Guillaume Leclercq observe une demande de la part de clients en provenance du Japon pour l’enseigne et ses produits. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Guillaume Leclercq observe une demande de la part de clients en provenance du Japon pour l’enseigne et ses produits. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Comment s’adapter aux spécificités du marché local? Tous les vendredis de l’été, Paperjam part à la rencontre d’enseignes étrangères actives au Grand-Duché et de marques luxembourgeoises qui ont choisi de s’exporter à l’étranger. Focus ce vendredi sur Vincent Verlaine.

C’est l’histoire d’une PME familiale liégeoise qui perdure après trois générations et puis débarque à Luxembourg, en 2009. Le patron, Vincent Lemineur, se voit proposer la reprise du fonds de commerce du magasin Tomcat, à Strassen. «Il avait toujours en tête d’entrer un jour sur le marché luxembourgeois», confie Guillaume Leclercq, chargé du business development de l’enseigne.

Celle-ci commence alors un développement local avec un second point de vente à deux pas du palais grand-ducal, puis un troisième au bout de la Grand-Rue. Depuis 2019, seul ce dernier est actif. «Au niveau organisationnel, c’est plus facile à gérer», justifie notre interlocuteur. Le fait est que le tissu commercial de la route d’Arlon se concentre désormais sur l’équipement de la maison, que les marques distribuées par l’enseigne posent leurs exigences en matière de standing du bâtiment. Bref, autant de paramètres qui ont conduit Vincent Verlaine à concentrer ses forces sur les 300m2 situés à l’angle de la Grand-Rue et de la côte d’Eich.

Un portefeuille de marques adapté au marché

Habiller l’homme de la tête aux pieds: l’ADN de Vincent Verlaine est identique à Liège et à Luxembourg, mais avec quelques nuances. «Nous proposons davantage de chaussures à Luxembourg, ainsi que des choses un petit peu plus colorées, nous constatons qu’elles plaisent davantage. Les ventes de costumes sont plus marquées qu’à Liège, sans doute à cause du statut de capitale et de place financière», analyse Guillaume Leclercq.

Quant aux marques proposées, l’enseigne compose avec les exclusivités géographiques et l’évolution du tissu commercial local. Par exemple, elle a retiré Fusalp de sa gamme suite à l’ouverture de la boutique de la marque en Ville Haute l’hiver dernier.

«À Liège, l’accent est un petit peu plus mis sur le sportswear et les baskets, mais nous travaillons avec un stock commun et l’on peut transférer des articles d’un magasin à un autre», ajoute le responsable.

Le marché luxembourgeois est plus difficile à atteindre. Mais après l’avoir converti et une fois que le client est satisfait, on peut compter sur une clientèle fidèle.

Guillaume Leclercqresponsable du business developmentVincent Verlaine

Dépasser les frontières

«Le marché luxembourgeois est plus difficile à atteindre. Mais après l’avoir converti et une fois que le client est satisfait, on peut compter sur une clientèle fidèle. Cela demande beaucoup d’énergie», détaille-t-il. Le point de vente luxembourgeois emploie six salariés, dix de moins qu’à Liège, pour une superficie pourtant équivalente. Il faut dire que du côté belge est située la gestion du site web de l’entreprise. Si, pour l’heure, il propose une livraison restreinte aux deux marchés opérés, l’ambition de l’étendre est claire: «Nous voulons ouvrir le site web à l’Europe pour l’hiver 2021-2022, c’est notre projet d’avoir ce côté multicanal.» Ce dernier pourrait ensuite dépasser les frontières du Vieux Continent, puisque Guillaume Leclercq observe une demande en provenance d’Asie, et notamment du Japon: «Malgré les frais de livraison qui sont à la hauteur de la distance, il y a une demande.»

Pas question pour autant de mettre la clé sous la porte des deux magasins: conseils, informations, entretiens sont autant de services auxquels l’enseigne s’attache. Et puis, la crise du Covid a certes porté un coup au commerce physique, mais à la réouverture, l’envie de se faire plaisir a été particulièrement marquée chez les clients. Raison de plus, donc, pour pérenniser cette aventure entrepreneuriale de part et d’autre de la frontière.