L’ambition du groupe de travail est de faire en sorte que le véhicule autonome soit au moins aussi sûr que le conducteur humain, et qu’il puisse s’adapter aux futures évolutions du trafic automobile. (Photo: Luxinnovation)

L’ambition du groupe de travail est de faire en sorte que le véhicule autonome soit au moins aussi sûr que le conducteur humain, et qu’il puisse s’adapter aux futures évolutions du trafic automobile. (Photo: Luxinnovation)

C’est au Luxembourg que le groupe de travail d’élaboration des normes en matière de systèmes électriques et électroniques automobiles a fait de grandes avancées. Explications.

La voiture autonome… encore un fantasme aujourd’hui, alimenté par quelques tests plus ou moins probants. Sans doute une réalité bien plus largement répandue demain, aidée par les progrès en matière d’intelligence artificielle, de connectivité et de gestion des données.

Tous les systèmes électroniques et électriques embarqués devront répondre à un standard de sécurité unifié, regroupé sous les normes ISO 26262 et ISO 21448, en cours d’élaboration. Leur publication est prévue à l’horizon 2022, et depuis le début de l’année, des groupes d’experts planchent sur tous les aspects à la fois technologiques et sociétaux d’une telle mise en œuvre.

Le long cheminement devant aboutir à la concrétisation de ces normes est passé par le Luxembourg, sous l’hospitalité du Luxembourg Automobility Cluster. Fin octobre, le pays a accueilli, pendant une semaine, les travaux ad hoc du groupe Functional Safety – ISO TC22/SC32/WG8. Il s’est agi d’avancer dans l’élaboration d’une norme spécifique pour la sûreté du véhicule autonome.

Flexibilité demandée

Hébergées à la Chambre de commerce et à la Coque, les sessions de travail ont été très productives, comme en témoigne Nicolas Becker, Functional Safety senior expert au sein du groupe PSA et project leader des travaux sur la norme ISO/PAS 21448. «La semaine a été très intensive et très riche, à la fois au sein de chacun des groupes de travail et au niveau de la synthèse finale. Nous avons pris toutes les décisions dont nous avions besoin en vue de la prochaine étape en décembre.»

Les experts réunis au Luxembourg ont, ainsi, approuvé un certain nombre de nouveaux contenus sur la façon de construire la validation des véhicules autonomes et sur la façon d’interagir avec d’autres technologies telles que V2V (vehicle-to-vehicle). La phase «opérationnelle», lorsque l’utilisateur final entre en possession du véhicule autonome, a également été évoquée. «Jusqu’à présent, nous n’avions exclusivement travaillé que sur la phase de conception et de validation jusqu’au démarrage de la production. Aucun standard n’avait encore été établi pour cette phase opérationnelle. C’est désormais le cas», se réjouit M. Becker.

L’enjeu réside aussi dans le fait de développer des systèmes de normalisation suffisamment «ouverts» pour être capables d’intégrer, dans quelques années, des paramètres encore inconnus aujourd’hui. «Les trottinettes électriques n’existaient pas il y a cinq ans», illustre M. Becker. «Notre ambition est que le véhicule autonome soit au moins aussi sûr que le conducteur humain, et qu’il puisse s’adapter aux futures évolutions du trafic automobile.»

Les échanges au cours de cette semaine ont également permis de trouver des consensus autour des définitions, à commencer par celle du «Sotif» (Safety of the Intended Functionality), l’abréviation de la nouvelle norme ISO/PAS 21448. «Nous avons beaucoup échangé pour parvenir à un consensus quasi définitif autour de la terminologie», se réjouit Rami Debouk, technical fellow Research & Development pour le groupe General Motors à Detroit. «Lors de notre prochain ‘Editorial meeting’ à Minden (Nevada) en décembre, nous pourrons ainsi formaliser par écrit tous ces échanges.»

Un écosystème au Luxembourg

Si les premières discussions autour de ces nouvelles normes datent de 2013, les travaux n’ont officiellement commencé qu’au début 2019. La session de travail du Luxembourg n’était que la deuxième du genre, après celle de Shanghai au printemps dernier.

«En l’espace de quelques mois, nous avons pu enregistrer des avancées très notoires», constate Jean-Louis Camus, Safety Manager chez Ansys Systems Business Unit, éditeur de logiciels spécialisé en simulation numérique et développement de systèmes et logiciels critiques. «Ici, au Luxembourg, nous avons pu nous mettre d’accord sur beaucoup de nouveaux contenus très intéressants qui seront introduits dans le document final. Depuis de nombreuses années, j’assiste à de tels groupes de travail pour d’autres normes. Je peux dire que celui-ci se situe en haut du panier en termes d’efficacité.»

«Un gros effort a également été mené sur les annexes, pour les rendre plus cohérentes entre elles et aussi avec la partie principale du texte», complète Pascal Chaussis, expert safety, Renault. «Un des challenges que nous nous sommes fixés est de pouvoir couvrir toutes les fonctionnalités des véhicules autonomes. Nous avançons bien dans ce domaine.»

Cette studieuse semaine a également été l’occasion, pour la centaine de délégués venus du monde entier, de découvrir l’écosystème luxembourgeois dans le secteur de l’automobile. «Il était important de montrer que nous avons une place dans ce secteur», explique Anthony Auert, le manager du Luxembourg Automobility Cluster chez Luxinnovation, qui a organisé cet événement.

«C’est la première fois que le Luxembourg accueillait une telle réunion. Tout s’est bien passé, même si je regrette un peu qu’il n’y ait pas eu davantage de participants luxembourgeois intéressés à rencontrer directement les décideurs qui sont aux sources de l’élaboration de cette norme, afin de mieux comprendre quels en seront les impacts sur leur activité.»

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