Le centre commercial totalise actuellement 13 cellules vides sur 130. (Photo: Paperjam)

Le centre commercial totalise actuellement 13 cellules vides sur 130. (Photo: Paperjam)

Après un rebond de sa fréquentation dopé par le Black Friday et la fermeture des commerces dans les pays limitrophes, le calme semble être revenu dans les allées du centre commercial, où 35 boutiques feraient pourtant face à des difficultés financières.

Des allées bondées de chalands, les commerçants de la Cloche d’Or en rêvaient depuis des mois. Comme un miracle de Noël (avant l’heure), c’est arrivé lors du week-end du Black Friday, fin novembre… Mais en pleine crise sanitaire, où le respect des distanciations sociales est devenu le maître-mot.

«On s’est fait fusiller sur la place publique pour le seul week-end où il y a eu du monde», commente amèrement un commerçant. «Pour beaucoup, ce week-end du Black Friday a été le meilleur score enregistré depuis l’ouverture», ajoute notre interlocuteur.

La situation est paradoxale, mais aussi inquiétante pour les 115 enseignes du centre. Début novembre, 35 d’entre elles auraient reçu une mise en demeure de la part de leur bailleur, . Il serait question d’arriérés de loyers allant de 80.000 à 200.000 euros.

«Je pense qu’en janvier ou en février, il risque d’y avoir quelques commerces qui vont succomber, parce que, parmi ces 35 boutiques, toutes ne seront pas en mesure de payer», confie une source proche du dossier, sous le couvert de l’anonymat.

Un ressenti partagé par un détaillant du centre: «Novembre, c’était bien. Mais depuis décembre, c’est une catastrophe. La fermeture des restaurants a porté un coup dur à l’activité. C’est impossible de payer le loyer demandé.»

De son côté, Ceetrus Luxembourg évoque «un processus comptable normal». Le bailleur précise que «les seuls courriers envoyés sont des courriers de relance pour des commerçants qui n’avaient pas payé depuis un certain temps».

Nouvelle fermeture

C’est un fait, le choix du Luxembourg de ne pas fermer les commerces, contrairement à ses voisins, a dopé la fréquentation du centre ouvert en mai 2019. , et, en ce mois de décembre, 13 des 130 cellules étaient inoccupées, dont celle du Columbus Café & Co, qui a récemment cessé ses activités.

Dernière fermeture en date, celle du Columbus Café & Co, situé sur la place centrale du centre commercial. (Photo: Maison Moderne)

Dernière fermeture en date, celle du Columbus Café & Co, situé sur la place centrale du centre commercial. (Photo: Maison Moderne)

Mais c’est au premier étage que la situation est le plus critique: quatre cellules sont vides du côté des commerces, et autant du côté des restaurants. «Les gestionnaires du centre ne font rien pour faire monter les gens au premier étage», constate Fati Karali, commerçante établie à ce niveau.

«Les équipes de Ceetrus Luxembourg sont en train d’avancer sur des négociations avec des enseignes. Je pense qu’en 2021, on sera capable de faire des annonces», assure Raphaël Bouchet, directeur du Cloche d’Or Shopping Center. En attendant, ont pris leurs quartiers ces dernières semaines.

Décompte attendu

Et puis, les occupants attendent un décompte des charges communes qui pourrait mener à un ajustement bienvenu pour leur trésorerie. «Cet argent, on en a besoin aujourd’hui, car c’est maintenant que les commerçants ont des problèmes de liquidités», argumente l’Association des commerçants Cloche d’Or.

Celle-ci a relancé pour la cinquième fois cette année Ceetrus sur ce sujet via une lettre ouverte datée du 8 décembre.

Aucun décompte n’a été livré pour 2019, tandis que 2020 a été marquée par une fermeture des boutiques du 15 mars au 10 mai, une baisse des horaires d’ouverture, une externalisation de la gestion du parking et une fréquentation à un tiers de la jauge annoncée. Autant d’éléments de nature à réduire l’ardoise.

«Il n’y a aucune problématique par rapport à cela», assure Matteo Perino, directeur de Ceetrus Luxembourg. «Le décompte sera finalisé d’ici la fin de l’année. Dès qu’il sera finalisé, il sera partagé avec chaque commerçant», ajoute notre interlocuteur.

«C’est de la mauvaise volonté de la part de Ceetrus», estime le groupement de commerçants. Il souligne que les centres concurrents de la Belle Étoile, City Concorde et Belval Plaza présentent en assemblée chaque année un décompte des charges.

Visiblement, Ceetrus Luxembourg individualiserait le processus, et cela, non seulement dans son centre de la Cloche d’Or, mais aussi dans celui du Kirchberg, où, selon deux sources concordantes, aucun décompte collectif n’aurait été fourni.

À propos du Kirchberg, notons que les cellules vacantes commencent à reprendre vie. L’enseigne française Moa, spécialisée dans les accessoires de mode, a ouvert ses portes mercredi au premier étage, tandis qu’un pop-up store de Stell’Ron axé sur la mobilité électrique est attendu courant décembre.