Lou Steichen: «Tous mes clients disent que c’est si calme, si vert, qu’on a l’impression d’être à la campagne.» (Photo: Mike Zenari)

Lou Steichen: «Tous mes clients disent que c’est si calme, si vert, qu’on a l’impression d’être à la campagne.» (Photo: Mike Zenari)

Cet été, Delano met en lumière le regard de personnalités, professionnels ou résidents, sur leur quartier. Place cette semaine au Pfaffenthal, vu par par le chef Lou Steichen, qui tient le restaurant Oekosoph, rue Vauban.

Il est un petit village situé au cœur de la capitale. Quartier de la Ville de Luxembourg qui ressemble à un petit coin de campagne, le Pfaffenthal est un long et étroit morceau de la capitale qui longe la vallée de l’Alzette, sous le Pont Rouge. «Vous avez deux Pfaffenthal, plaisante Lou Steichen, qui y tient un restaurant. Le décor, et l’envers du décor.»

Avec le bourdonnement de Clausen et du Grund au sud; Eich bien peuplé au nord; et le Kirchberg et la Ville Haute à fort trafic qui se profilent respectivement à l’est et à l’ouest, c’est un candidat improbable pour une oasis pastorale. Et pourtant, rapporte Lou Steichen: «Tous mes clients disent que c’est si calme, si vert, qu’on a l’impression d’être à la campagne.»

«J’espère que ça va rester comme ça», ajoute-t-il.

La métaphore du village s’étend également au-delà du paysage. Le chef, originaire du nord du pays, avoue qu’il ne s’attendait pas à trouver autant de locaux dans la capitale. «Au début, je pensais que ce serait comme la ville de Luxembourg. Mais ensuite, j’ai vu que les gens [du Pfaffenthal] sont totalement différents de ceux [des habitants de la ville] que j’ai vus auparavant. Ils ressemblent plus aux gens du Nord qu’on ne le pense.»

«Je viens d’un village qui compte vraiment cinq maisons», explique-t-il, «donc tout le monde se connaît. Et ici [au Pfaffenthal], tout le monde se connaît. Peut-être pas votre nom, mais où vous habitez. Tout le monde dit ‘bonjour’. C’est très bien.» Il ajoute que les étrangers engagent plus facilement la conversation, ce qu’il observe en première ligne au bar de son restaurant.

«Si les gens peuvent voir que vous n’êtes pas un yuppie, que la pluie ne vous tombe pas dessus, alors ils vous accepteront directement. Mais ils doivent le voir.»

Il ajoute en riant: «Je ne sais pas si les gens seraient contents que je dise que c’est comme dans une ferme.»

Une cuisine du terroir

Le restaurant s’intègre bien dans le quartier endormi au bord de la rivière, qui n’est pas connu pour ses bars ou son agitation. Il s’appelle Oekosoph: «oeko» est la version luxembourgeoise du préfixe «éco», correspondant à la philosophie de l’établissement: une philosophie «no waste», «nose to tail», mettant l’accent sur des ingrédients locaux, bio, végétariens et végétaliens. Il a ouvert il y a environ deux ans en tant que projet du Mouvement écologique, dont Lou Steichen est membre.

Cependant, le menu n’est pas entièrement sans viande. Chaque fois que du gibier est servi, vous pouvez être sûr que Lou Steichen ou sa famille ont personnellement chassé le cerf qui se trouve dans l’assiette. «La venaison est l’aliment le plus bio que vous puissiez avoir au Luxembourg», dit-il. «Il est naturel que nous proposions beaucoup de gibier.» Il a également fondé le groupe «éco-chasseur» du pays, pratiquant des techniques de chasse responsables.

Où chasser le cerf au Luxembourg? «Partout», répond Lou Steichen.

Choses à faire

Dans les autres articles de la série «Mon quartier», les personnes interrogées ont pu citer les bars et restaurants à proximité qu’elles recommanderaient. Le chef Steichen a signalé quelques endroits intéressants au Pfaffenthal – y compris le funiculaire qui monte la colline jusqu’au Kirchberg, l’ascenseur de verre vers la Ville Haute, l’ancienne moutarderie et la source naturelle Théiwesbuer – mais a observé qu’il n’y a vraiment pas grand-chose à signaler côté gastronomie. Il n’a pas parlé d’Oekosoph, mais je me fais un plaisir de rattraper sa modestie: le restaurant est fabuleux, avec un cadre convivial et chaleureux où les plats sont frais et savoureux. J’ai eu, à l’occasion de ma dernière visite, l’opportunité de goûter une spécialité luxembourgeoise, les Kniddelen, servies avec une sauce moutarde, et je n’aurais pas pu être plus heureux.

En ce qui concerne la vie nocturne, le chef spécule que si Clausen et le Grund manquent de biens immobiliers, certains clubs ouvriront peut-être à Pfaffenthal. «Je n’en suis pas certain, cependant», insiste-t-il. Évidemment, il espère que rien ne changera.

«Actuellement, c’est vraiment calme – et je pense que les gens qui vivent ici sont heureux que ce soit si calme.»

Cet article a été écrit pour  , traduit et édité pour Paperjam.