«Les réponses des membres concernant la diversité technologique des motorisations m’ont véritablement étonné. Je ne pensais pas que nos membres allaient rejeter aussi largement le full électrique. D’un autre côté, je pense que cela montre bien qu’il ne faut pas prendre les gens pour des idiots et leur raconter n’importe quoi. Ils savent se construire une opinion qui est souvent fondée», a souligné le président de l’ACL, , en présentant les résultats de . Pour rappel, en mai dernier, pendant deux semaines, l’ACL a sollicité ses membres et ils sont 6.742 à avoir acceptés d’y répondre et d’exprimer leurs priorités.

Dans le détail, le développement de l’électromobilité reste un sujet particulièrement clivant au regard des réponses des membres de l’ACL. Seuls 41% des répondants estiment que les investissements publics dans les infrastructures concernant l’électromobilité devraient être revus à la hausse. De même, en ce qui concerne l’obligation de généraliser les installations de bornes de chargement pour toute nouvelle construction, seulement 47% des membres répondants ont indiqué y être favorables. 

Il ne faut pas prendre les gens pour des idiots et leur raconter n’importe quoi.

Yves Wagner, Président, ACL

«Les questions autour de l’électromobilité sont nombreuses et les réponses fournies sont insuffisantes. Nos membres mais également un grand nombre d’experts et encore récemment la Cour des comptes européenne ont exprimé de sérieux doutes sur la faisabilité d’un virage tout électrique», a ajouté Yves Wagner.

«Il y a actuellement 611.000 voitures immatriculées au Luxembourg, dont 3,1% sont des 100% électrique, soit environ 19.200 véhicules. Sur ce volume, 64% de ces véhicules électriques sont détenus par des sociétés en raison d’une fiscalité avantageuse. Cela montre que la proportion de voitures électriques détenues par les particuliers reste très basse. Les prix d’une voiture électrique sont bien plus élevés qu’une thermique, de l’ordre de 10.000 à 15.000 euros plus chère. Il faut ajouter que les subventions arriveront à leur échéance en avril prochain. Les constructeurs annoncent, semaine après semaine, des autonomies et des performances toujours plus élevées sur les modèles à venir. Il est donc normal de voir un certain attentisme des gens au moment d’acheter une voiture. La conséquence directe, c’est le vieillissement du parc automobile et l’augmentation des pannes», a analysé le directeur de l’ACL, .

Si d’un côté, l’électrification ne semble pas récolter la majorité des suffrages, les membres répondants sont en revanche dans l’attente d’un développement plus prononcé et d’une promotion des alternatives à l’électromobilité, comme les carburants synthétiques, l’hydrogène ou encore les biocarburants de deuxième génération. De ce fait, 78% des répondants sont en faveur d’une diversification technologique des motorisations.

Il est normal de voir un certain attentisme des gens au moment d’acheter une voiture. La conséquence directe, c’est le vieillissement du parc automobile.

Jean-Claude Juchem, Directeur, ACL

L’étude a également fait ressortir des pistes de réflexion de la part des membres de l’ACL pour améliorer la mobilité au Luxembourg et surtout décongestionner les routes du pays. Avec 86% des suffrages, la mise en place de capacités de stationnement Park&Ride supplémentaires est largement plébiscitée. Avec 78% des suffrages, la sensibilisation, l’information et la formation des usagers de la route ainsi que la diversification technologique des motorisations complètement les trois priorités des répondants.

Les membres de l’ACL contre l’augmentation des zones 30

Autre élément qui est ressorti assez clairement de cette enquête, le rejet pour un abaissement et des limitations de vitesse supplémentaires. 61% des répondants considèrent que de telles mesures ne sont pas justifiées. Sur le même sujet, 50% des répondants estiment qu’il n’est pas justifié de créer plus de zones sans voiture dans les localités et 49% des répondants ont estimé injustifiée la généralisation des zones 30 dans les localités et les quartiers d’habitation. Concernant l’augmentation du nombre de radars sur les axes et les tronçons dangereux, 48% ont estimé la mesure justifiée.

Enfin, l’étude montre sans surprise que la voiture, dans 80% des cas, reste le premier moyen de déplacement en semaine. En deuxième position, avec 63%, on y trouve la marche à pied. Près d’un tiers (31%) des répondants ont affirmé utiliser les transports en commun souvent, voire très souvent. 17% utilisent le vélo et 8% la moto.

À noter que 83% des répondants estiment que l’ACL devrait davantage s’exprimer publiquement lorsque les décisions prises au niveau politique ne tiennent pas suffisamment compte des problèmes et des réalités auxquels nos membres sont confrontés.

Pour terminer, huit répondants sur dix pensent que la mobilité est un défi important et 42% des personnes sondées pensent que la mobilité est un des cinq défis les plus importants lors des prochaines élections. «Pour le moment, malheureusement, le thème de la mobilité ne semble pas être au cœur des débats des politiques», a déploré la direction de l’ACL.