Les nouvelles immatriculations des voitures 100% électriques ont bondi de 72% l’an dernier par rapport à 2022, même si, en décembre 2023, elles ne représentaient que . Avec une précision supplémentaire: selon les professionnels du secteur interrogés par la Chambre de commerce, «une grande majorité des véhicules en leasing opérationnel sont vendus à l’étranger à l’expiration du contrat de location» et ne contribuent donc plus au parc automobile national.
«Parmi les véhicules électriques aujourd’hui en circulation au Luxembourg, 47,03% sont associés à un contrat de leasing. Le parc professionnel est plus avancé que le parc particulier dans la transition vers l’électromobilité.» Cela s’explique notamment par l’évolution des barèmes fiscaux concernant l’avantage en nature des véhicules de société ainsi que par l’approche environnementale des entreprises qui ont, pour certaines d’entre elles, instauré des politiques pour réduire leur empreinte carbone.
Environnement et réglementations: les raisons du changement
Selon un rapport de l’Agence européenne de l’environnement, le transport est responsable d’un quart des émissions de CO2 dans l’Union européenne. Au Luxembourg, c’est beaucoup plus, notamment en raison du volume important de carburant vendu aux non-résidents: en 2022, le secteur représentait 60,3% du total des émissions de gaz à effet de serre, hors ETS: en 2022, le secteur représentait 60,3% du total des émissions de gaz à effet de serre, hors ETS.
Les objectifs du Plan national intégré en matière d’énergie et de climat du Luxembourg (PNEC) sont de réduire les émissions du pays de 62% d’ici 2030 par rapport à 2019. Et pour y arriver, le parc automobile devra être électrisé à 49%, chose peu aisée quand on est un des pays qui compte le plus de voitures par habitant au monde.
Autant dire que le Luxembourg va devoir accélérer pour se conformer aux exigences européennes qui prévoient que dès 2035, plus aucun véhicule neuf émettant du CO2 ne pourra être mis sur le marché.
Deux scénarii sont possibles: «Il faudrait que dès 2024, puis chaque année consécutive, 30.000 nouveaux véhicules électriques ou hybrides rechargeables soient immatriculés au Luxembourg et qu’aucun véhicule électrique ou hybride rechargeable ne sorte du parc. Ou bien que dès 2024, 100% du parc de leasing opérationnel soit électrique ou hybride rechargeable. Parallèlement, il faudrait qu’en plus, 22.000 voitures électriques ou hybrides rechargeables supplémentaires soient nouvellement immatriculées chaque année parmi le parc de véhicules particuliers.»
Seules 25.328 voitures électriques et hybrides neuves ont été immatriculées au Luxembourg en 2023. Même si une progression rapide et importante de volume de ventes dans les années à venir est attendue, cet objectif apparait aujourd’hui difficilement réalisable.
Économies pour le producteur et le client
Les constructeurs consacrent aujourd’hui l’essentiel de leurs investissements à développer des innovations en lien avec la voiture électrique. Ford a beaucoup investi dans les voitures électriques sans parvenir à prendre assez de parts de marché et peut se permettre d’investir uniquement grâce aux bénéfices des ventes de ses véhicules thermiques. Selon les chiffres cités par la Chambre de commerce, le constructeur américain perd 36.000 dollars par véhicule électrique vendu en 2023. Toutefois, la production de voitures thermiques, naturellement condamnée à diminuer, risque de laisser certains constructeurs avec moins de bénéfice pour réinvestir dans l’électrique.
Par ailleurs, l’arrivée en Europe de constructeurs américain et chinois n’est pas à prendre à la légère: à la moindre perte de parts de marché, l’industrie et ses milliers d’emplois se retrouveront fragilisés.
«Le Rocky Mountain Institute (RMI), un centre de recherche et d’études américaines sur l’énergie, estime que les coûts diminueront d’ici 2030 à une fourchette entre 60 et 90 dollars par kWh.» Soit environ moitié moins qu’à l’heure actuelle. La fabrication à plus grande échelle de ces batteries et les avancées technologiques vont catalyser cette réduction des coûts. Des voitures moins chères pour les consommateurs n’ayant pas encore adopté l’électromobilité.
Néanmoins, la dépendance au graphite chinois et à certaines matières premières rares (comme le cobalt) nécessaires à la fabrication des batteries est source d’inquiétude pour les constructeurs.
De plus, la densité énergétique des batteries est de plus en plus haute, permettant pour un même poids de stocker plus d’énergie. Et 80% à 95% des matériaux des batteries sont recyclables. Un marché en plein essor aux États-Unis et en Chine. Ces deux facteurs combinés représentent à la fois une opportunité écologique et économique.
L’État luxembourgeois a mis en place diverses aides financières tant pour le développement de l’infrastructure de charge public et privé que pour l’achat de véhicules (sous certaines conditions). Reste à savoir si ces mesures seront prolongées (certaines arrivant à échéance en juin 2024) et si de nouveau projets d’aide comme le leasing social pour les ménages les plus défavorisés.
La Chambre de commerce conclut son étude avec qu’elle adresse aux entreprises et aux institutions gouvernementales afin de faciliter la transition. Ces suggestions se déclinent autour de six grands axes:
– la sensibilisation du grand public et des entreprises
– les subventions et les aides fiscales
– les avantages pour les utilisateurs
– le développement des infrastructures liées à l’e-mobilité
– le changement de vision lié à la transition
– l’incitation à la durabilité
Et vous? Allez-vous passer à l’éléctromobilité?