La crise du coronavirus a plus d’un impact pour les acteurs privés et publics. Y compris au niveau de leur transformation digitale. Suite aux événements, la croissance du digital devrait connaître un second souffle grâce à des outils permettant une meilleure résilience et efficacité économique.

À quoi ressemblera l’activité des entreprises après la crise liée au coronavirus? Impossible de le dire avec certitude. Ce qui est sûr, c’est que cette crise aura un impact sur la croissance du digital. «Ce qui est en train de nous arriver va fortement impacter les tendances autour du digital une fois que tout cela sera terminé. Un sujet fondamental est le ‘digital office’, c’est-à-dire la volonté ou la capacité à pouvoir opérer un business de façon virtuelle en ayant une bonne partie des données sur le cloud et en automatisant et digitalisant ses processus, d’opération ou liés à l’expérience client, afin de les rendre opérationnels à distance», explique Brice Lecoustey, Partner et Digital Leader chez EY Luxembourg. Pour des raisons d’optimisation économique ou afin de mieux gérer les risques liés à une prochaine crise, les entreprises sont en effet amenées à mettre en place des processus résilients et opérables à distance.

Devenir digital

L’utilisation du digital par ces entreprises est amenée à évoluer considérablement. «Que ce soit pour des raisons de retour sur investissement ou de ‘risk management’, la digitalisation va s’accélérer. Jusqu’à présent, celle-ci était une manière de créer de nouveaux business models, des activités alternatives, de nouvelles expériences clients ou des ‘proofs of concept’. Elle sera également un moyen de mieux gérer les risques et se doter d’une capacité de résilience.» Le calcul économique en termes de retour sur investissement joue en effet un rôle crucial. «Avant, on hésitait à aller vers la digitalisation pour des raisons humaines. Pour des raisons économiques, tout le monde va être sous pression et le calcul économique va devenir important.»

Beaucoup faisaient du digital, mais depuis un mois, tout le monde est devenu digital.
Brice Lecoustey

Brice LecousteyAdvisory PartnerEY Luxembourg

La digitalisation devrait dès lors figurer dans le top 3 des dirigeants. «Il y a 9-10 mois, on essayait de convaincre les entreprises de faire de la digitalisation. Parler d’arguments de meilleure gestion des risques ou de créer une capacité de résilience et redondance des process était marginal dans la conversation. Maintenant, ça va devenir fondamental.» Les bénéfices perçus du télétravail, comme une meilleure productivité, jouent également en faveur des solutions digitales. «Celles-ci vont revenir avec insistance, au fur et à mesure que les entreprises auront récupéré des capacités d’investissement. Beaucoup faisaient du digital, mais depuis un mois, tout le monde est devenu digital.»

De nouvelles tendances

Différents outils vont permettre aux acteurs de devenir digital. «Une forte tendance concerne la création d’un ‘digital office hub’ pour des raisons d’optimisation économique, de linéarisation des processus et une meilleure définition de ces derniers. Cela permettra de pouvoir opérer ces processus dans différentes configurations pour faire face à d’autres problématiques comme celle-ci.» Si cette tendance concerne tout le monde, une variable fondamentale reste le budget que les entreprises pourront y consacrer suite aux impacts de la crise.

L’«intelligent automation», ou robotisation des process, figure également parmi ces grandes tendances. «Cela va revenir au goût du jour parce que les entreprises vont chercher à avoir des solutions plus flexibles et au meilleur coût. Ces technologies permettent de gagner en efficacité. Je pense donc qu’il y aura un renouveau de cette robotisation car on va vouloir obtenir des gains de productivité pour faire face aux contraintes de coût.» Ce sujet, qui n’était pas le centre d’intérêt majeur pour les entreprises ces derniers mois, devrait lui aussi connaître un second souffle.

Nous allons voir de plus en plus de start-up cherchant à créer de nouvelles solutions autour des objets connectés généralement supportés par l’intelligence artificielle.
Brice Lecoustey

Brice LecousteyAdvisory PartnerEY Luxembourg

Enfin, les objets connectés (IOT), parfois complétés par le «machine learning», font partie des outils digitaux amenés à se développer. «Nous allons voir de plus en plus de start-up cherchant à créer de nouvelles solutions autour des objets connectés généralement supportés par l’intelligence artificielle. Ces solutions vont permettre d’utiliser ces objets connectés pour créer de nouvelles applications afin de gérer les ‘supply chains’, la logistique ou les processus de vente et automatiser davantage.» Ces outils ne remplaceront pas l’homme, mais déplaceront son rôle dans la chaîne de valeur pour avoir une meilleure maîtrise des flux et processus logistiques.

Une remise à niveau

Selon Brice Lecoustey, cette crise aura pour effet une remise à niveau de tous sur ces technologies de première génération et, par conséquent, une accélération de la transformation digitale. «La crise va nous permettre d’absorber la première révolution digitale (connectivité, disponibilité des données dans le cloud, robotisation, etc.). Les outils de 2e génération plus complexes, comme la blockchain, prendront finalement encore du temps puisque les investissements vont être focalisés sur la mise à niveau digitale des entreprises.»