Source: Quest Market Intelligence (Graphique: Maison Moderne)

Source: Quest Market Intelligence (Graphique: Maison Moderne)

Quest Market Intelligence, Paperjam et Delano ont réalisé un grand sondage pour comprendre et connaître les attentes des résidents en matière d’automobile. Une prise de pouls dans un marché changeant où les nouvelles motorisations gagnent du terrain, hybride en tête.

Comme chaque année au moment de l’Autofestival, consacré au marché de l’automobile. Un ­marché que Paperjam et Delano ont cette fois voulu sonder de près, en collaboration avec la ­société Quest Market Intelligence, un institut spécialisé dans les sondages.

La collecte des données a eu lieu du 13 au 29 octobre 2021 sur un échantillon représentatif en fonction de quotas relatifs au genre, à l’âge et à la nationalité de plus de 600 consommateurs, qui se sont prononcés sur questions.lu. 

«S’il y a une conclusion à tirer de l’enquête faite sur le marché automobile au Luxembourg, c’est bien celle-ci: les voitures essence ou diesel sont sous une énorme pression… mais la migration vers la voiture électrique va prendre plus de temps que prévu», affirme Carlo Kissen, le responsable de Quest Market Intelligence.

Et pour cause, en mars 2021, le régime d’aides financières Clever fueren a été prolongé pour favoriser l’électromobilité, et donc contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55% jusqu’en 2030, dans l’optique d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 au plus tard. Pour y parvenir, le gouvernement table sur au moins 49% de voitures électriques ou de véhicules de type plug-in hybride dans le parc automobile d’ici 2030. Les consommateurs en sont conscients. À la question visant à savoir quel(s) moteur(s) ils souhaitent choisir dans le futur, les consommateurs qui sont déjà décidés indiquent à chaque fois, dans leur avis, une érosion de 22% des parts de marché des purs diesel ou essence. 

L’hybride, ce vainqueur caché

«Beaucoup de personnes ne savaient pas (18%), ou répondaient qu’elles n’avaient pas l’intention d’acheter une nouvelle voiture. Mais parmi celles et ceux qui ont l’intention de se procurer un nouveau véhicule, qui sont repris dans cette comparaison simplifiée, on voit que l’essence et le diesel perdent de façon dramatique. Et qui gagne? L’hybride! C’est le vainqueur caché de tout le débat. Il passe de 9 à 31%. La voiture électrique, elle, passerait de 4 à 24%. Sans l’intervention de l’État, on est très loin de la dominance de la voiture électrique.» 

Pas d’unanimité…

L’image de pollueur de première classe leur colle au pare-chocs. Les voitures auraient-elles perdu tout sex-appeal? Quel rapport les automobilistes entretiennent-ils avec leur véhicule? Pour la majeure partie des consommateurs (56%), la voiture est avant tout utile; ils la considèrent sous un angle pratique. «On voit une grande polarisation de la société. Grosso modo, pour un quart des personnes, la voiture est un mal nécessaire qui pollue, et à l’autre bout du spectre, on a ceux qui considèrent leur automobile comme un bras prolongé de leur person­nalité et une source de plaisir», explique Carlo Kissen. 

 Les femmes (26%) sont légèrement plus défavorables à la voiture que les hommes (18%). «Ce n’est pas étonnant de remarquer que les femmes sont critiques par rapport aux voitures. Elles sont plus responsables… C’est quelque chose que l’on constate dans de nombreux sondages. Elles boivent plus d’eau, elles fument moins… Quant à la génération de demain, les jeunes sont encore plus polarisés», explique Carlo Kissen. 

On trouve le plus de détracteurs parmi les jeunes de moins de 34 ans, dont 27% considèrent la voiture comme un mal nécessaire. Si on ajoute aux 15% pour qui la voiture est une source de plaisir les 9% qui la considèrent comme une expression de soi, 24% des jeunes sont pro-voiture. «Une enquête réalisée en 2019 auprès des jeunes démontrait que, contrairement aux énoncés des politiciens et des sociologues, un changement de paradigme chez les moins de 30 ans à l’égard de la voiture ne s’est pas réalisé. Les avantages liés à la voiture, tels que la flexibilité, la praticité et le sentiment de liberté, prévalent chez les jeunes. Seuls 49% confirment que ­l’impact environnemental et climatique serait une ­barrière à l’utilisation de celle-ci.»  

Les différences de vue s’affirment également selon les nationalités. Les Luxembourgeois sont plus favorables à la voiture (26%) que les résidents de nationalité étrangère (18%).

Source: Quest Market Intelligence (Illustration: Maison Moderne)

Source: Quest Market Intelligence (Illustration: Maison Moderne)

En réponse à l’énoncé «L’écologie étant présente dans tous les discours, y compris ceux qui évoquent le marché automobile, vous considérez que…», 31% affirment que le gouvernement doit guider le marché moyennant des avantages, aides, etc., et 19% estiment que le législateur doit intervenir moyennant des interdictions ou réglementations plus restrictives.  «Étonnement, 50% de la population est donc en faveur d’incitations ou réglementations étatiques. C’est un sur deux, c’est beaucoup. Il y a une grande demande d’intervention sur ce marché. Je ne pense pas que les garagistes vont aimer cela. La demande vient massivement des jeunes. 37% des moins de 34 ans sont en faveur d’incitations, et 29% en faveur d’interdictions ou de réglementations plus restrictives.» 

Voiture électrique? Pas nécessairement…

Source: Quest Market Intelligence (Illustration: Maison Moderne)

Source: Quest Market Intelligence (Illustration: Maison Moderne)

La Commission européenne veut interdire la vente de voitures neuves à moteur thermique et hybride à partir de 2035. Mais qu’en pensent les automobilistes?  Parmi les répondants au sondage, on trouve 10% d’adeptes de l’électrique qui confirment que les alternatives électriques sont disponibles et viables pour le consommateur. 24% disent qu’avec quelques optimisations, les alternatives électriques deviennent effectivement viables. 

«Donc, un tiers de la population est en faveur de la voiture électrique. L’ACL avait fait une étude similaire sur l’électromobilité. On retrouve ici le même chiffre», souligne Carlo Kissen. «De l’autre côté du spectre, 29% de la population se dit sceptique en ce qui concerne l’alternative de la voiture électrique. Finalement, qui profite vraiment de cette discussion sur l’électro­mobilité?

C’est l’hybride! Personne n’en parle, mais nous avons un énorme saut quantique, c’est peut-être le passage obligé pour arriver à l’électromobilité.» «La politique propose même d’interdire les moteurs à combustion pour 2030… Je me pose tout de même la question de savoir si c’est ­faisable. D’après ces chiffres, le changement devra passer par des interdits. De façon volontaire, le ­marché ne migrera pas aussi rapidement.»

Carlo Kissen est d’avis que, si la politique laisse aux personnes le choix de la motorisation de leur future voiture, on aura en 2030 tout au plus 30% de voitures électriques. «Où se trouvent les fanatiques de l’électromobilité? Ils sont tous un peu plus masculins et plus Luxembourgeois.» 

Source: Quest Market Intelligence  (Illustration: Maison Moderne)

Source: Quest Market Intelligence  (Illustration: Maison Moderne)

À la question «Comptez-vous acquérir une nouvelle voiture privée ou avoir une nouvelle voiture de société ? », seuls 6 % de la population répondent qu’ils envisagent d’acheter un nouveau véhicule dans les six prochains mois, 20 % ont l’intention de le faire dans les deux ans à venir, et 50 % dans plus de deux ans ou le jour où leur voiture actuelle ne tiendra plus la route. 24 % n’ont aucune intention d’achat. «Si cette tendance se confirme, ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’Autofestival 2022 », affirme Carlo Kissen. 

Vous avez dit diesel bashing? 

Quelles sont les répercussions du diesel bashing, qui avait suivi le Dieselgate, sur l’envie des consommateurs d’acheter une telle motorisation? L’affaire avait éclaté en 2015 suite au ­trucage de millions de voitures VW et Audi avec un logiciel capable de les faire apparaître moins polluantes qu’elles ne l’étaient vraiment. 

L’enquête s’est donc penchée sur l’intention d’achat des conducteurs de voitures essence et diesel, en comparant les deux. «On aurait pu penser que le diesel aurait subi une dégradation de son image. Or, il n’en est rien», constate ­Carlo Kissen. Un quart des personnes qui roulent à l’essence vont racheter une voiture essence. 14% vont basculer et acheter des voitures électriques, et 16% vont opter pour un modèle hybride.

Quant à ceux roulant actuellement au diesel, 22% d’entre eux vont continuer à le faire. L’autre moitié achètera une voiture essence. Pour 12%, la prochaine sera électrique. 19% se décideront pour une hybride, et 12% pour une voiture essence. La conclusion de Carlo Kissen? «Je ne vois aucune différence systémique!» 

Et les modèles, dans tout cela? 

Quels sont les futurs modèles sur lesquels les automobilistes jetteront leur dévolu? Ici non plus, aucun changement significatif. 

«Ce qui est plutôt intéressant à constater, c’est qu’il n’y a pas de redistribution fondamentale des modèles, à part une légère augmentation des voitures compactes et des voitures familiales, et une baisse des achats de SUV. Donc, dans le futur, nous roulerons dans des SUV électriques!», conclut Carlo Kissen. 

Cet article a été rédigé pour , paru le 26 janvier avec 

Le contenu du supplément est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.

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