Si le contexte macroéconomique a pesé lourd sur les finances de bon nombre d’entreprises, la plateforme de vente de vêtements de seconde main Vinted connaît une belle expansion et atteint enfin la rentabilité pour ses 16 ans d’existence. Basée en Lituanie, la plateforme a réalisé un chiffre d’affaires de 596,3 millions d’euros en 2023, en hausse de 61% par rapport à 2022, et une rentabilité de plusieurs millions d’euros. Son Ebitda ajusté s’élève à 76,6 millions d’euros, avec un résultat net à 17,8 millions d’euros, contre une perte nette en 2022 de 20,4 millions d’euros.
Une belle performance qui fait suite au développement de la plateforme, qui s’est étendue à de nouveaux marchés et pays tels que le Danemark, la Finlande et la Roumanie. Vinted a aussi saisi le credo du luxe de seconde main, d’abord en rachetant, en 2022, la société Rebelle, puis en la fusionnant avec Vinted de façon à lancer un nouveau service de vérification dédié aux articles de luxe. Les vendeurs et acheteurs peuvent ainsi acheter et vendre des articles de créateurs avec la garantie de ne pas acheter de contrefaçon. «Ce service est déjà disponible dans neuf pays et devrait être étendu à d’autres marchés, marques et catégories en 2024», annonce Vinted dans son rapport financier.
Autre développement notable des dernières années, les services d’expédition Vinted Go avec l’installation de 1.500 consignes et «points Pudo» dans les principales villes de France. «Au second semestre 2023, Vinted Go a acquis la société de livraison néerlandaise Homerr, pour permettre aux deux entités de renforcer leur expertise et leur capacité d’expansion en matière de livraison. Compte tenu des solides performances de 2023, Vinted continuera à fortement investir dans Vinted Go en 2024, en particulier en France, en Belgique et aux Pays-Bas», annonce la plateforme.
![La plateforme compte développer ses consignes Vinted Go en 2024. (Photo: Shutterstock)](https://assets.paperjam.lu/images/articles/vetements-occasion-n-ont-jamai/0.5/0.5/640/426/650342.jpg)
La plateforme compte développer ses consignes Vinted Go en 2024. (Photo: Shutterstock)
La plateforme ne compte donc pas freiner son développement et annonce des investissements portant sur les services de livraison et de paiement. Au quatrième trimestre 2023, Vinted a obtenu une facilité de crédit renouvelable de 50 millions d’euros auprès de BNP Paribas et d’ING Bank, pour de futures opportunités d’investissement ou d’expansion, y compris des fusions-acquisitions.
«La mode de seconde main est un marché encore relativement jeune qui ne représente qu’une infime partie du marché de la mode en général. Notre performance en 2023 n’est pas seulement la preuve que nous pouvons générer une forte croissance, mais aussi que nous sommes à l’avant-garde d’un marché au potentiel énorme. Plus important encore, la croissance de la mode de seconde main entre particuliers est un moyen efficace d’atténuer les dommages causés par l’industrie de la mode; c’est la raison d’être de notre mission qui consiste à faire de la seconde main le premier choix», a déclaré le PDG du groupe Vinted, Thomas Plantenga.
Pour le portefeuille et pour la planète
Dans un contexte inflationniste où le pouvoir d’achat des Européens demeure plutôt fragile, avec des préoccupations environnementales grandissantes, Vinted veut se positionner comme une alternative à la consommation de vêtements neufs et à la fast fashion. Selon une enquête réalisée par la plateforme, les membres de Vinted «ont économisé en moyenne 90 euros par mois en achetant sur la plateforme. Sur le long terme, cela signifie que l’achat sur Vinted permettrait aux membres d’économiser environ 1.080 euros par an.» Un autre rapport, cette fois réalisé par la start-up spécialisée en technologies climatiques Vaayu, s’intéresse à l’impact climatique. Il indique que «l’achat d’occasion est une meilleure option pour le climat que l’achat de neuf» et que «plus d’une transaction sur trois sur Vinted empêche l’achat d’un article neuf, ce qui permet d’éviter 1,8kgCO₂ en moyenne par article».
Mais dans certains cas, Vinted est vivement critiquée, décrite comme une application qui encourage encore davantage l’achat de vêtements neufs, et donc indirectement la fast fashion, les consommateurs achetant alors du neuf sans se restreindre, en sachant que les vêtements pourront être revendus ensuite.
L’arrivée de vendeurs professionnels sur la plateforme est également de plus en plus contrôlée. Si les vendeurs se présentent comme des consommateurs ou des non-professionnels alors qu’ils sont en réalité des vendeurs professionnels, ils s’exposent à une amende pouvant aller jusqu’à 120.000€ au Luxembourg (jusqu’à deux ans de prison et 300.000€ d’amende en France et jusqu’à 80.000 d’amende en Belgique).