Cela ressemble étrangement à une préannonce destinée à amortir un peu le choc le moment venu. Face aux chiffres sanitaires, de nouvelles mesures restrictives pourraient être prises au Luxembourg dès lundi prochain. Et parmi celles-ci figure la fermeture possible et probable des cafés et restaurants jusqu’au 15 décembre.
Même si, dans un remarquable exercice de funambulisme oratoire, le Premier ministre, (DP), a soigneusement évité de le dire tel quel, «le projet de loi se concentre sur des secteurs où on se réunit et où on ne porte pas de masque. Nous savons que porter le masque et la distance de deux mètres sont des gestes barrières qui fonctionnent. Là où ce n’est pas possible de limiter les interactions entre les gens, nous sommes d’avis qu’il faut limiter les contacts. Cela concerne l’horeca, car on ne peut pas prendre un verre ou manger avec un masque.»
«Un coup dur»
Autre indice que la fermeture des établissements sera prônée: le Premier ministre a souligné par la suite que «le take-away pourra continuer à fonctionner». Le reste, donc la consommation sur place, étant donc à l’arrêt. a témoigné à chaud le secrétaire général de l’Horesca, Xavier Bettel a tout de suite précisé que des aides seraient adoptées pour soutenir le secteur, notamment la prise en charge des charges d’exploitation à 100% en cas de fermeture administrative.
De plus, les familles ne pourraient plus accueillir que deux autres personnes sous leur toit, celles-ci faisant partie d’un même ménage. Le but, , est «de faire baisser les contacts sociaux là où porter le masque n’est pas possible tout le temps».
Les théâtres, les concerts, les activités culturelles seraient aussi concernés, de même que le sport organisé. Avec une exception pour les musées, les galeries ou la bibliothèque nationale – pour les lieux où, «comme dans les commerces, les gens circulent et ne restent pas à une même place», a précisé Xavier Bettel.
Seuil trop élevé
Un projet de loi a été approuvé en conseil de gouvernement ce mardi matin. La commission de la santé et le Conseil d’État pourront ainsi commencer à travailler dessus. Et le texte ne sera soumis au vote de la Chambre que lundi ou mardi prochain, si les chiffres ne baissent pas. Car si, avec les mesures prises, le Luxembourg est parvenu à contenir l’épidémie, le seuil atteint reste trop élevé pour le moment, selon Xavier Bettel. Un constat sur lequel s’accordent
La ministre de la Santé, (LSAP), a mentionné le chiffre de 500 cas par jour en moyenne à atteindre d’ici lundi prochain pour éviter ce qu’il faut bien considérer comme un nouveau reconfinement partiel. Dimanche, la moyenne mobile sur 7 jours était de 573 cas par jour. Pour rappel, ce chiffre était de 590 une semaine avant, le dimanche 8 novembre. Il faudra donc une diminution bien plus forte que celle enregistrée jusque-là pour espérer un maintien du statu quo. Un objectif qui reste possible à atteindre, selon la ministre de la Santé.
Éviter la surcharge des hôpitaux
In fine, l’objectif reste, comme depuis le début de la pandémie, d’éviter une surcharge des hôpitaux. Actuellement, environ la moitié des capacités en soins intensifs sont utilisées, pour deux tiers en soins normaux. Ce qui est un bon résultat, comparé aux pays voisins comme la France ou la Belgique, assure Paulette Lenert, la répercussion sur la prise en charge des patients hors-Covid étant faible.
«Nous ne sommes pas au-dessus des limites», a précisé Xavier Bettel. «Mais la situation est très délicate car nous avons peu de marge. Or, nous avons besoin d’une marge de manœuvre suffisante pour avoir de la prévisibilité.»
Retrouver de la marge est donc le mot d’ordre pour ne pas prendre le risque de surcharger les hôpitaux. «Avec autant de nouvelles contaminations, le risque de perdre le contrôle de l’épidémie est très élevé», s’inquiète Paulette Lenert. «Si cela continue ainsi, alors les hôpitaux seront surchargés, et toutes les catégories d’âge se trouveront confrontées au même problème, que ce soit pour des soins Covid ou hors-Covid.»
Une semaine pour évaluer
Le gouvernement se laisse donc une semaine pour étudier l’évolution de la situation et en tirer des conclusions. «Dès que nous connaîtrons les perspectives, alors nous saurons pour les hôpitaux», a ainsi déclaré la ministre. Avec l’espoir ténu qu’une baisse suffisante des nouveaux cas ait lieu d’ici à lundi. Dans ce cas, une version allégée du texte serait adoptée, avec une prolongation des mesures actuelles, dont le couvre-feu.
D’ici là, le doute subsistera. Avec l’inquiétude qui va avec. «Même si nous nous lassons, le virus ne se lasse pas, lui», a rappelé Paulette Lenert pour inviter à la résilience.