En décembre 2023, Maison Moderne aura 30 ans. Que faisiez-vous en décembre 1993?
Victoria Döringer. – «C’est une bonne question, je n’avais qu’un an... J’ai du mal à m’en souvenir. Mais j’étais probablement heureuse de voir les lumières de notre sapin de Noël et les cadeaux, et j’étais ravie de fêter Noël avec mes parents et ma sœur aînée. Comme j’ai grandi près de Trèves, j’ai probablement connu mes premiers marchés de Noël allemands dans le landau.
Maison Moderne a organisé des centaines d’événements. Quel est celui qui vous a le plus marqué et pourquoi?
«En ce qui concerne les évènements festifs, je pense sans aucun doute à , qui a eu lieu il y a quelques semaines: une foule incroyable, des animations de qualité et une ambiance fantastique.
Pour ce qui est des évènements à contenu, j’ai été très inspirée par . Les dix femmes avaient toutes des histoires très intéressantes et une vision très inspirante.
Votre budget de communication est principalement consacré au digital. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi et comment vous décidez de votre stratégie?
«Je suis une grande adepte du marketing basé sur les données, car il permet d’obtenir des informations précieuses sur le comportement et les préférences des clients. Les résultats de nos communications deviennent ainsi plus mesurables. En analysant les données des différents canaux comme par exemple: des sites web, des campagnes d’e-mailing ou encore l’engagement sur les médias sociaux, cela nous permet de mieux cerner notre public cible, ses intérêts et ses besoins potentiels. Ainsi, nous pouvons adapter nos efforts en matière de marketing, de vente et même de développement de produits en conséquence. C’est également très rentable et plus rapide que les campagnes ‘off line’, et nous pouvons atteindre nos groupes et segments cibles de manière très efficace, en adaptant les stratégies et le contenu en direct.
Néanmoins, je pense qu’au Luxembourg, en particulier, le “marketing print” est toujours bel et bien présent, du moins pour le moment. Les documents imprimés tels que les brochures/magazines et les dépliants se distinguent au milieu du monde numérique, parfois bruyant. Parfois, ce support est encore très efficace pour toucher nos cibles. Le fait de tenir un magazine, ou encore de lire un article, peut créer un lien plus personnel et tangible avec les lecteurs.
Quelle est la meilleure campagne que vous n’oublierez jamais? Et pourquoi?
«J’ai tout une série de campagnes que je trouve géniales. Une campagne à grande échelle que je trouve très réfléchie et unique est celle de la société de transport berlinoise BVG, par exemple, où l’humour et l’autodérision sont généralement au cœur de la communication. “Parce que nous vous aimons” (“Weil wir dich lieben”): il s’agit d’une campagne pleine d’autodérision et d’impertinence dans laquelle BVG se moque d’elle-même et vise juste, en particulier auprès des jeunes.
L’un des points forts est le succès de cette vidéo virale “Is mir egal” (“Je m’en fiche”) sur la diversité et l’inclusion. Le message est le suivant: l’apparence et l’origine n’ont pas d’importance. Grâce à cette campagne pleine de sens, BVG a réussi à transformer son image d’autorité allemande typique et ennuyeuse en une entreprise très cool qui incarne le style berlinois comme aucune autre.
Pouvez-vous nous décrire vos habitudes matinales?
«Je prends (fièrement!) le bus pour me rendre au bureau et je commence la matinée avec une musique – de bonne humeur – dans les oreilles. En arrivant au travail, je prépare d’abord mon petit-déjeuner: un yaourt avec des fruits de saison, un café corsé et un verre d’eau, que je prends tout en consultant mes e-mails. Après avoir bavardé quelques minutes avec des collègues déjà présents au bureau, ma journée commence!

Le bureau de Victoria Döringer. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)
Que pensez-vous de l’essor de l’intelligence artificielle et de ChatGPT en particulier?
«Ma première pensée: je l’observe avec admiration et émerveillement. Ma réponse, plus réfléchie: j’adore essayer tous ces nouveaux outils d’intelligence artificielle comme Simplified ou DALL-E, et je suis une grande fan de ChatGPT! Je l’utilise assez régulièrement comme une sorte d’assistant numérique au travail, parfois pour des traductions, la rédaction d’e-mails ou de simples résumés ou, dans ma vie privée, par exemple pour créer des listes de visites pour le prochain voyage en ville. Mon père, qui est un programmeur à la retraite, l’utilise pour corriger son code, et ma sœur, qui étudie pour devenir enseignante, l’utilise pour comparer des textes. Autant d’activités amusantes et utiles qui nous libèrent de tâches fastidieuses. Cela dit, il est indéniable qu’à l'avenir, l’essor de l’IA modifiera la façon dont de nombreuses personnes travaillent. Espérons que les gens utiliseront le temps ainsi dégagé de manière innovante et collaborative.
Imaginons que vous êtes nommée rédactrice en chef de Paperjam ou Delano. Qui mettrez-vous en couverture du prochain magazine?
«Ce n’est pas une question facile, mais j’ai une suggestion, inspirée par les dates d’anniversaire que j’ai trouvées dans l’une des récentes newsletter de Paperjam: ! Et pourquoi? Eh bien, il semble qu’il ait plusieurs anniversaires cette année: le 12e anniversaire de Delano, le 30e anniversaire de Maison Moderne et son propre 50e anniversaire. Trois raisons au moins de mettre en couverture ce modeste héros du monde de l’édition luxembourgeoise.»