.000 euros pour profiter de la traction de sa start-up.

Il est venu toquer à la porte (virtuelle) du coin média de Nexus2050. Il a demandé à voir un journaliste. Tout en pudeur et avec l’énergie désespérée de ces hommes qui n’ont plus rien. Sur une marche d’escalier, Volodymyr Dybenko explique qu’avec quatre enfants à sa charge et aucune perspective de pouvoir s’en occuper en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il a été autorisé à quitter le pays après deux ans à participer à l’effort de guerre. Direction les États-Unis et la Silicon Valley, où la mayonnaise ne prend pas et où, surtout, «mes enfants étaient trop loin de moi. Les États-Unis étaient trop chers, je suis revenu vers l’Europe pour avoir une chance de m’en sortir.»

De l’invasion. De l’ennemi russe. Des difficultés. Des morts. De cette tragédie. De tout cela, il n’en parle pas. Pas tout de suite. Comme s’il craignait que son interlocuteur ne l’abandonne à son histoire parce que les journalistes ont tellement dressé le portrait de ces Ukrainiens valeureux qui jouent leur destin à chaque seconde.

Non, Volodymyr Dybenko fait partie de ceux qui ont sauté les deux pieds joints dans l’aventure ChatGPT pour créer un nouveau modèle, Salee.pro, qui permet de mieux atteindre des prospects, grâce à l’intelligence artificielle. Une solution logicielle capable de digérer les informations sur les clients, sur leurs comportements dans un contexte donné, pour leur délivrer des messages personnalisés à l’extrême et parvenir plus facilement à les convaincre.

«Je vais devoir passer à un autre modèle d’intelligence artificielle», explique-t-il, «parce que cette solution me coûte trop cher. Je pensais que ce serait plus facile en Europe de trouver des investisseurs pour accélérer ma croissance, parce que j’ai des clients, des prospects. Je cherche un ticket de 300.000 euros.» Un tour de seed parce que le «love money» des amis et des proches a disparu. Et toute perspective d’une solution à court terme dans un pays défiguré pour longtemps. Invité au Luxembourg par le ministère ukrainien de la Transformation digitale, il toque à toutes les portes. Son équipe l’attend. Ses enfants aussi.