Avec six banques déjà clientes, LuxHub peut nourrir des ambitions européennes. À condition d’aller vite, d’où la communication, ce mardi matin, du CEO de LuxHub, Claude Meurisse. (Photo: Romain Gamba/Archives)

Avec six banques déjà clientes, LuxHub peut nourrir des ambitions européennes. À condition d’aller vite, d’où la communication, ce mardi matin, du CEO de LuxHub, Claude Meurisse. (Photo: Romain Gamba/Archives)

Finies les fautes de frappe, les dizaines de millions d’euros par an en remboursements et litiges pour les banques ou les 300 millions d’euros de fraude: avec les deux services que LuxHub annonce lancer ce mardi 8 avril, avec sept mois d’avance et auxquels six banques ont souscrit au Luxembourg, les virements devraient devenir plus sûrs.

(Article modifié ce mardi matin avec les noms des deux autres banques)

«Nous sommes fiers d’accueillir ces grandes banques, qui représentent une part très importante des comptes bancaires au Luxembourg, sur notre plateforme de vérification du bénéficiaire», commente le CEO de LuxHub, Claude Meurisse, dans un communiqué. «Cela renforce naturellement les effets de réseau et de mutualisation, et consolide la solidité de notre solution. Parallèlement, nous poursuivons nos efforts pour convaincre d’autres acteurs clés de nous rejoindre, avec pour objectif global de proposer une plateforme robuste et performante, garantissant des virements sécurisés et vérifiés, tant pour les utilisateurs finaux que pour les prestataires de services de paiement eux-mêmes.»

Qui sont les six premières banques à avoir souscrit à la solution?

Contactée, LuxHub répond qu’elle est soumise à des obligations contractuelles de confidentialité et qu’elle ne peut donc pas répondre à cette question. On peut tout au plus supposer que les quatre établissements qui ont fondé LuxHub ont souscrit à cette solution, soit Spuerkeess, BGL BNP Paribas, Post Luxembourg et Banque Raiffeisen. Plus la Banque internationale de Luxembourg et la Banque de Luxembourg.

Qu’est-ce que la «Verification of Payee» (Vop)?

La «Verification of payee» est une nouvelle exigence réglementaire européenne issue de l’Instant Payments Regulation (IPR). Elle impose aux prestataires de services de paiement (PSPs) de vérifier que le nom et l’Iban du bénéficiaire correspondent bien avant d’autoriser un virement Sepa, qu’il soit instantané ou non.

Pourquoi cette obligation est-elle introduite?

Elle vise à réduire les erreurs de virement et à lutter contre les fraudes, notamment les escroqueries par usurpation d’identité, où un fraudeur incite un utilisateur à effectuer un virement vers un compte tiers sous un faux nom.

Ces erreurs représentent des dizaines de millions d’euros par an en remboursements et litiges pour les banques. Aujourd’hui, l’Iban prime sur le nom dans le traitement des virements Sepa: même si le nom ne correspond pas, le virement passe…  D’un autre côté, selon Europol, la fraude au virement (notamment via usurpation d’identité ou fraude au faux fournisseur) est l’une des techniques les plus rentables pour les cybercriminels. L’European Payments Council (EPC) estime que les fraudes liées à l’usurpation de destinataire représentent plus de 300 millions d’euros de pertes par an en Europe, rien que pour les paiements Sepa. Les arnaques les plus courantes sont les faux emails de fournisseurs demandant de changer d’Iban (arnaque au président/BEC scam), les fausses interfaces de paiement ou les créations de comptes avec des noms très proches de ceux de vrais destinataires.

Quand cette obligation entre-t-elle en vigueur?

La date butoir est fixée au 9 octobre 2025. D’ici là, les banques doivent mettre en place un système permettant la vérification systématique et immédiate du bénéficiaire, avant la validation du virement par le client.

Quel est le rôle de LuxHub dans ce contexte?

LuxHub, une fintech luxembourgeoise spécialisée dans la mutualisation et la conformité réglementaire, a été choisie par six grandes banques luxembourgeoises comme fournisseur de solution Vop. Sa plateforme permet de centraliser les vérifications entre banques de manière sécurisée, rapide et conforme aux exigences européennes.

Quels services propose la plateforme de LuxHub?

Elle repose sur deux volets:

– Vop Service Provision: permet à une banque recevant un virement de fournir une confirmation instantanée de la correspondance nom-Iban.

Vop Unified Access: permet à la banque émettrice d’interroger les banques bénéficiaires via un point d’accès unique. LuxHub agit ainsi comme un RVM (Routing and Verification Mechanism), c’est-à-dire un mécanisme d’aiguillage et de vérification entre les PSPs.

Quels sont les avantages pour les banques?

— Gain de temps: grâce à une solution déjà prête, interopérable et mutualisée.

— Conformité garantie: la plateforme respecte les normes du VOP Scheme défini par le Conseil européen des paiements (EPC).

— Effet réseau: plus il y a de banques connectées, plus la solution est efficace pour tous.

Et pour les clients, qu’est-ce que ça change?

Le parcours de paiement restera fluide, mais plus sécurisé: lorsqu’un client initiera un virement, la banque vérifiera en arrière-plan que le nom et l’Iban correspondent. Si une anomalie est détectée, le client recevra une alerte ou un message d’erreur avant la validation. Cela s’appliquera à tous les canaux de paiement: appli mobile, site web, interface entreprise, etc.

Pourquoi une solution mutualisée est-elle stratégique pour le Luxembourg?

Avec Luxhub comme point d’interconnexion, les banques luxembourgeoises:

— parlent d’une seule voix à l’échelle européenne,

— réduisent les coûts de mise en conformité,

— et garantissent une expérience utilisateur harmonisée pour la majorité des comptes au Grand-Duché.

Quelle est la suite pour les PSPs?

Les prestataires de services de paiement doivent désormais: finaliser leur choix de solution (si ce n’est pas encore fait), entamer les chantiers techniques, juridiques et organisationnels, informer leurs clients et tester le nouveau flux de paiement.

Le compte à rebours est lancé: moins de sept mois pour être prêts.

Est-ce que LuxHub pourrait jouer un rôle central en Europe?

Oui, et c’est peut-être aussi le sens de ce communiqué, en pleines vacances de Pâques, sept mois avant la date fatidique. Le Conseil européen des paiements devrait avoir, à terme, une plateforme européenne unique. Mais d’ici là, les différentes solutions, la plupart du temps nationales, seront déjà interconnectées. Il en existe quelques-unes en Europe comme celle de SurePay aux Pays-Bas ou d’Isabel Group ou de Itsme en Belgique.