Selon une récente étude de BloombergNEF, les berlines et SUV 100% électriques seront moins chers que les véhicules essence d’ici cinq ans. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Selon une récente étude de BloombergNEF, les berlines et SUV 100% électriques seront moins chers que les véhicules essence d’ici cinq ans. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le moteur électrique grignote du terrain sur la motorisation thermique, mais cette progression se heurte aussi au prix de la voiture électrique. Une baisse des coûts de production pourrait aider à le faire baisser, et un renforcement des normes d’émissions de CO2, contribuer à rallier de nouveaux consommateurs.

Dans moins de 10 ans, la voiture électrique devrait être moins chère à l’achat qu’une voiture thermique. C’est en tout cas la conclusion de , assure qu’à partir de 2026, les berlines et les SUV électriques seront aussi peu coûteux à produire que les véhicules à essence.

Malgré l’essor de la voiture électrique, celle-ci reste en effet toujours bien plus chère qu’une voiture avec un moteur thermique. Au Luxembourg, depuis le début de l’année, environ 8% des nouvelles immatriculations mensuelles concernent des voitures 100% électriques. La progression est belle en comparaison aux années précédentes. En 2018, 0,84% des nouvelles immatriculations mensuelles concernaient des voitures 100% électriques, 1,82% en 2019, et 5,56% l’année dernière. 

Une progression qui se heurte désormais au prix d’une voiture électrique. En mars dernier, , parte-parole de la House of Automobile, soulignait que «le surcoût pour une voiture électrique, par rapport au même modèle en version thermique, se situe en règle générale entre 10.000 euros et 16.000 euros. Ceci compte pour tous les gabarits de voitures, aussi pour les plus petites.» Une différence qui n’arrête pas les «early adopters», et qui est tout de même compensée par les aides de l’État.  

Dans son étude, BloombergNEF (BNEF) souligne que «la baisse du coût des batteries, ainsi que la mise en place de chaînes de production dédiées aux véhicules électriques, les rendra moins chers à l’achat, en moyenne, même avant subventions». 

Mais pour cela, l’étude précise qu’il faut «absolument mettre en place la production et les ventes de véhicules électriques le plus tôt possible pour faire baisser les coûts et rallier les consommateurs afin d’assurer une meilleure adoption à l’avenir. D’après T&E, seul un renforcement des normes d’émissions de CO2 imposées aux constructeurs automobiles au cours des années 2020, incluant la mise en place d’un nouvel objectif à 2027, peut garantir ces conditions.»

BNEF conclut également que les véhicules utilitaires électriques légers seront moins chers que les utilitaires diesel à partir de 2025. Elle indique encore que les voitures et les utilitaires à batterie électrique pourraient représenter 100% des ventes de véhicules neufs d’ici 2035, même en Europe du Sud et de l’Est, si les législateurs renforcent les normes de CO2 des véhicules et lancent d’autres politiques pour stimuler le marché, à l’instar d’un déploiement plus rapide des points de recharge. 

Sur ce dernier point, le retard est déjà conséquent pour l’Europe, qui doit installer 3.000 bornes par semaine pour espérer atteindre ses objectifs. 

Selon un récent rapport de la Cour des comptes européenne, , qui semblent de plus en plus difficiles à atteindre. Le nombre de bornes de recharge ouvertes au public dans l’UE27 et au Royaume-Uni est passé d’environ 34.000 en 2014 à 250.000 en septembre 2020. Soit très en deçà de l’objectif de 440.000 bornes.

Dans son plan d’action de 2017, la Commission européenne avait estimé que le nombre de points de recharge ouverts au public devrait passer de 118.000 à l’époque à 440.000 en 2020, puis à 2 millions en 2025. Une ambition revue à la baisse en 2019, avec un objectif de seulement 1 million de bornes de recharge en 2025, mais 3 millions en 2030.

Un coup de pouce réglementaire

Pour maintenir la tendance de l’électrique, T&E milite pour un renforcement législatif afin d’inciter à continuer dans cette voie sans prendre de retard. L’association est même favorable à la fin de la vente des voitures thermiques au-delà de 2035. Un récent sondage souligne même que 63% de la population urbaine de l’Europe se déclarent favorables à une interdiction après 2030. Au moins sept constructeurs automobiles et dix pays européens ont annoncé des plans pour éliminer progressivement les véhicules traditionnels.

«Avec la baisse des prix des voitures électriques, le marché automobile se dirige naturellement vers une fin de vente des voitures thermiques en 2040. Mais pour remplir nos objectifs climatiques, il faudrait que la dernière voiture diesel ou essence soit vendue en 2035. Il est possible d’avancer la date de fin de vente de la France à 2035, avec un soutien politique adéquat: le maintien du bonus-malus et le renforcement des efforts d’installation de bornes de recharge», a déclaré Diane Strauss, directrice de T&E en France.